La Miséricorde, mais à propos de quoi ? - France Catholique
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La Miséricorde, mais à propos de quoi ?

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L’annonce de l’Évangile est accomplie par le témoignage de témoins. Nous qui avons rencontré le Seigneur Ressuscité, qui avons fait l’expérience de la miséricorde de Dieu, et qui avons découvert la liberté qui vient du fait de vivre dans la vérité, proclamons au monde cette même Bonne Nouvelle par nos paroles et par nos actes.

Sauf quand on ne le fait pas.

Quand nous péchons, nous proclamons quelque chose de différent. Nous ne proclamons pas la Bonne Nouvelle lorsque nous proclamons par nos paroles et nos actes ce qui n’est pas vrai. Nous proclamons un anti-Évangile, un faux évangile d’indifférence et de confort, de maîtrise et de licence, d’égoïsme et de plaisir, d’orgueil et de jugement. Nous proclamons un faux évangile d’autosuffisance et de pouvoir. Dieu merci, Dieu ne se lasse pas de pardonner. La porte de la miséricorde nous est toujours ouverte.

Si vous êtes comme moi, il est facile de regarder autour de cette nation, de ce monde, de cette Église et de voir des exemples de tous ces faux évangiles. Il est facile de penser à d’autres catholiques – certains dans les postes les plus élevés d’influence laïque ou religieuse – qui proclament ces mensonges, et à d’autres catholiques qui aident et encouragent l’annonce de ces mensonges, comme si la miséricorde nous obligeait à nier ce qui est vrai.

Si vous êtes comme moi, il est plus difficile – et beaucoup plus inquiétant – de voir ces péchés dans votre propre vie. Le péché nous aveugle au péché. Le péché, comme me le rappelle constamment un bon ami, « nous rend stupides ».

Et ainsi nous pouvons facilement devenir comme les pharisiens dans le 8ème chapitre de l’Évangile de Jean, qui ont amené devant Jésus une femme prise en état d’adultère. Nous sommes impatients de mettre en avant les péchés des autres pour les condamner, mais ne voyons pas nos propres péchés, notre propre besoin de miséricorde.

Le pape François, dans une homélie il y a quelques années, a réfléchi à ce passage :

Je pense que nous aussi, sommes les gens qui, d’une part, veulent écouter Jésus, mais qui d’autre part, parfois, aiment trouver un bâton pour battre les uns, pour condamner les autres. Et Jésus a ce message pour nous : la miséricorde. Je pense – et je le dis avec humilité – que c’est le message le plus puissant du Seigneur : la miséricorde.

La miséricorde est au cœur même de l’Évangile. C’est, en un sens, la Bonne Nouvelle que nous avons reçue et que nous devons proclamer. Mais une question se pose : Miséricorde pour quoi ? La souffrance et de la mort ? Les sentiments de culpabilité et de honte ? Une conscience troublée ? La réponse est « oui » à tous ceux-ci, mais précisément dans la mesure où la miséricorde de Dieu est la miséricorde du péché et de l’erreur.

Jésus a réprimandé les Pharisiens, non pas parce qu’ils ont (correctement) identifié le péché d’adultère de la femme, mais parce qu’ils ne pouvaient pas concevoir que le vrai remède à son péché n’était pas le jugement en vertu de la loi, mais la propre miséricorde de Dieu. L’ordre de Jésus à la femme prise en adultère est : « Va et ne péches plus. » Son péché n’est ni ignoré ni libéré, comme beaucoup d’entre nous aujourd’hui ont tendance à le faire ; il est vu, et il est pardonné.

Les Pharisiens, cependant, reçoivent un traitement plus sévère, non pas parce que Jésus est avare dans Sa miséricorde, mais précisément parce qu’ils ne peuvent pas voir la vérité de leur propre péché. Notre Seigneur ne se livre pas non plus à leur aveuglement. Il met leur péché devant eux, tout comme le prophète Nathan l’a fait pour David, afin qu’ils puissent voir la vérité douloureuse et se repentir. Contrairement à David, qui se repent, les pharisiens sont impassibles.

Vous appartenez à votre père le diable et vous exécutez volontiers les désirs de votre père. Il a été un meurtrier dès le début et ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Quand il raconte un mensonge, il parle selon son caractère, parce qu’il est un menteur et le père du mensonge.
Mais parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas. (Jn. 8:44)

Les paroles dures de Jésus aux Pharisiens et à la foule sont ainsi des mots de miséricorde. Elles sont une proposition en vue d’une vraie liberté : « Si vous restez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples, et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libre ». Et ensuite, « Amen, amen, je vous le dis, celui qui commet le péché est esclave du péché ».

Qu’est-ce que la miséricorde si elle cède aveuglement à notre propre péché ? Qu’est-ce que la miséricorde si elle nous laisse esclave du péché ? Qu’est-ce que la miséricorde si elle n’est pas véritable ?

Malheureusement, nous voyons presque tous les jours les réponses à ces questions.

On pourrait dire que les interactions de Jésus avec les pharisiens étaient une forme de véritable accompagnement. Elles sont un modèle de « dialogue » avec un certain type d’interlocuteur : pour la manière dont un Bon Pasteur accompagne les puissants, les obstinés et les bien-pensants. Quel est le résultat de ce modèle d’accompagnement et de dialogue ? « Ils ont ramassé des pierres pour les lui jeter. »

Les Pharisiens ont finalement réussi à faire tuer Jésus, en avançant les fausses accusations selon lesquelles Il perturbait l’ordre civil. Dans les paroles de la foule à Pilate : « Si vous le relâchez, vous n’êtes pas un ami de César. Tous ceux qui se font roi s’opposent à César.

Mais il y avait une autre conséquence au fait de parler aux pharisiens comme Jésus l’a fait, bien qu’il sût ce que cela coûterait.

Quand vous élèverez le Fils de l’Homme, alors vous réaliserez que JE SUIS, et que je ne fais rien de moi-même, mais je ne dis que ce que le Père m’a appris. Celui qui m’a envoyé est avec moi. Il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît.
Parce qu’il parlait de cette façon, beaucoup en sont venus à croire en lui. (Jn. 8:28-30)

Jésus a parlé aux Pharisiens non seulement pour leur bien, mais pour celui de tous ceux qui regardaient et écoutaient : alors et maintenant. Il est venu « témoigner de la vérité », sachant que cela lui coûterait la vie, afin que d’autres puissent croire.

L’annonce de l’Évangile est accomplie par le témoignage de témoins. Que ceux qui ont des oreilles écoutent.