Etre satisfait de Dieu - France Catholique
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Etre satisfait de Dieu

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L’avantage avec vos amis plus jeunes qui s’intéressent à n’importe quel sujet, c’est qu’ils vous envoient des liens aussi inattendus, comme l’est ville de Los Gatos pour les californiens, et sur lesquelles vous ne seriez probablement jamais tombés. Ils s’avèrent que ces choses sont intéressantes. Jordan Teti est un jeune nouvel avocat à Sacramento, toujours en Californie. Une fois, alors que j’étais étudiant à Harvard, il m’a demandé de donner un cours aux jeunes chrétiens de cette université prestigieuse. Notre interview, publiée dans leur journal, Ichtus, était intitulé : « Quitter l’université. » A en juger par le titre, à ce moment-là, Schall devait s’inquiéter des étudiants « princiers » qui pensaient sûrement que la vie universitaire et la fin de l’existence humaine n’étaient qu’une seule et même chose.

Teti a trouvé une nouvelle collection des sermons du temps de Carême de l’évêque français Jacques-Bénigne Bossuet. De façon assez inattendue, Mme Swetchine, une amie de M. de Tocqueville, avait choisi le passage suivant d’un de ses sermons :

Seigneur, je ne sais si tu es satisfait de moi. Je reconnais qu’il y a de nombreuses raisons pourquoi tu ne le serais pas ; mais, pour Ta gloire, je dois avouer que je suis satisfait de Toi, parfaitement satisfait. Peu T’importe si je suis satisfait ou non. Mais, après tout, celui-ci est le plus grand témoignage qu’on le peut Te rendre. En disant que je suis satisfait de toi revient à dire que Tu es mon Dieu, puisque rien d’autre ne pourrait me satisfaire.

Aucun doute, il nous faudrait le reste du Carême pour comprendre réellement et apprécier ce passage qui en dit long. Bossuet mourut en 1704. Ses sermons, surtout donnés à Metz et Paris, sont considérés comme des classiques de la littérature française.

Aucun doute sur le fait qu’on retrouve un petit quelque chose des confessions de St Augustin dans ces mots adressés à Dieu. Le Seigneur est le « Tu » à qui on s’adresse directement. Mais puisque c’est un sermon, il parle à une assemblée. Nous pensons que le Seigneur nous écoute, que le langage soutenu et les vérités perspicaces ne sont pas dignes ou incompatibles avec un discours adressé au divin. Il y a aussi quelque chose de Socrate dans ces mots. Nous ne savons pas si le Seigneur est ou n’est pas « satisfait » de nous, de nos actions ou de nos mots.

On connait nos péchés de manière implicite, qui sont les nombreuses raisons pour lesquelles Dieu peut ne pas être satisfait de nous. Le Seigneur voit la réalité de notre existence. Pourtant Bossuet confesse les fidèles « à Sa gloire », ou mieux, « pour » Sa gloire. La confession est avant tout auprès du Seigneur. La « gloire » est une conséquence de cette possibilité de pardon ouverte à nous tous dans la Rédemption. Comme nous le dit St Augustin, même nos péchés travaillent pour le bien. La réalité revient à se demander comment nous existons avec le souvenir de nos péchés sur nos âmes.

Le Christ nous dit immédiatement que « les péchés peuvent être pardonnés », rien que ça. Néanmoins, ils ne peuvent pas être pardonnés s’ils ne sont pas reconnus. Bossuet utilise les mots « satisfait » et « totalement satisfait » pour lui-même. Ce n’est pas de la vanité. Il n’a fait que ce qu’on lui a demandé de faire. Il y a quelque chose d’incertain, de honteux avec les âmes troublées qui refusent d’accepter la grâce du pardon, comme si le Christ n’avait pas réellement le pouvoir ou la volonté de pardonner au moins « mes » péchés, ils sont uniques.

Néanmoins, à première vue, le Dieu de Bossuet semble doté d’un cœur assez froid et indifférent : « Pour Lui, peu importe si je suis satisfait ou non. » Dieu est entier dans Sa vie intérieure que nous nous repentions, que nous soyons satisfaits ou pas. En effet, Dieu serait satisfait, que le monde existe ou n’existe pas. La création et les évènements du monde ne changent pas Dieu. Si c’était le cas, Il ne serait pas Dieu.

C’est ainsi que Bossuet ajoute paradoxalement que cet « être-satisfait » avec Dieu est vrai pour le grand orateur français, même si Dieu n’est pas satisfait de lui. C’est exactement l’opposé de ce à quoi on pourrait s’attendre. Si Dieu n’était pas « satisfait » de nous, comme c’est probablement le cas, nous ne devrions pas être satisfaits de notre tourmente intérieure.

Pourtant, Bossuet a raison. Cette “satisfaction” de l’avec Dieu est le compliment le plus grand que lui ou toute autre personne puisse faire à Dieu. Cela dit, il reconnait que Dieu est « satisfait » de lui. Dieu accepte son existence. En reconnaissant la satisfaction de Dieu à son égard, il lui rend gloire. Dire qu’une personne est satisfaite de Dieu est une réaffirmation qui soutient que Dieu est son Dieu. Cette réflexion reflète le refrain de l’Ancien Testament qui nous dit que nous sommes le peuple de Dieu et qu’Il est notre Dieu, quoi que nous fassions.

Pour terminer, Bossuet donne une raison à sa propre satisfaction. Rien de moins que Dieu satisfait avec lui. Une fois encore, c’est St Augustin qui nous dit : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Toi. » Il n’y a que Dieu qui peut nous satisfaire. Au final, c’est pour cela que chacun de nous existe. Un grand évêque français a toujours beaucoup à nous apprendre.

Mardi 1er mars 2016

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/03/01/on-being-satisfied-with-god/

Illustration : Jacques-Bénigne Bossuet par Hyacinthe Rigaud, 1697


James V. Schall, S.J., qui a enseigné à l’Université de Georgetown pendant trente-cinq ans, est l’un des écrivains catholiques les plus prolifiques des Etats-Unis. Ses livres les plus récents sont The Mind That Is Catholique/l’Esprit qui est catholique et The Modern Age/l’Age Moderne.


Deuxième traduction (on pourra comparer !)

L’avantage avec vos amis plus jeunes qui s’intéressent à n’importe quel sujet, c’est qu’ils vous envoient des liens aussi inattendus, comme l’est ville de Los Gatos pour les californiens, et sur lesquelles vous ne seriez probablement jamais tombés. Ils s’avèrent que ces choses sont intéressantes. Jordan Teti est un jeune nouvel avocat à Sacramento, toujours en Californie. Une fois, alors que j’étais étudiant à Harvard, il m’a demandé de donner un cours aux jeunes chrétiens de cette université prestigieuse. Notre interview, publiée dans leur journal, Ichtus, était intitulé : « Quitter l’université. » A en juger par le titre, à ce moment-là, Schall devait s’inquiéter des étudiants « princiers » qui pensaient sûrement que la vie universitaire et la fin de l’existence humaine n’étaient qu’une seule et même chose.

Teti a trouvé une nouvelle collection des sermons du temps de Carême de l’évêque français Jacques-Bénigne Bossuet. De façon assez inattendue, Mme Swetchine, une amie de M. de Tocqueville, avait choisi le passage suivant d’un de ses sermons :

Seigneur, je ne sais si tu es satisfait de moi. Je reconnais qu’il y a de nombreuses raisons pourquoi tu ne le serais pas ; mais, pour Ta gloire, je dois avouer que je suis satisfait de Toi, parfaitement satisfait. Peu T’importe si je suis satisfait ou non. Mais, après tout, celui-ci est le plus grand témoignage qu’on le peut Te rendre. En disant que je suis satisfait de toi revient à dire que Tu es mon Dieu, puisque rien d’autre ne pourrait me satisfaire.

Aucun doute, il nous faudrait le reste du Carême pour comprendre réellement et apprécier ce passage qui en dit long. Bossuet mourut en 1704. Ses sermons, surtout donnés à Metz et Paris, sont considérés comme des classiques de la littérature française.

Aucun doute sur le fait qu’on retrouve un petit quelque chose des confessions de St Augustin dans ces mots adressés à Dieu. Le Seigneur est le « Tu » à qui on s’adresse directement. Mais puisque c’est un sermon, il parle à une assemblée. Nous pensons que le Seigneur nous écoute, que le langage soutenu et les vérités perspicaces ne sont pas dignes ou incompatibles avec un discours adressé au divin. Il y a aussi quelque chose de Socrate dans ces mots. Nous ne savons pas si le Seigneur est ou n’est pas « satisfait » de nous, de nos actions ou de nos mots.

On connait nos péchés de manière implicite, qui sont les nombreuses raisons pour lesquelles Dieu peut ne pas être satisfait de nous. Le Seigneur voit la réalité de notre existence. Pourtant Bossuet confesse les fidèles « à Sa gloire », ou mieux, « pour » Sa gloire. La confession est avant tout auprès du Seigneur. La « gloire » est une conséquence de cette possibilité de pardon ouverte à nous tous dans la Rédemption. Comme nous le dit St Augustin, même nos péchés travaillent pour le bien. La réalité revient à se demander comment nous existons avec le souvenir de nos péchés sur nos âmes.

Le Christ nous dit immédiatement que « les péchés peuvent être pardonnés », rien que ça. Néanmoins, ils ne peuvent pas être pardonnés s’ils ne sont pas reconnus. Bossuet utilise les mots « satisfait » et « totalement satisfait » pour lui-même. Ce n’est pas de la vanité. Il n’a fait que ce qu’on lui a demandé de faire. Il y a quelque chose d’incertain, de honteux avec les âmes troublées qui refusent d’accepter la grâce du pardon, comme si le Christ n’avait pas réellement le pouvoir ou la volonté de pardonner au moins « mes » péchés, ils sont uniques.

Néanmoins, à première vue, le Dieu de Bossuet semble doté d’un cœur assez froid et indifférent : « Pour Lui, peu importe si je suis satisfait ou non. » Dieu est entier dans Sa vie intérieure que nous nous repentions, que nous soyons satisfaits ou pas. En effet, Dieu serait satisfait, que le monde existe ou n’existe pas. La création et les évènements du monde ne changent pas Dieu. Si c’était le cas, Il ne serait pas Dieu.

C’est ainsi que Bossuet ajoute paradoxalement que cet « être-satisfait » avec Dieu est vrai pour le grand orateur français, même si Dieu n’est pas satisfait de lui. C’est exactement l’opposé de ce à quoi on pourrait s’attendre. Si Dieu n’était pas « satisfait » de nous, comme c’est probablement le cas, nous ne devrions pas être satisfaits de notre tourmente intérieure.

Pourtant, Bossuet a raison. Cette “satisfaction” de l’avec Dieu est le compliment le plus grand que lui ou toute autre personne puisse faire à Dieu. Cela dit, il reconnait que Dieu est « satisfait » de lui. Dieu accepte son existence. En reconnaissant la satisfaction de Dieu à son égard, il lui rend gloire. Dire qu’une personne est satisfaite de Dieu est une réaffirmation qui soutient que Dieu est son Dieu. Cette réflexion reflète le refrain de l’Ancien Testament qui nous dit que nous sommes le peuple de Dieu et qu’Il est notre Dieu, quoi que nous fassions.

Pour terminer, Bossuet donne une raison à sa propre satisfaction. Rien de moins que Dieu satisfait avec lui. Une fois encore, c’est St Augustin qui nous dit : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Toi. » Il n’y a que Dieu qui peut nous satisfaire. Au final, c’est pour cela que chacun de nous existe. Un grand évêque français a toujours beaucoup à nous apprendre.