QUAND L’ADVERSAIRE ÉVENTUEL NOUS DIT SES POINTS FAIBLES - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

QUAND L’ADVERSAIRE ÉVENTUEL NOUS DIT SES POINTS FAIBLES

Chronique n° 374 parue dans France Catholique-Ecclesia − N° 1901 − 20 mai 1983

Copier le lien
Dans un article très remarquable (a), un M. Pierre Darcourt, qui fleure le pseudonyme, vient de résumer le problème en forme de quadrature du cercle posé par la défense de l’Europe. Que faire contre une armée qui en franchirait la frontière (devinez laquelle) ? La force de frappe française vitrifiera-t-elle l’Allemagne pour la défendre ? « Non », a implicitement répondu M. Mitterrand lors de sa visite au Camp de Canjuers1, non, puisque la portée du missile Hadès sera, va être, ou est, on ne sait pas, de 350 km, au lieu de 250. À 250, le boum est pour l’Allemagne envahie. 350, c’est pour plus loin. Mais qui ? Vitrifierons-nous l’Europe captive ? La Pologne ?2 Que notre survie (si l’on peut dire) se pose en ces termes serre le cœur. Il faut trouver autre chose, et M. « Darcourt », après avoir évoqué une bataille « classique » mais « rénovée » (char-hélicoptère), qualifie cette hypothèse de « vieille recette » ignorante des technologies et des armes nouvelles. Qu’allons-nous faire ? Plus de fusées ? Plus de chars ? Avant d’aller plus avant, je tiens à souligner qu’une fois de plus je vais changer de sujet et m’exposer à la question: « De quoi vous mêlez-vous ? Vous croyez-vous plus malin que les spécialistes ? » Et comme il y a longtemps que je n’ai plus eu l’occasion de répondre à ce doute légitime, je dirai que ma spécialité, c’est de lire les spécialistes, lesquels ont autre chose à faire et ne surveillent que leurs très proches concurrents3. Chaque article publié par la « Physical Review », la plus prestigieuse du monde en la matière, n’est lu que par 2 ou 3% de ses lecteurs en moyenne, a-t-il été calculé au terme d’un sondage. Les plus fameux ratages de ces vingt dernières années sont le théorème de Bell, publié en 1965 et « découvert » une dizaine d’années plus tard4, et les gènes non chromosomiques (extra-nucléaires), eux aussi de 19655, vous connaissez ? Donc, Dieu me garde d’apprendre aux spécialistes sur leur spécialité. Et Dieu entende « M. Darcourt » et ses collègues qui, apparemment, s’arrachent les cheveux de voir que les mêmes erreurs, tragiquement, recommencent. Quelles erreurs ? Celle-ci essentiellement : « Voyons, se disent les augures penchés sur leurs cartes, comment ceux d’en face nous menacent-ils ? Par leurs innombrables fusées et par leurs innombrables chars. Alors, qu’allons-nous faire ? Très simple, d’abord avoir plus de fusées ensuite, sinon plus de chars (hélas, c’est trop cher), du moins essayer d’attaquer ces innombrables chars. » Il parait (c’est M. Darcourt qui le dit, non sans s’arracher les cheveux) que la riposte géniale se ferait par hélicoptères (note de M. Darcourt : « Le nouvel hélicoptère anti-chars américain “Apacheˮ revient à 113 millions de francs l’unité »… (11 milliards d’anciens francs)6. Faut-il être couvert de galons pour penser que si notre sécurité dépend de : 1° plus de fusées nucléaires tirant plus loin ; et 2° assez d’hélicoptères7 coûtant plus de 100 millions l’unité pour empêcher la pénétration des chars, alors il est temps de rejoindre les rangs des « verts » allemands et d’aborder le calicot « plutôt rouge que mort »8 ? Ou de rédiger son testament ? Comment un énorme arsenal devient sabre de bois J’avoue qu’une relecture attentive des grands stratèges du passé, par exemple Napoléon, et des théoriciens les plus intemporels, et par conséquent actuels, comme Clausewitz9, ne m’enseigne nulle part que, pour se défendre d’un ennemi possible, il faut : 1° repérer ses points forts, et 2°, sur ces points forts, être plus fort que lui. Il me faut même avouer qu’ils disent et répètent sans cesse le contraire. Il faut, disent-ils : 1° repérer les points les plus faibles de l’adversaire, surtout les points faibles qu’il est dans l’incapacité de renforcer, et 2°, sur ces points faibles et sur ceux-là seuls (pour y concentrer tous ses efforts) acquérir une supériorité écrasante. Dès lors, s’il bouge, eh bien, on l’écrase par ses points faibles, et tout son énorme arsenal n’est plus qu’un sabre de bois. Considérons maintenant chez l’adversaire potentiel non plus les effroyables armes auxquelles nos peuples épris de paix et peu enclins à se ruiner pour leur armée n’auront jamais rien de comparable à opposer (je dis même les Etats-Unis, car les Etats-Unis sont-ils prêts à enfermer leurs boys dans 30 ou 50 000 chars en face de chars adverses ?). Donc, résistons à la fascination des innombrables chars et fusées adverses, et voyons s’il y a, de l’autre côté, des faiblesses et lesquelles ? Et oui, il y a des faiblesses, énormes et irrémédiables. L’adversaire éventuel est très fort pour tout ce qui exige la grosse industrie sophistiquée (les fusées nucléaires) ; il est très fort, en général pour tout ce qui ne requiert que des compétences élevées, mais non le savoir-faire et le sens du travail de tout un peuple. Cela n’existe qu’en Occident. On dit souvent que si l’adversaire dispose de tant de chars, c’est que rien dans son char ne peut être barboté et emporté à la maison. Peut-être nos augures ne savent- ils pas que la « fauche » et le marché noir sont les deux mamelles de l’adversaire ? Peut-être n’ont-ils jamais lu que toute activité exigeant une chaîne de travail un peu longue et complexe est en état permanent et irrémédiable de léthargie ? Exemple fameux, l’agriculture. Quand les semailles sont réussies et donnent une belle moisson, celle-ci pourrit sur pied ; si la moisson se fait, c’est dans les entrepôts qu’elle pourrit ; et les machines les plus chères, à la première pièce qui casse, sont abandonnées dans la plaine, la pièce commandée arrivant l’année d’après, quand la machine n’est plus qu’un tas de rouille. J’ai lu cela, expliqué en long et large, chez un excellent auteur assez bien renseigné : feu M. Brejnev, dans ses mémorables rapports au Soviet Suprême. Nous sommes bien renseignés, mais restons aveugles Supposons que l’Occident, changeant complètement son fusil d’épaule, conçoive les-armes propres à exploiter ces faiblesses avérées et archi-connues. À quoi ressembleraient-elles, ces armes nouvelles auxquelles l’adversaire ne pourrait rien opposer ? Je n’en sais rien, ce n’est pas mon métier de les imaginer. Mais elles devraient répondre à quelques évidences : 1° elles devraient être bon marché ; 2° elles devraient être innombrables et très variées, fabricables par millions ; 3° elles devraient être un peu compliquées à produire sur des chaînes assez longues, par exemple, comme les jouets, jeux, et casse-tête électroniques dont regorgent nos boutiques spécialisées, où pour 1 000 F vous avez un joueur d’échecs imbattable, sauf par les cracks10. 4° au lieu de jouer aux échecs, ne pourraient-elles, ces armes inexistantes, jetées partout çà et là sur les arrières, repérer à, disons 100 mètres, une source de chaleur (un moteur), une discontinuité magnétique mobile (l’acier d’un char), une certaine définition de bruit, que sais-je encore, et se jeter dessus en explosant ou en produisant 3 000° de chaleur ? Je rêve, c’est de la science-fiction. Laissons faire les spécialistes. Mais que disent-ils tous, les spécialistes survivants, après avoir fait la dernière guerre ? Que les autres spécialistes qui l’avaient préparée et perdue s’étaient, eux, obstinés à préparer la guerre précédente. On en est toujours là, dit ce M. Darcourt, qui semble savoir de quoi il parle. Au lieu de frémir devant la puissance de l’adversaire, peut-être serait-il temps d’étudier un peu les points faibles que lui- même nous expose avec la plus grande honnêteté, tant il a confiance dans notre aveuglement. Aimé MICHEL (a) Pierre Darcourt : « Défense Nationale », Figaro, mercredi 19 janvier 1983, p. 9. Chronique n° 374 parue dans France Catholique-Ecclesia − N° 1901 − 20 mai 1983. Une photo d’un défilé de chars illustre l’article accompagnée de la légende : « Chars soviétiques. On ne peut en ramener des pièces détachées à la maison. » [|Capture_d_e_cran_2014-11-10_a_12-28-10.png|]
Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 20 juillet 2015

 

  1. François Mitterrand accompagné de Charles Hernu, ministre de la Défense, et du général Lacaze, chef d’état-major des armées, visita le camp de Canjuers dans le Var en octobre 1982. Ce camp créé en 1974 et géré par l’Armée de terre est le plus grand camp militaire d’Europe continentale (35 km sur 10). Il dispose de plusieurs champs de tir. De nombreux régiments de France et d’Europe y viennent en manœuvre. Curieusement son installation n’a pas rencontré d’oppositions, contrairement au camp du Larzac pourtant beaucoup plus petit, qui suscita la mobilisation de toute une jeunesse et dont le projet d’extension fut annulé par Mitterrand à son arrivée au pouvoir en 1981.
  2. Le missile Hadès était un missile sol-sol nucléaire tactique lancé à partir d’un camion semi-remorque très mobile. Cet engin léger (1850 kg) à un seul étage (7,5 m de long) et propergol solide, emportait une charge de 80 kilotonnes (kt) ; il pouvait monter à 150 km et avoir une portée de 250 km qui fut accrue jusqu’à 480 km. Des manœuvres pour éviter l’interception étaient possibles en fin de trajectoire ; sa précision aurait été de 5 m. En cas d’invasion des forces du Pacte de Varsovie menées par l’Union soviétique, ce missile était destiné à servir d’ultime avertissement sur le champ de bataille avant l’emploi de missiles balistiques anti-cités. Conçu en 1975 pour remplacer le missile Pluton (1974-1993) d’une portée de 7 à 120 km, il fut construit par l’Aérospatiale à partir de 1984 et ses premiers essais eurent lieu en 1988. Le programme Hadès fut déployé de 1991 à 1996. À l’origine 120 missiles étaient prévus mais, suite aux protestations allemandes après la réunification (en cas d’usage ces missiles seraient tombés sur son sol), leur nombre fut ramené à 15. En 1996, suite à son élection, Jacques Chirac décida la suppression de cette composante de la force de dissuasion nucléaire (ainsi que d’une autre, les missiles stratégiques du plateau d’Albion devenus trop vulnérables en raison de la précision atteinte à l’époque par les missiles soviétiques).
  3. Aimé Michel répond ici à une question que nombre des lecteurs de cette chronique se seront sans doute posés sur son « apparente prétention » « d’apprendre aux spécialistes sur leur spécialité ». Je ne crois pas qu’il ait répondu à cette critique auparavant dans une chronique de France Catholique mais il l’a fait bien longtemps avant, dès ses premières publications. Déjà en 1965, il soulève cette question délicate : « Les lecteurs de Planète ont surtout lu sous ma signature des articles de parapsychologie, écrit-il. Et sans doute un bon nombre d’entre eux auront-ils été agacés par cette apparente prétention à l’ambivalence. Quelle est donc sa spécialité, à celui-là ? Quel est le domaine, s’il existe, où l’on peut faire foi à sa compétence ? » (Les tribulations d’un chercheur parallèle, Planète n° 20, janvier-février 1965, p. 37). Il s’y définit déjà comme « spécialiste de la non spécialité ». C’était le cœur de son activité professionnelle au Service de la Recherche de l’ORTF et sa constante préoccupation. Il s’y adonna avec une énergie et un sérieux qui échappe au regard superficiel car cachée par la dispersion de ses écrits et de ses correspondances et la simplicité de leur style. Cependant le problème posé n’est pas tant celui du statut d’Aimé Michel que celui plus vaste de la spécialisation des connaissances. Il est tout à fait exact que les spécialistes universitaire et autres « ne surveillent que leurs très proches concurrents » : c’est pour eux qu’ils écrivent le plus souvent, quitte à être incompréhensibles aux spécialistes d’autres domaines, et à cause d’eux qu’ils s’interdisent de sortir de leur domaine à la fois par ignorance et par crainte d’y perdre leur légitimité. Les conséquences en sont immenses car le foisonnement des connaissances spécialisées contraste avec le déficit des vastes synthèses. Notre siècle est celui des regards profonds mais étroits qui pointent dans des directions multiples en laissant une impression d’incohérence et de chaos des idées. Une mosaïque de vues spécialisées ne donne pas une vision du monde ; elle tend même au rejet des idées hybrides qui n’émergent que de la confrontation de disciplines qui s’ignorent. Cette confrontation était le terrain de prédiction d’Aimé Michel qui s’efforçait de tenir sous un seul regard la multiplicité des connaissances humaines et qui ne manquait jamais de faire l’éloge des Koestler, Guitton, Tresmontant, Ruyer et autres qui s’y efforçaient également.
  4. Le Théorème de Bell dû au physicien britannique John Bell a été publié en 1964 mais il a fallu attendre une dizaine d’années pour que son importance commence d’être reconnue. Il sert en effet de fondement théorique aux expériences qui ont permis de démontrer expérimentalement que le monde quantique obéit à des lois différentes du monde à notre échelle. Aimé Michel en a été l’un des tout premiers vulgarisateurs, par exemple dans la chronique n° 309, Le mur – Le théorème de Bell et l’attente du futur comme une promesse (26.05.2014). Nous reviendrons prochainement sur ce théorème aujourd’hui célèbre.
  5. Les gènes de tous les êtres vivants ont un point commun : ce sont des acides nucléiques formés par l’assemblage de nucléotides. L’ordre de ces nucléotides fournit l’information nécessaire à la synthèse des protéines, ces briques élémentaires et micromachines qui forment la structure des cellules vivantes et grâce auxquelles elles fonctionnent (voir la chronique n° 258, Le pot au noir de l’ascendance humaine – De l’asymétrie des acides aminés au peuplement de l’Amérique, 11.05.2015). Il existe en effet une correspondance entre les acides aminés des protéines et les triplets nucléotidiques des acides nucléiques, ce qu’on appelle le code génétique. L’ensemble des gènes d’un être vivant forme son génome (il est identique dans toutes les cellules d’un même organisme). Dans les cellules procaryotes, comme les bactéries, le génome n’est pas séparé du cytoplasme. Par contre dans les cellules eucaryotes, qui sont munies d’un noyau, le génome est composé de plusieurs parties avec d’un côté les gènes nucléaires qui sont portés par les chromosomes à l’intérieur du noyau et d’un autre côté les gènes extranucléaires qui sont contenus dans des organites cytoplasmiques, les mitochondries (qui extraient l’énergie du sucre) et les chloroplastes (qui utilisent l’énergie de la lumière pour synthétiser du sucre à partir du dioxyde de carbone). Les premiers indices d’existence d’un génome extranucléaire ont été fournis à la fin des années 1940 par les travaux de Boris Ephrussi sur une culture de levure, à une époque où les mitochondries étaient à peine connues. Mais il a fallu attendre la fin des années 1960 pour que l’existence des gènes mitochondriaux soit pleinement démontrée. L’étude parallèle des gènes mitochondriaux et des gènes chromosomiques chez différentes espèces permet de reconstruire leur « arbre généalogique », c’est-à-dire de préciser comment elles descendent d’un même ancêtre commun et à quelle époque du passé leurs lignées se sont séparées. La semaine dernière on en a vu un exemple qui nous touche de près (mais qui pour le biologiste n’est qu’un exemple parmi d’autres) : celui de notre propre arbre généalogique au cours des 75 derniers millions d’années.
  6. L’AH-64 Apache est un hélicoptère d’attaque tout-temps, capable d’opérer de jour comme de nuit. Le premier prototype conçu par Hughes Aircraft vola en septembre 1975. Sa production de série commença en 1983. Il est toujours construit, actuellement par Boeing, et en service dans une quinzaine de pays. D’une masse à vide d’environ 5 tonnes et jusqu’à 8 tonnes en charge dont 1,4 t de carburant, ses protections diverses (1100 kg de blindage en carbure de bore renforcé de nylon, cockpit tapissé de plaques de kevlar, réservoirs auto-obturants) lui permettent de résister à des impacts. Plus de 1200 exemplaires en ont été construits et ils sont l’objet de modernisations régulières. Son remplacement n’est pas prévu avant les années 2030. Son coût unitaire est de l’ordre de 15 millions de dollars (proche du chiffre avancé par Aimé Michel) mais peut atteindre plus d’une cinquantaine de millions de dollars avec armement et maintenance (selon un contrat de 2003 signé avec la Grèce, http://fr.wikipedia.org/wiki/Boeing_AH-64_Apache, qui pose bien des questions eu égard à la situation économique du pays). L’équivalent franco-allemand est l’hélicoptère Tigre construit par Airbus Helicopters (ex-Eurocopter). Son premier vol date de 1991 et il est entré en service en 2005. Du fait de sa conception récente, il est plus léger et plus économe que l’Apache. Construit à 80 % en kevlar et fibres de carbone, sa masse à vide n’est que de 3 tonnes, environ 6 tonnes en charge dont 1 tonne de carburant. Une centaine de Tigre ont été produits et il est en service en France, Allemagne (où la version utilisée rencontre des problèmes), Australie et Espagne. Le programme initial français visait la production de 215 appareils mais il a été réduit à 120 puis 80. Cela a permis une baisse du coût du programme (de 9 à 6 milliards d’euros) mais a entrainé une hausse du prix unitaire qui passe d’une quarantaine de millions d’euros à plus de 70 !
  7. Le texte imprimé était « hélices », ici corrigé.
  8. « Plutôt rouge que mort » était le cri des pacifistes allemands qui manifestaient contre les euromissiles. Aimé Michel est revenu sur cette longue et importante crise (1979-1987) à la fin de la même année 1983 dans sa chronique n° 382, Après le vote du Bundestag sur les Pershing, même la terreur s’évente. Nous la mettrons en ligne prochainement.
  9. Carl von Clausewitz (1780-1831), général et philosophe prussien, a théorisé la stratégie militaire dans De la guerre qui est une compilation d’écrits épars publiée par son épouse après sa mort. Pour lui, la guerre n’est pas une fin en soi, mais un moyen qui doit se soumettre à sa finalité politique : « La guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique par d’autres moyens. » Elle doit être inscrite dans une vision globale, intégrant les facteurs que Clausewitz appellent moraux (idéologiques, politiques, psychologiques et sociaux) : « La guerre est une lutte qui consiste à sonder les forces morales et physiques au moyen de ces dernières. » L’ascension aux extrêmes est inévitable : « Celui qui ne recule devant aucune effusion de sang prendra l’avantage sur son adversaire si celui-ci ne fait pas de même. (…) Dans une affaire aussi dangereuse que la guerre, les erreurs dues à la bonté d’âme sont précisément la pire des choses (…) Tant que je n’ai pas abattu l’adversaire, je peux craindre qu’il ne m’abatte. »
  10. L’idée sous-jacente, soulignée plus haut, est que l’économie soviétique n’était pas à même de produire de tels objets. Les raisons de ces difficultés économiques et leurs conséquences militaires sont examinées également dans les chroniques n° 104, Software et politique (01.06.2010), n° 270, C’est la « chute finale » – Comment Emmanuel Todd démontra que l’URSS était un pays sous-développé (11.11.2013) et n° 306, Supposez que je sois Brejnev – Vanité de la politique seule et importance de la supériorité technique (16.08.2014).