La grande semaine de la jeunesse du monde - France Catholique

La grande semaine de la jeunesse du monde

La grande semaine de la jeunesse du monde

Copier le lien

La grande semaine de la jeunesse du monde a commencé à Rio de Janeiro : après la Croix des JMJ et l’icône de Marie confiées aux jeunes par Jean-Paul II, les premiers groupes sont arrivés. Ils ont auparavant passé une semaine missionnaire dans différents diocèses. Ils envahissent les plages de Copacabana, défilent dans la petite chapelle de l’immense Christ Rédempteur du Corcovado — dû au sculpteur français Paul Landowski —, au milieu des derniers préparatifs pour accueillir les rassemblements autour du pape François qui s’est envolé lundi 22 juillet de l’aéroport Leonardo Da Vinci. Sa « jeep » — en fait une Mercedes blanche découverte qu’il utilise pour les tours de la place Saint-Pierre lors des audiences du mercredi —, est arrivée avant lui, ainsi que sa sœur jumelle, verte, en cas de panne ! Pas de papamobile panoramique blindée : le Pape veut être proche des jeunes.
Pour que la semaine porte ses fruits, le Pape est allé, samedi 20 juillet, la confier à la Vierge Marie à Sainte-Marie-Majeure, comme il lui avait confié son pontificat, au lendemain de son élection, le 14 mars.

Et le Pape renouvellera ce geste marial à son arrivée au Brésil : la première journée est un pèlerinage — en hélicoptère — mercredi, 24 juillet au sanctuaire national d’Aparecida. Car mardi 23, au lendemain de son voyage de plus de 12 heures en avion, le Pape se repose au centre de l’archevêché de Rio, à Sumaré, sa résidence jusqu’à dimanche.

Mais le Pape attend l’aide de tout le peuple de Dieu pour ce premier voyage international, demandant aux baptisés de l’accompagner par leur prière, leur confiance, et aussi leur pénitence. Autre allié de poids dans cette grande semaine : la prière du pape émérite Benoît XVI qui avait choisi la destination de Rio et auquel le pape François est allé rendre visite, vendredi soir, 19 juillet, pour se confier spécialement à sa prière : n’a-t-il pas décidé de vivre en moine dans l’ancien monastère Mater Ecclesiae du Vatican pour prier pour l’Église et le monde ?

Par ces démarches de prière, le Pape met en œuvre ce qu’il disait encore à l’angélus de dimanche, 20 juillet : Unir harmonieusement contemplation et action, méditation de la Parole et annonce de la Bonne Nouvelle.
Mais au fond, à quoi sert une JMJ ? Le Pape a répondu à cette question en disant, depuis la fenêtre du bureau qui donne place Saint-Pierre : « C’est un rendez-vous avec le Christ. […] Tous ceux qui vont à Rio veulent entendre la voix de Jésus, écouter Jésus : « Seigneur qu’est-ce que je dois faire de ma vie ? Quelle est la route, pour moi ? «  »

Dimanche, à midi, le Pape a invité les jeunes du monde à faire de même, même s’ils ne peuvent pas venir à Rio. C’est d’ailleurs à eux qu’il a adressé son « tweet » de dimanche : « Combien voudraient être à Rio pour les JMJ mais ne le peuvent pas ! Qu’ils se sentent les bienvenus parmi nous par la prière. »

Une démarche pascale

Une « Grande semaine » à l’image de la Semaine sainte car les jeunes s’apprêtent à vivre un triduum pascal, comme le manifeste le don de l’indulgence accordée par le Pape, en puisant aux mérites du Christ. Une grande semaine pour faire reculer le mal dans le monde.
Il faut en effet distinguer les rendez-vous du Pape avec les jeunes des autres — très riches — heures du Pape au Brésil.

La JMJ ouvre le mardi, 23 juillet, jour de repos pour le pape François, à Copacabana lors de la messe présidée par l’archevêque de Rio, Mgr Orani João Tempesta, et par le cardinal Stanislas Rylko, président du Conseil pontifical pour les laïcs, organisateur du rassemblement pour le Saint-Siège.
Mais la première grande rencontre du Pape et des jeunes a lieu, selon la tradition, jeudi soir, 25 juillet : le Pape sera accueilli par les jeunes, au cours d’une liturgie de la Parole, à partir de l’immense podium en croissant de lune installé à Copacabana dont le site peut accueillir un million de personnes. Le Pape passera au milieu des jeunes sur sa « jeep » puis il écoutera les témoignages des jeunes des cinq continents. Après les lectures bibliques, une prière d’intercession, le Notre Père, et la bénédiction, il leur donnera rendez-vous pour le lendemain, vendredi 26 juillet, pour la méditation du chemin de Croix. Le triduum aura commencé.

Le sacrement de la réconciliation

Dans le sillage de Benoît XVI à Madrid, le pape François se rendra disponible pour écouter les confessions et donner le sacrement de pénitence et de la réconciliation à 5 jeunes tirés au sort, et en trois langues : espagnol, portugais, italien. En effet, une centaine de confessionnaux ont été installés, à l’effigie du Christ du Corcovado, pour cette démarche de réconciliation, au parc de Quinta da Boa Vista. Le Pape avait déjà donné ce sacrement à quelques personnes de la paroisse romaine Saints-Zacharie-et-Élisabeth, le 26 mai dernier.

Et, puisque la question de fond est : « que dois-je faire de ma vie ? », les jeunes peuvent s’informer des mille voies d’engagement au service de Dieu et du monde dans les stands de la « foire aux vocations ».
Comme il l’a fait le Jeudi saint à Casal del Marmo, le Pape rencontrera des jeunes détenus au Palais São-Joaquim de l’archevêché avant la prière de l’Angélus du balcon de la résidence. Il rencontrera ensuite 20 membres du comité organisateur de la JMJ et 10 bienfaiteurs.

Mais le grand événement de la matinée sera le déjeuner traditionnel du Pape avec 12 jeunes : deux par continents, et 2 du Brésil. Il pourrait aussi y avoir parmi eux deux jeunes du pays où sera organisée la prochaine JMJ : les rumeurs courent depuis des mois (la Pologne ?), mais c’est au Pape lui-même de l’annoncer au terme de la messe finale. L’archevêque de Rio participera au déjeuner.

Suivre le Christ sur le rivage

Après les grands chemins de Croix de To­ronto, au cœur des gratte-ciel, de Sydney et de Madrid, reflétant les différentes traditions espagnoles, celui de Copacabana sera un événement suggestif : 900 m pour suivre le Christ sur le rivage. Pendant une heure et quart, 280 jeunes artistes et bénévoles — Brésil, Porto Rico, Mexique, Argentine, Allemagne, États-Unis — représenteront les scènes des 13 stations tout au long de Copacabana, et un autre groupe le représentera devant le Pape sur le podium. La 14e station sera justement méditée au podium papal. Chaque station de la marche du Christ vers le Calvaire illustrera aussi un thème touchant la jeunesse d’aujourd’hui : mission, conversion, communauté, jeunes mères, séminaristes, défense de la vie, couple, souffrance des femmes, études, action sociale, jeunes détenus, maladies terminales, mort des jeunes, jeunesse mondialisée… Ce sont deux prêtres dehoniens qui ont rédigé les méditations. Ils sont appelés de façon humoristique sous les noms des PP. Zezinho et Joãozinho — alias José Fernandes de Oliveira et João Carlos Almeida — connus au Brésil pour leur engagement auprès des jeunes. Le Pape prononcera une allocution avant de se séparer des jeunes.

La messe du samedi matin, 27 juillet, rassemblera les évêques de la JMJ : environ un millier ! Les évêques du Brésil sont à eux seuls 459 ! Ce sera, après le concile Vatican II, le plus grand rassemblement d’évêques de l’histoire. Participeront à la messe les religieuses et religieux, prêtres et séminaristes, en la cathédrale São Sebastião. Une messe pour l’évangélisation des peuples, sous le signe de l’Année de la foi.

A l’école de François d’Assise

Mais le grand rendez-vous avec les jeunes sera la veillée du samedi soir, au Campus Fidei — l’esplanade de la foi en quelque sorte — installé pour l’occasion et pouvant accueillir deux millions de participants à Guaratiba. La liturgie de la Parole en plusieurs langues aura deux volets, dans un esprit franciscain. D’une part le dialogue du Pape avec les jeunes, illustré aussi par une chorégraphie où les jeunes construiront symboliquement ensemble une église — on pense à l’appel de François d’Assise à reconstruire l’Église — avant de partir aux quatre coins du monde pour la construire dans leurs nations. C’est en effet le thème de la JMJ : « Allez et faites des disciples dans toutes les nations ». Et d’autre part, un élément fondamental des JMJ depuis Cologne en 2005 — sur suggestion du cardinal Joachim Meisner — la procession du Saint-Sacrement et l’adoration eucharistique silencieuse : des jeunes de mouvements franciscains apporteront des paniers de fleurs et de maïs pour orner l’espace sacré autour de l’autel. On chantera une prière de saint François. La veillée se conclura par la prière mariale du Salve Regina. Les jeunes dormiront sur place, le pape François rentrera à Sumaré en hélicoptère, à 40 km de là.

Le couronnement de la semaine

Le couronnement de la JMJ sera la messe de Guaratiba, dimanche matin, 28 juillet. La présidente de la République, Mme Dilma Rousseff a annoncé sa présence. Le Pape sera accueilli par l’archevêque de Rio. Après la célébration, le cardinal Rylko prendra la parole. Et le Pape enverra symboliquement les jeunes des 5 continents en mission en remettant à 10 d’entre eux une reproduction du Christ du Corcovado et un livre de prières. Il annoncera aussi dans quelle ville se déroulera la prochaine JMJ, avant la prière de l’Angélus.

Mais en dehors de ces 4 grands rendez-vous avec les jeunes — accueil de jeudi, chemin de Croix vendredi, veillée de samedi et messe de dimanche —, le séjour du Pape sera émaillé de rencontres significatives.
Tout d’abord, sa journée de mercredi à Aparecida : le Pape y consacrera son pontificat et la JMJ à la Vierge Marie. On sait l’attachement du Pape à la Vierge et à la dévotion populaire, mais aussi son amour spécial pour la Vierge d’Aparecida : c’est là que s’est déroulée l’assemblée du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) et des Caraïbes de 2007 et le document pour l’Évangélisation de l’Amérique du IIIe millénaire a eu pour principal rédacteur le cardinal Jorge Mario Bergolio. Il offre le document d’Aparecida aux grands de ce monde qu’il rencontre.

Le Pape y visitera l’immense séminaire du Bom Jesus où Benoît XVI était venu, justement lorsqu’il a ouvert l’assemblée du CELAM. Il y bénira l’image de « Frei Galvão » canonisé par Benoît XVI à São Paulo cette même année et destinée à la ville de Guaratingueta.

Dans l’après-midi, il se rendra à l’hôpital São Francisco de Assis na Providencia de Deus, une structure de 500 lits, spécialisée dans l’accompagnement, dans la spiritualité franciscaine, des personnes dépendantes de la drogue ou de l’alcool. Le voyage est donc aussi, à des moments significatifs, sous le signe de François d’Assise. Le Pape y bénira la première pierre d’un nouveau pavillon pour les jeunes drogués, financé par la Conférence épiscopale italienne.

Clin d’œil au monde du sport

Le Pape rencontrera les autorités politiques à différents moments. à son arrivée, lundi, il est accueilli par la Présidente à l’aéroport et la cérémonie de bienvenue a lieu ensuite, au palais de Guanabara, en présence de la Présidente, du gouverneur de l’État de Rio et du maire de la ville. Au Palais de la Cité (Palacio da Cidade), jeudi, le maire remettra au Pape les clefs de la ville.

En 2014, le Brésil accueillera la Coupe du monde de football et en 2016 Rio sera le siège des Jeux olympiques d’été, pour ne citer que ces grands rendez-vous sportifs. Le Pape bénira donc les drapeaux des Jeux olympiques et paraolympiques lors de cette visite, en présence de jeunes athlètes brésiliens représentant les deux événements.

Mais la visite la plus attendue est certainement, jeudi à partir de 10 h — à la communauté de Varginha, qui, contrairement aux autres favelas, se trouve en plaine et pas à flanc de montagne, ce qui garantit une meilleure sécurité ; cette favela a été « pacifiée » annoncent les autorités — plus d’armes, beaucoup moins de drogue. Elle compte entre 1500 et 2500 habitants. Mais les habitants des favelas du pays représentent quelque 11 millions d’habitants soit 6 % de la population brésilienne. Ce sera la seconde visite d’un Pape dans une favela (du nom de la fave­leira, une plante des climats semi-désertiques), après celle de Jean-Paul II.

La favela de Varginha

Le Pape arrivera en voiture et se rendra jusqu’à la chapelle : il pourrait entrer dans une maison à l’invitation d’une famille avant d’aller prier avec toute la communauté. Il sera accueilli par le curé, les sœurs de mère Teresa, le vicaire épiscopal. La paroisse est dédiée à saint Jérôme Émilien et elle est le fruit de la mission des pères somasques et des missionnaires de la Charité. Le Pape y bénira le nouvel autel et le nouvel ambon : il offrira un cadeau à la paroisse. Puis il se rendra à pied au terrain de sport pour s’adresser à tous.

Samedi, le Pape rencontrera, au théâtre municipal, à 11 h 15, les décideurs politiques, économiques, religieux et culturels, du pays. Il rencontrera aussi ensemble lors du déjeuner les 9 cardinaux du Brésil, la présidence de la Conférence épiscopale, et les évêques brésiliens, à l’archevêché de Rio.
Après la messe de conclusion de la JMJ, dimanche, le pape François rencontrera le comité de coordination du CELAM puis les bénévoles de la JMJ ou du moins 10 000 d’entre eux : ils sont environ 60 000. Ce sera comme une mini JMJ dans la JMJ.

Le Pape prendra congé du pays à l’aéroport do Galeão de Rio à 18 h 30, en présence de la présidente Rousseff. Lors d’une rencontre avec la presse, le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, a souligné la « sérénité » du Saint-Siège quant à la sécurité du Pape pendant son voyage, et la confiance dans les autorités locales compétentes de ce point de vue, soulignant que les manifestations actuelles ne sont pas dirigées contre le Pape et que sa venue est au contraire souhaitée et voulue par la population.

Cette grande semaine de la jeunesse sera aussi une grande semaine pour tout le pays mobilisé depuis des mois pour l’accueil des jeunes du monde rassemblés au nom du Christ et autour du Pape, sous la protection de la Vierge d’Aparecida. Une grande fête de la foi du continent latino-américain venu rencontrer à Rio son pape « des extrémités du monde ». Benoît XVI l’avait convoquée. Il savait, après le Mexique et Cuba de mars 2012 qu’il n’aurait pas eu la force de faire un nouveau voyage transatlantique.

D’aucuns ont pensé qu’en renonçant à sa charge le pape Benoît avait voulu donner un pape aux jeunes de Rio, car il ne peut pas y avoir de JMJ sans le Pape. C’est la rencontre du Successeur de Pierre et des jeunes du monde. Il va pouvoir suivre lui aussi à la télévision un des fruits de son renoncement et s’en réjouir. C’est la XXVIIIe édition des JMJ, le troisième pape qui la préside : une nouvelle « génération JMJ » s’est levée.