Un christianisme de gauche problématique - France Catholique
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Un christianisme de gauche problématique

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Nos lecteurs sont témoins de notre intérêt à l’égard de notre confrère Témoignage Chrétien, eu égard au rôle qu’il a joué dans l’histoire du catholicisme français. Y a-t-il encore une vocation possible pour une publication qui se veut ancrée à gauche et fidèle à son identité chrétienne ? Tout dépend de ce qu’on entend par là ! Que signifie aujourd’hui la gauche, quelle est sa philosophie propre, quelles sont ses valeurs revendiquées ? Jean-Marc Ayrault, qui fut engagé autrefois au sein du Mouvement rural de la jeunesse chrétienne, esquisse une réponse dans un entretien à TC : « Je suis un socialiste de l’Ouest. Je sais combien a été importante la synthèse entre la gauche laïque et les chrétiens de gauche. Ce socialisme de l’Ouest est sans doute celui qui a le plus renouvelé le socialisme d’aujourd’hui. Je ne dis pas que les valeurs chrétiennes et les valeurs socialistes sont les mêmes mais elles ont des points communs : l’idéal de justice, de fraternité, de partage. » Mais ce rappel résonne aujourd’hui étrangement, dans la mesure où il évoque un passé révolu et une analyse obsolète. D’ailleurs le Premier ministre le reconnaît implicitement en évoquant le souvenir de Pierre Mauroy qui avait cautionné, en son temps, l’accueil de militants issus du mouvement social-chrétien.

Nous nous sommes longuement expliqués là-dessus au moment de la publication d’un ouvrage important sur le destin du christianisme de gauche, dont les auteurs reconnaissaient qu’il était en voie de disparition (FC nos 3327 et 3328). N’est-ce pas d’ailleurs tout le problème de Témoignage Chrétien qui peine à renouer avec le faste du journal issu de la résistance chrétienne ? Les combats anciens ne sauraient être réanimés, ils sont d’une autre époque. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de possibilité de renaissance dans la fidélité vivante et créatrice à une certaine inspiration. Celle qu’un Emmanuel Mounier recherchait dans l’héritage intellectuel et spirituel de Charles Péguy. Mais qui, aujourd’hui à gauche, pourrait se réclamer de Péguy, dont la pensée porte précisément condamnation de la dérive de toute une culture de plus en plus étrangère aux convictions anthropologiques qui fondaient tout l’engagement du directeur des Cahiers de la quinzaine ? Comment ne pas considérer avec étonnement, et même colère, la volonté de la nouvelle direction de TC de se reconnaître dans les réformes sociétales du pouvoir ? Et ce n’est sûrement pas le tour de passe-passe qui consiste à se réclamer du grand tournant du pape François en ignorant superbement ses exigences, qui pourra sortir nos chrétiens de gauche des équivoques où ils risquent de s’embourber.