Schall dans l'espace intersidéral - France Catholique

Schall dans l’espace intersidéral

Schall dans l’espace intersidéral

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Certains amis, en lisant le titre de cet article, laisseront entendre que Schall n’a jamais été ailleurs que dans l’espace intersidéral – ou au moins dans la lune. Pourtant, le sujet est d’actualité étant donnée la proposition Zuckerberg/Hawking de dépenser cent millions de dollars pour trouver de la vie extra-terrestre. Aucun doute, quelques-uns vont encore soutenir que cet argent serait beaucoup mieux employé pour les pauvres. Je ne pense pas ainsi. La compétence à explorer le cosmos nous a déjà enseigné de nombreuses choses qui rejaillissent sur l’aide aux pauvres.

L’entreprise spatiale ne s’attend pas à y trouver Dieu. Les voyageurs, Le percuteraient-ils, ce qui est peu probable, qu’ils ne Le reconnaîtraient pas. Penser à l’espace, à une vie hors de notre planète, ce n’est pas quelque chose que Zuckerberg et Hawking ont sucé de leur pouce. Les spéculations sur l’espace ont un long passé dans la littérature humaine. Le premier alunissage de l’homme, le 20 juillet 1969, c’est maintenant de l’histoire ancienne. De nombreux voyages lointains inhabités vers des planètes et des astéroïdes ont pris place depuis. Nous n’en avons pas encore prévus hors de notre système solaire. Ça ne nous empêche pas d’y penser.

La trilogie spatiale de C.S. Lewis était également une réflexion théologique sur la relation, devant Dieu, entre l’espace et l’homme. Assez fréquemment, nous tombons sur un débat romanesque ou quasi scientifique quant à savoir si cette planète a été – ou est encore – visitée par d’autres créatures pensantes qui ont calculé comment trouver la vie sur d’autres planètes telles que la nôtre. Ces créatures imaginaires nous rendant visite ont généralement un aspect étrange. D’habitude, ils portent la marque du bien et du mal, principalement du mal, bien que la race d’êtres pensants dans Perelandra de Lewis soit bienveillante, car elle n’a pas fauté comme nos premiers parents. Nous les terriens sommes la cause de la plupart des problèmes. Toutes les races de l’univers n’ayant pas fauté seraient déjà en contact les unes avec les autres.

Qu’est-ce qui explique ce renouveau d’intérêt pour la recherche de vie extra-terrestre ? Pourquoi cela vaut-il la peine de dépenser tant d’argent dans un but si incertain ? On soupçonne, au moins chez quelques scientifiques, une inclination théologique à démontrer que Dieu n’existe pas. Quant à savoir pourquoi trouver de la vie sur une autre planète suggérerait cette conclusion, ce n’est pas très clair. Il semble pourtant qu’il pourrait exister une cause divine commune aux deux types de créatures.

Plusieurs hypothèses appuient la recherche de vie douée de raison dans l’espace. La première est qu’il y existe dans l’univers des milliards de planètes susceptibles d’accueillir une vie de type humanoïde. Au moins quelques-unes de ces races ont réussi à résoudre les problèmes scientifiques du voyage dans l’espace et de la vie sur des planètes étrangères. Puisque nous avons nous-mêmes résolu une bonne partie de ces problèmes, il n’y a pas de raison que d’autres ne puissent être allés plus loin.

Bien plus, ils doivent être aussi curieux que nous de la vie dans d’autres recoins de l’espace. Par conséquent ils nous recherchent par ondes radio, engins spatiaux ou par d’autres moyens. Nous pourrons probablement communiquer avec eux, quand nous les aurons trouvé, en usant du savoir scientifique et des constantes qui leur auront permis de nous atteindre. Une fois que nous les aurons trouvés, en supposant qu’ils ne veulent pas nous piller et que nous ne voulions pas les piller, nous pourrions nous installer autour d’une table et apprendre les uns des autres.

D’aucuns partent du principe que notre Créateur avait prévu que cette rencontre finisse par se produire. Nous pouvons postuler des problèmes tels que : le Christ a-t-il aussi sauvé les créatures de X14 d’Epsilon Canis Majoris, planète récemment découverte ? Mais nous avons déjà le même problème avec les non-baptisés. Il n’y a aucune raison théologique à rejeter la possibilité de la vie dans d’autres systèmes solaires. Mais la théologie peut aussi soutenir que nous sommes la seule espèce pensante de l’univers.

Pour le moment, nous dépendons de faits. Nous n’avons trouvé aucune race de ce type, et aucune ne nous a trouvé, pour autant que nous le sachions. Reste à voir si un investissement de 100 millions de dollars va révéler quoi que ce soit de plus. Je ne vois aucun dommage à essayer, sous réserve que l’information soit vérifiable et qu’il soit possible à tout un chacun d’en examiner la validité. Si mon avis vous intéresse, je serai tout autant heureux, qu’ils trouvent quelque chose ou qu’ils ne trouvent rien. La conclusion, quelle qu’elle soit, si elle est basée sur des faits vérifiables, sera la vérité que nous avons cherché au prix d’efforts de premier plan.

Cependant, un aspect de cette entreprise continue de me fasciner. Ce n’est pas le désir de rencontrer des personnages extra-terrestres qui serait fascinant. Cela produirait les mêmes effets que lorsqu’on se met à fréquenter le type de la porte à côté. C’est plutôt l’existence du savoir par lui-même, le genre de savoir qui permet de pointer avec précision une caméra sur une lune de Saturne. Pourquoi les calculs scientifiques que nous comprenons fonctionnent-ils dans cet univers ?

Il existe une corrélation entre le savoir qui découle de l’univers et la pensée. Pourquoi cela ? Ni l’un ni l’autre ne sont la cause de leur existence même. De vrai, le savoir semble exister avant l’univers lui-même. S’il n’avait pas été là en premier, l’univers n’aurait pas pu exister du tout. Pourquoi cela ? Peut-être que des intelligences extra-terrestres pourraient nous aider à creuser la question plus avant.

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James V. Schall, S.J., qui a été professeur à l’université de Georgetown durant 35 ans, est l’un des écrivains catholiques les plus prolifiques aux USA.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/04/26/schall-in-outer-space/