La sainteté du quotidien - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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La sainteté du quotidien

Le plus grand saint vénéré par l’Église après la Sainte Vierge est un modèle de vie simple et banale, dans laquelle le Fils de Dieu a voulu vivre. Et renouveler le monde.

Saint Joseph

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« La pauvreté ne lui parut pas honteuse quand c’était Dieu qui l’avait permise ».

« La pauvreté ne lui parut pas honteuse quand c’était Dieu qui l’avait permise ».

[Fresque de l’église orthodoxe de l’Annonciation à Nazareth] © Philippe Lissac / Godong

Avec la Contre-Réforme catholique, saint Joseph est peu à peu sorti de l’ombre : sainte Thérèse d’Avila place sous son patronage la réforme du Carmel, et Marie de l’Incarnation l’évangélisation de l’Amérique du Nord. En lui dédiant l’année 2021, le pape François s’inscrit dans cette tradition qui est celle des (re)commencements. Et lorsqu’ils doivent durer, les commencements sont toujours modestes : dans sa lettre apostolique Patris corde, le Saint-Père souligne que le paradis n’est pas peuplé que de héros, même si l’on y trouve aussi des héros, et que l’on y trouve surtout des personnes qui ont vécu simplement et normalement leur condition humaine : créés à l’image de Dieu, vivant de la vie divine, serait-ce trop peu pour être saint ? C’est cette normalité que Jésus a voulu partager, mieux encore : qu’il est venu sanctifier. Et saint Joseph en est le meilleur représentant, puisque l’Église le vénère de siècles en siècles comme « le plus grand saint après la Vierge Marie ».

Une condition basse et obscure

Au XVIIe siècle, le prédicateur Esprit Fléchier dira de lui : « Quoiqu’il comptât des rois pour ses ancêtres et qu’il descendît de ces souverains que Dieu lui-même avait mis sur le trône, Joseph se vit sans chagrin dans une condition basse et obscure, et ne demanda point de sortir de la voie qui lui avait été marquée. La pauvreté ne lui parut pas honteuse quand c’était Dieu qui l’avait permise. Ce fut assez pour lui de trouver dans le travail de ses mains de quoi conserver à Dieu une vie qu’il avait destinée à son service, et il considéra dans son état, non pas les révolutions d’une bizarre fortune, mais les dispositions d’une sage et adorable Providence. Que j’aime à me le représenter sous un toit rustique, et dans une étroite et pauvre maison, loin du bruit et du tumulte du monde, se sanctifiant par le travail, par la retraite et par la prière ! » (Sermon du 19 mars 1682).

Cela peut sembler bien peu ? C’est ce peu dont nous sommes tous capables, mais que nous écartons si souvent d’un revers de main : « De Nazareth, que peut-il sortir de bon ? » (Jean 1, 46). C’est ce que rappelle Charles Gay : « Qu’était saint Joseph dans cette humble ville de Nazareth ? Un humble et pauvre ouvrier charpentier ; trop manifestement honnête pour n’y jouir point d’une certaine considération parmi les braves gens de l’endroit ; trop inoffensif, trop doux, trop serviable pour n’y compter pas quelques amis ; mais aussi trop fidèle serviteur de Dieu, trop éloigné de l’esprit du monde, trop pieux, trop saint enfin, pour n’y être pas blâmé, raillé, haï, persécuté par les méchants qui sont partout les mêmes et ne manquent nulle part… » (Sermon pour la fête de saint Joseph).

« Le plan d’un monde nouveau »

Et c’est cette banalité que Dieu a choisie pour abriter le salut du monde, poursuit encore Esprit Fléchier : « Que dans ce sombre et petit espace de Nazareth, il se passa de grandes choses ! C’est là que se traçait le plan d’un monde nouveau, créé dans la justice et la sainteté de la vérité. C’est là que se formaient les premiers modèles du culte spirituel et intérieur qui s’allait établir, et que se jetaient les fondements d’un Évangile inconnu, qui devait être porté dans toutes les parties de la terre. »