Les enseignants en établissements catholiques : des missionnaires évangélisateurs - France Catholique
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Les enseignants en établissements catholiques : des missionnaires évangélisateurs

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La Leçon de catéchisme, de Jules-Alexis Muenier, reproduction.

La Leçon de catéchisme, de Jules-Alexis Muenier, reproduction.

© Arnaud 25/ CC by-sa

Gravés dans la pierre au-dessus des majestueuses portes doubles de l’école Saint Étienne de Hongrie, on lit ces mots : Venite Adoremus Dominum (Venez, adorons le Seigneur).

À première vue, ces mots peuvent sembler incongrus. L’école n’est-elle pas affaire de lettres et chiffres, relief et cartographie, peinture et chant ? Une telle exhortation ne conviendrait-elle pas mieux au-dessus des portes d’une église ?

Pourtant ces mots sont à leur juste place. De fait, ils devraient être au-dessus des portes de tout établissement d’enseignement catholique, car tous ses cours, toutes ses ressources, tout son personnel sont là pour servir un but unique : guider les élèves vers le Ciel où ils adoreront le seigneur pour l’Éternité.

J’ai été dans et à proximité d’écoles catholiques durant quatre décennies, du jardin d’enfants au 3e cycle, comme élève, enseignant, parent d’élève. J’ai visité des écoles catholiques ordinaires, luttant pour survivre, résolument axées sur la mission. De nombreux ingrédients contribuent à faire la réussite d’une école mais d’après mon expérience, il y a une caractéristique qui suscite une école dynamique, attractive et pleine de foi : une armée d’enseignants qui se consacre à enseigner d’une manière qui conduit leurs élèves à adorer le Seigneur.

Durant la Semaine de l’Enseignement Catholique, nous ferions bien de nous recentrer cette année sur les enseignants, ceux qui font – ou défont – l’expérience des enfants dans nos écoles catholiques. Bien sûr il faut prendre en compte l’expérience religieuse des enfants. A ce sujet, il y a une déduction que tout le monde peut faire : si les enseignants n’ont pas une foi solide, ils ne transmettront pas la foi aux enfants.

Un phénomène déconcertant et frustrant se produit dans les écoles diocésaines – c’était le cas quand j’étais élève et c’est toujours le cas maintenant pour mes enfants d’âge scolaire : trop d’écoles embauchent des enseignants pour enseigner en maternelle ou en élémentaire, ou dans une matière spécifique [pour les classes de collège et lycée], et ensuite elles leur balancent le livre de religion et leur disent : « vous devez également assurer le cours de religion. Je ne sais pas si vous allez à l’église, mais cela fait partie de votre tâche. Lisez le livre avec votre classe et ce sera parfait ».

Cela ne se passera jamais dans l’autre sens : un directeur n’embauchera pas quelqu’un pour le cours de religion pour lui dire ensuite : « ah, au fait, il faudra aussi que vous enseigniez la géométrie ». Mais d’une certaine manière, la religion – qui devrait être le joyau du cursus de l’école catholique – est traitée comme une idée venue après coup dans de nombreuses écoles.

Il est difficile de remplir les écoles catholiques à tous les niveaux et dans toutes les matières avec des enseignants à la fois compétents et pleins de foi. Mais le tableau change quand les administrateurs changent d’approche : recruter pour la mission et non boucher des trous. Une mission dynamique attire à elle des ouvriers qui en veulent. Puisque, dans notre monde post-chrétien, il faut trouver des missionnaires évangélisateurs pour garder la foi vivante, les écoles devraient afficher leurs annonces [de recrutement] là où des missionnaires se rassemblent : dans les paroisses ferventes, les chapelles de l’adoration perpétuelle, des instituts et des apostolats de confiance, les universités connues pour vivre intensément la foi.

Pour le dire autrement, les écoles catholiques vivant d’une authentique foi dans le Christ deviennent comme le terrain du film « Jusqu’au bout du rêve » : si vous y bâtissez, ils vont venir.

Et partout dans le pays, de telles écoles voient le jour – l’école à la maison en système coopératif, des écoles classiques, toutes écoles qui associent dans leur programme les Humanités et les vertus chrétiennes. Et les parents s’y rendent, parfois de très loin, pour donner à leurs enfants une éducation qui met la foi au centre de chaque jour, de chaque matière, de chaque activité. Ces écoles sont spéciales non pas uniquement en raison de leur cursus – même le meilleur cursus est inopérant dans les mains de professeurs agnostiques. Ces écoles prospèrent en raison des professeurs fervents qui vivifient le cursus avec passion pour leurs élèves.

La grande majorité des catholiques américains étant éloignés de l’Eglise et ne portant pas grand intérêt à la foi, les écoles catholiques sont le meilleur espoir – et peut-être le dernier – pour réaliser la nouvelle évangélisation dont parlait Jean-Paul II. Une école pleine d’enseignants aimant le Seigneur peut transformer un quartier et même une ville. Pensez à la ferveur des douze apôtres, aux Franciscains, Dominicains et Jésuites à leurs débuts. Ces hommes ont transformé des villes entières sous la conduite de chefs charismatiques qui ont envoyé leurs groupes en mission. Les enseignants attendent de tels meneurs – des chefs d’établissement, des pasteurs, des évêques – pour les rassembler, leur présenter une vision percutante et les envoyer à la moisson.

Je voudrais délivrer un appel claironnant à tous les catholiques fervents : aux étudiants sur le point d’achever leurs études universitaires, aux mères dont les enfants quittent le nid, aux hommes et femmes d’affaires financièrement très à l’aise, aux jeunes retraités : voudriez-vous envisager pieusement de consacrer quelques années comme enseignant dans une école catholique ? La moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux. Peut-être faites-vous partie des ouvriers que le Seigneur souhaiterait envoyer, ceux que les fidèles demandent dans leurs prières depuis si longtemps.

Enseigner n’est pas une tâche facile et c’est même encore plus dur après des décennies de travail dans d’autres domaines. L’avertissement du philosophe chrétien Étienne Gilson sonne le plus vrai à propos de l’enseignement : « la piété n’est pas le substitut de la technique ». Les enseignants doivent connaître leur sujet et ils doivent trouver des moyens efficaces pour communiquer ce savoir. Mais s’ils en sont capables, s’ils croient fermement, l’impact qu’ils peuvent avoir sur la foi des jeunes peut déplacer des montagnes.

Alors que nous mettons à l’honneur nos établissements d’enseignement chrétien cette semaine, rassemblons-nous et augmentons en leur sein le nombre d’enseignants chrétiens. Car ils sont les missionnaires qui rendent les écoles catholiques dignes d’être célébrées. Ils sont les bergers conduisant leurs jeunes ouailles à adorer le Seigneur.