Un faible argument (catholique ?) en faveur de Trump - France Catholique
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Un faible argument (catholique ?) en faveur de Trump

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Otto von Bismarck, dit-on, nous a fourni cette célèbre observation : « La politique est l’art du possible, ce qu’on peut atteindre – l’art du mieux le plus proche » C’est une autre façon de suggérer qu’en politique ce qu’on appelle perfection n’existe pas, et c’est une sacrée bonne chose à se rappeler.

Mais nous l’avons oublié, ce qui peut consoler Donald Trump qui, mardi, peut bien avoir assuré sa nomination de candidat à la présidence du GOP [Grand Old Party, Le Grand Vieux Parti = Parti républicain. NDT] (Hillary Clinton bien sûr a fait la même chose du côté démocrate) et qui – bien que qualifié par les simples normes de la Constitution – est à peu près aussi capable d’assumer le fardeau de la présidence que l’est Paris Hilton, autre célébrité.

Comme William F.Buckley l’a écrit un jour :

Si Donald Trump était constitué un peu différemment, il pourrait concourir pour Miss America. Mais quels que soient ses abîmes d’autosatisfaction, le démagogue a quelque chose à dire. Et alors que dit Trump ? Qu’il est un hommes d’affaires qui réussit et que c’est ce dont l’Amérique a besoin au Bureau Ovale.

Plus loin dans cet essai (originellement dans Cigar Aficionado), Bill a observé : « Il y a des moments de profonde tristesse au moment des primaires. » Oui, sûrement, le Donald nous y a conduit en 2016. Oui, certainement, je suis triste. Et diable, même si les jeux ne sont pas faits (et Dieu peut encore avoir pitié de nous), je suis inconsolablement pessimiste.
Bien sûr, c’est mettre de côté mon espérance chrétienne native, ne pensant qu’au prochain avenir de notre nation bien aimée. J’ai espéré que nous reviendrions à un leader plus conservateur en 2017.

En 2000, dans une lettre de Noël que j’ai envoyée à des amis, je disais en plaisantant : « Bien qu’habituellement je vote pour le candidat conservateur aux élections présidentielles, cette année j’ai opté pour Bush. » Je crois vraiment que le seul POTUS [« President Of The United States »] conservateur que nous ayons eu depuis la nuit des temps, c’est Ronald Reagan. Rien à dire sur Ike bien sûr et nous pouvions faire pire que cet autre Harry Truman. Mais pour la politique présidentielle nous n’avons eu personne depuis Reagan capable d’élever la valeur politique du label « conservateur ».

Maintenant les soutiens de Trump sont sûrement des conservateurs, en un certain sens. (Bien que, comme je le sais depuis des années que j’étudie les réalités, très peu de gens s’identifiant comme «  conservateurs » sachent réellement grand chose sur le conservatisme ou puissent décrire un programme conservateur.) Parce que j’ai été rédacteur en chef de la National Review, beaucoup de gens sont fiers de me dire que nous partageons un système de croyances. On me dit aussi souvent : « Bien sûr, je peux effectivement être plus conservateur que vous, parce que je suis légèrement à droite d’Attila. » Violer, piller, et brûler ? Ce n’est pas du conservatisme, même si cela peut être du trumpisme, en ceci que le « conservatisme » trumpien est la manifestation d’une soif qu’il n’est pas difficile de comprendre, mais qui ne peut être étanchée par Trump.

Sûrement les gens sont mécontents, mais Trumpelstilzchen [d’après le nain Rumpelstilzchen des contes de Grimm. NDT], comme je me suis mis à l’appeler dans les media sociaux, n’est pas la bonne réponse – surtout depuis que la plupart de ses furieuses promesses comme de construire un mur -frontière et de le faire payer par le Mexique, sont d’absolus non-sens. Le précédent président du Mexique Vincente Fox a récemment choqué un journaliste de la TV quand il a dit que sa nation n’allait pas payer pour ce f…u mur » et il ne disait pas cela pour plaisanter. Le Señor Fox a ausi évoqué le pape François et notre propre USCCB [United States Conference of Catholic Bishops] : « Il n’y a que ceux qui ont peur qui construisent des murs. »

Et pourtant non. Pour paraphraser le voisin de Robert Frost , « de bonnes clôtures font de bons voisins », et il n’y a rien de non-chrétien (si je peux me répéter pour le nième fois) dans un visa acquis régulièrement. Mais Trump s’arrange pour tourner le sens commun en non-sens.

Il me rappelle Chauncey Gardlner, le monsieur Tout-le-Monde de Being There (1971) de Jerzy Kosiński – un naïf ( vraiment un jardinier illettré nommé Chance) qui s’arrange (sans en avoir l’intention) pour devenir un candidat à l’élection présidentielle en prononçant des phrases mielleuses qu’il a entendues à la télévision et sur lesquelles les auditeurs projettent des significations importantes.

Je ne suis pas en train de suggérer que Trump est aussi plat que Gardlner, simplement que ceux qui le soutiennent répondent à sa colère manifeste (c’est aussi vrai pour les fans de l’excitable Bernie Sanders), qui semble être la Grande Motivation dans la politique du moment. Et il y a quantité de motifs de colère.

Ma femme et moi étions sortis nous promener l’autre jour, parlant de tout cela. Elle ne partage pas mes vues sur tous les points, mais ayant eu le plaisir de connaître et d’aimer Bill Buckley et plusieurs autres « conservateurs de mouvement », elle sait que nous n’adhérons pas aux appréciations diabolisées lues habituellement dans les media dominants. Elle ne peut pas supporter Trumpelstilzchen.

Aussi je décidai de la lancer sur l’argument catholique conservateur qu’on formule pour le soutenir : étant donné que les Républicains du Sénat continuent à n’approuver aucune nomination à la Cour Suprême proposée par le Président Obama, et étant donné que les majorités GOP dans les deux Chambres restent en place en 2017, un président Trump peut très bien être en mesure de nommer trois nouveaux juges à la Cour Suprême – nominations qui pourraient être meilleures que celles pour lesquelles Hillary Clinton pourrait opter.

«Et tu te fierais à lui là-dessus ? »

J’ai réfléchi un moment… Et je continue à réfléchir.

Mais de toute façon ce n’est pas un sujet de discussion parce que Trump ne battra pas Clinton.

Comprenez ce que cela veut dire : même si HRC [Hillary Rodham Clinton] est présidente pour un seul mandat et, disons, si le catholique Marco Rubio – plus mûr en 2010 – devient notre 46e président, la balance philosophique de la Cour Suprême est susceptible d’être de 6 libéraux et 3 conservateurs, avec une moyenne d’âge des libéraux d’environ 55 ans, et personne au-dessus de 66.

Ce sont des chiffres hypothétiques, mais vous voyez la chose : deux décennies encore avec encore davantage d’arrêts du genre Roe [sur l’avortement. NDT] ou Oberegfell [sur le mariage homosexuel. NDT]. Tout gauchiste avec un avocat va susciter des procès pour profiter d’une Cour qui veut démolir la Constitution à la recherche d’un novus ordo seclorum encore plus sinistre.

Quand Charles Thomson, le latiniste secrétaire du Continental Congress (1774), suggéra cette devise pour le Grand Sceau de la nouvelle nation, il voulait proclamer une nouvelle génération dans le monde, mais pas un ordre séculier dans le sens de « non religieux » ou mondial, mais c’est là où il semble que nous sommes dirigés maintenant, à moins d’un jeu de jambes réussi des Républicains et d’une effusion de grâce divine.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/03/03/a-weak-catholic-case-for-trump/

Tableau : Bismarck par Franz von Lenbach, 1890.