Les racines juives de l’Eucharistie - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Les racines juives de l’Eucharistie

Si de nombreux juifs ont reconnu le Christ comme le Messie, c’est qu’ils attendaient une nouvelle Pâque, le pain de vie annoncé par l’Ancien Testament.
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Tabernacle en forme d’Arche d’alliance de la chapelle de l’Adoration, église Saint-Roch, Paris Ier.

Tabernacle en forme d’Arche d’alliance de la chapelle de l’Adoration, église Saint-Roch, Paris Ier.

© Mbzt / CC by-sa

Il n’est pas rare que l’on s’étonne de la complexité du culte catholique. L’Eucharistie en particulier ne manque pas de susciter la perplexité. D’où vient cette idée que l’hostie et un peu de vin puissent devenir Jésus-Christ ? Non pas symboliquement, mais réellement ! Car Jésus-Christ est bel et bien présent, substantiellement présent, sous les apparences du pain et du vin. Et d’où vient ce culte du pain lui-même, brandi par le prêtre et adoré dans l’ostensoir ? Plus curieux encore : pourquoi manger Dieu ? N’est-ce pas du cannibalisme ? Et pourquoi ce tabernacle doré où les hosties continuent d’assurer la présence du Christ, signalé par une petite lumière qui ne s’éteint jamais ? N’est-ce pas de l’idolâtrie ?

Certains ont vu dans ces complications de la religion catholique une influence des « religions à mystères » du paganisme. Condamné pour hérésie, l’abbé Loisy (1857-1940), par exemple, n’hésitait pas à convoquer le culte agraire d’Éleusis pour expliquer la formation du dogme eucharistique. « La façon traditionnelle d’entendre le rite de l’eucharistie rappelle de plus près les mystères païens que la conception décolorée du sacrifice dans le judaïsme » (L’Évangile et l’Église, 1902, p. 155).

Prophétisé par le judaïsme ancien

Nous voudrions rappeler à quel point, au contraire, l’Eucharistie a été préfigurée par l’Ancien Testament. à quel point, donc, le centre de la vie de l’Église est un accomplissement prophétisé et comme attendu par le judaïsme ancien. Certes, on peut remonter encore plus haut et rattacher l’eucharistie au sacrifice de pain et de vin qu’offrait le grand prêtre Melchisédek, figure du Sauveur, qui n’était pas juif et qui bénit Abraham (Gn 14, 18). Mais pour répondre à la question de savoir pourquoi des juifs du Ier siècle ont pu adhérer aussi rapidement à l’idée d’une présence réelle de l’éternel dans un morceau de pain, il ne faut sans doute pas aller chercher aussi loin. La réponse est qu’ils attendaient le Messie : ce faisant, ils attendaient une nouvelle Pâque, une nouvelle manne et de nouveaux pains de proposition.

Attendre une nouvelle Pâque, c’était attendre l’accomplissement, la perfection du sacrifice institué par Dieu avant l’Exode (Ex 12). Or, le sacrifice de la Pâque consistait à immoler un agneau sans tache, à en répandre le sang sur le linteau des portes puis à le manger en famille. Les prophètes avaient enseigné pendant des siècles qu’il ne fallait pas s’arrêter à la dimension rituelle et mécanique du sacrifice, mais en comprendre la dimension spirituelle, intérieure.

Avec Jésus, sur le Golgotha, le sacrifice de la Pâque atteint sa perfection puisque le prêtre et la victime sont une seule et même personne, ce qui révèle la signification véritable du sacrifice : non pas un simple rite, mais le don de soi. Quand Jésus dit qu’il a un « grand désir de manger la Pâque » avec ses disciples et qu’il leur offre, en guise d’agneau, son corps et son sang sous la forme du pain et du vin, le message est clair : il y a une continuité entre le sacrifice ancien et le sacrifice nouveau. Il faut donc manger Dieu lui-même, qui est venu se sacrifier à la place de tous les agneaux du monde.

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