Signe des temps - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Signe des temps

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Notre-Dame en flammes. Rien n’arrive qu’avec la permission de Dieu. Incendie accidentel ? Incendie providentiel. Les événements sont providentiels. L’histoire est providentielle. Bossuet bien sûr, mais tout aussi bien Pascal.

Mais à ce degré-là et dans la conjoncture présente, ce n’est plus un signe des temps, c’est un Signe. Peut-être Le Signe. Paris, phare du monde après Athènes et Rome. Le cœur de Paris. Notre-Dame, kilomètre zéro de toutes les routes de France – et du monde. Au premier jour de la Semaine sainte. Quel œil serait assez étoupé pour ne pas voir ? L’aveuglement surnaturel – mystérieusement voulu par Dieu – ne saurait tenir : Notre-Dame en flammes crève les yeux.

C’est un Signe. C’est le Signe. De quoi ? Il faut en effet savoir lire les signes des temps. « Le visage du ciel, vous savez l’interpréter, et pour les signes des temps vous n’en êtes pas capables ! Génération mauvaise et adultère ! » (Mt, 16). Est-ce difficile ? L’état de Notre-Dame au matin du mardi saint, c’est l’état de l’Église en France et, la France étant par droit d’aînesse emblème de catholicité, de l’état de l’Église dans le monde, orbi, en passant par Rome, urbi, et en s’y attardant.

Reste le bâti du prestigieux vaisseau, la nef, avec les rames des arcs-boutants. Restent les façades. L’intérieur est cramé. Benoît XVI vient de dire l’origine de l’incendie : subjectivisme et relativisme, produits de Mai 68. Tout est permis : bien et mal, question d’interprétation. La foi ? Qu’est-ce que la foi ? Ne parlons pas de dogmes.

Le Président Macron : « Cette cathédrale, nous la rebâtirons. » Mgr Aupetit (à J-J. Bourdin) : « Oui, le bâtiment. Mais surtout l’Église. » Voilà la lecture du Signe. Rebâtir Notre-Dame, cela veut dire rebâtir l’Institution. Quel signe plus clair ? Il a déjà été donné ! Mais on l’oublie. C’est François d’Assise qui soutient la basilique Saint-Jean-de-Latran, prête à s’effondrer.

Autre lecture annexe, et tout aussi limpide. Un tel événement montre à quel point, grattée la surface urticante de la laïcité politicienne, et le vernis du pluralisme, métissage et tout ce qu’on peut mettre après le préfixe multi-, on revient au vrai. Ce dont on ne veut pas convenir en public, dans les media, on l’avoue, on le vit, jusqu’aux larmes, quand Notre-Dame brûle. Tous, de tous bords, le disent avec leurs mots : « Mais oui ! Notre-Dame, c’est Notre-Dame de France, c’est notre passé, c’est notre héritage, c’est ce qui nous a fait, c’est ce que nous sommes. » Ce bel aveu perdra de sa ferveur. La chicane reviendra. Mais de l’incendie restera cette vérité brûlante.

Quant à l’Église des hommes, l’Institution, si douloureusement blessée, puisse-t-elle retrouver son âme à la lecture du Signe. C’est à elle d’abord qu’il est donné.