Réaction du président du CRIF : Jean-Paul II n’a « jamais transigé sur l’antisémitisme » - France Catholique
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Réaction du président du CRIF : Jean-Paul II n’a « jamais transigé sur l’antisémitisme »

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Au moment où le Saint-Siège annonce la béatification de Jean-Paul II pour le 1er mai prochain, le président du Conseil représentatif des Institutions juives de France (CRIF), M. Richard Prasquier, joint au téléphone par France Catholique ce 14 janvier 2011, rend hommage au pape polonais qui n’a « jamais transigé sur l’antisémitisme ». Il rappelle trois images transmises par les caméras du monde entier.

La première est sa rencontre avec Jean-Paul II, en 1999, à Varsovie, sur l’ « Umschlagplatz » où les survivants du ghetto étaient rassemblées par les nazis avant d’être déportées au camp d’extermination de Treblinka. Il a été frappé par le contraste « saisissant » entre la « force spirituelle » et la « fragilité physique » du pape, malade, et par la prière où le pape a évoqué les « frères aînés » juifs (cf. Ci-desous pour le texte de la prière de Jean-Paul II).

La deuxième est ce « geste bouleversant » de cette « personne fragile » qui, selon la coutume, glisse sa prière dans une fissure du Mur occidental de Jérusalem, le 26 mars 2000. C’est un geste « bouleversant pour l’ensemble du monde juif parfois réticent ». Il souligne la « force de cette présence du pape en ces lieux », une personne qui « prend à la gorge ».
Une troisième image, c’est, le 23 mars 2000, « l’étreinte » avec cette survivante de la Shoah, présente lors de sa visite au mémorial de Yad VaShem, à Jérusalem : une femme que le jeune Karol Wojtyla avait portée sur son dos pour la sauver alors qu’elle était malade, à la libération d’un camp nazi de prisonniers.

Le président du CRIF a participé à la cérémonie « inouïe » des funérailles de Jean-Paul II, place Saint-Pierre, le 8 avril 2005. Quinze jours plus tard, il s’est rendu avec le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, à Auschwitz où a péri une partie de sa famille, dont sa mère. A cette occasion, ils se sont rendus dans la ville natale de Jean-Paul II, à Wadowice, distante de 15 ou 20 km : une « proximité stupéfiante » du camp. Il y a rendu hommage à Jean-Paul II au nom du Crif.

Et il souligne l’influence de Jean-Paul II sur lui-même, juif d’origine polonaise : voir son engagement, en tant que Polonais aussi, pour les relations entre juifs et catholiques, lui a permis de penser sa relation à la Pologne de façon « plus apaisée ». Toute sa vie, Jean-Paul II, affirme M. Prasquier, n’a « jamais transigé sur l’antisémitisme : « Des épisodes que l’on m’a racontés me reviennent à l’esprit et ils sont tous remarquables » (cf. L’épisode de son enfance rapporté par le livre « Le vrai Jean-Paul II »).
M. Prasquier se défend de se prononcer sur un processus de béatification. S’il peut s’exprimer, dit-il, c’est au niveau de l’histoire. Mais en tant que « juif d’origine polonaise », il se dit « heureux de voir l’enthousiasme du monde catholique » à la nouvelle de cette prochaine célébration.

Propos recueillis par NB

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Voici le texte de la prière de Jean-Paul II à l’Umschlagplatz de Varsovie. Elle a été citée par le cardinal Jean-Marie Lustiger à Rome pour le 40e anniversaire de la déclaration conciliaire « Nostra Aetate », le 27 octobre 2005 et par Mgr André Vingt-Trois lors de sa visite au Mémorial de la Shoah de Paris, lundi 2 mai 2005. Ce-dernier y lit « une véritable reconnaissance religieuse de la mission du peuple juif ».

« Dieu d’Abraham, Dieu des prophètes, Dieu de Jésus-Christ, en toi, tout est contenu ; vers toi, tout se dirige ; tu es le terme de tout.
Exauce notre prière à l’intention du peuple juif, qu’en raison de ses Pères, Tu continues de chérir. Suscite en lui le désir toujours plus vif de pénétrer profondément ta vérité et ton amour.

Assiste-le pour que, dans ses efforts pour la paix et la justice, il soit soutenu dans sa grande mission de révélation au monde de ta bénédiction.
Qu’il rencontre respect et amour chez ceux qui ne comprennent pas encore ses souffrances, comme ceux qui compatissent aux blessures profondes qui lui ont été infligées, avec le sentiment du respect mutuel des uns envers les autres.

Souviens-toi des générations nouvelles, des jeunes et des enfants : qu’ils persistent dans la fidélité envers toi dans ce qui constitue l’exceptionnel mystère de leur vocation. Inspire-les pour que l’humanité comprenne par leur témoignage que tous les peuples ont une seule origine et une seule fin : Dieu, dont le dessein de Salut s’étend à tous les hommes. Amen ».

Jean-Paul II