Un silence de mort continue à peser en cette année 2013 sur le génocide qui a frappé la paysannerie d’Ukraine en 1932-33, faisant de 8 à 10 millions de victimes sur ordre de Staline. Le dictateur du Kremlin a organisé cette année-là dans le « grenier à blé de l’Europe » une véritable « famine artificielle », que les Ukrainiens désignent par le mot « Holodomor », et qu’ils tentent encore aujourd’hui de rappeler.
Mais l’Occident est soit aveuglé, soit lâche au point de se taire pour ne pas offenser un nationalisme russe postsoviétique manipulé par Vladimir Poutine. A cette époque, le politicien français radical-socialiste Edouard Herriot avait déjà nié ce génocide, après un voyage organisé pour lui sur un itinéraire soigneusement balisé en Ukraine, où les séides de Moscou avaient gavé son estomac et flatté son ego. Il est vrai qu’à part un anticléricalisme féroce, Herriot ne manifesta guère de réelle énergie, ni face au communisme, ni face à l’occupant nazi dans la France de 1940 à 44…
Mais aujourd’hui, malgré les travaux d’historiens français, anglais et italiens, les politiciens français continuent à se taire. Leur silence de plomb n’est pour beaucoup d’entre eux qu’une lâcheté parmi bien d’autres. Elle reste cependant une démission de trop dans une grande mare nauséabonde d’ignorance véritable ou consentie qui recouvre le souvenir de millions de cadavres, victimes de la folie humaine.
