Le couple franco-allemand - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Le couple franco-allemand

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Qu’en sera-t-il des suites du nouveau traité franco-allemand qu’Emmanuel Macron et Angela Merkel ont signé hier à Aix-la-Chapelle ? Les commentaires hésitent entre le scepticisme et l’espoir que le couple franco-allemand surmonte les aléas d’une Europe en plein doute. Tout le monde est à peu près d’accord sur l’idée que cette association des deux grandes nations du continent constitue le dispositif central et indispensable de toute dynamique européenne. Même si les circonstances actuelles freinent les projets trop ambitieux, il importe que la symbolique de la solidarité entre les deux pays soit maintenue, que le mythe fondateur soit sauvegardé.

Le mythe fondateur ne saurait se séparer de l’histoire tragique qui l’a précédé et sans laquelle il ne possèderait pas la densité qui est la sienne. Au lendemain de l’effondrement de l’Allemagne nazie, il n’y avait plus que des ruines, à l’image de Berlin, la capitale complètement détruite. Berlin divisée entre quatre zones occupées par les armées victorieuses et bientôt promise à la séparation entre la partie Ouest reliée à l’Allemagne de Bonn et la partie Est devenue capitale d’un État communiste satellite de l’Union soviétique. L’Allemagne de Bonn était solidaire du monde qu’on appelait libre, mais il lui fallait trouver sa voie propre en Europe.

Adolescent, j’ai participé, avec ma génération, à l’entreprise de la réconciliation franco-allemande. Accueilli par une famille de Francfort-sur-le-Main, tandis que ma propre famille accueillait mon correspondant qui avait mon âge et était bien résolu, lui aussi, à ouvrir une nouvelle page de l’histoire. À l’époque, le pays se reconstruisait à une vitesse étonnante, à tel point qu’on pouvait parler de « miracle allemand ». C’est à ce moment que se produisit la rencontre entre le général de Gaulle et le chancelier Adenauer, auteurs du premier traité entre nos deux pays. Ces deux personnages historiques, pénétrés du destin de leurs peuples étaient déterminés à solder le passif, même le plus douloureux, pour aboutir à une réconciliation totale. De Gaulle voulait aller plus loin, dans le sens d’une aventure politique indépendante des blocs. Mais c’était une autre affaire, un projet jamais tout à fait abandonné, mais soumis aux nouveaux aléas de l’histoire.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 23janvier 2019.