« L'invitation à écouter » - France Catholique
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« L’invitation à écouter »

Dans les monastères, les moines et les moniales passent leur vie derrière une clôture. C'est là qu'ils cherchent Dieu dans le silence. Leur exemple peut-il nous aider à l'heure actuelle ? Entretien avec le Père abbé de l'abbaye bénédictine Sainte-Anne de Kergonan, le Père Laurent de Trogoff.

Vivre comme les moines

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© Catherine Leblanc / Godong

Peut-on dire que les moines vivent le confinement volontaire dans la vie cloîtrée ?

Père Laurent de Trogoff : Le verbe « confiner » est porteur de deux sens. D’une part il peut désigner le fait de contraindre à rester dans un espace limité ; de l’autre il signifie « être tout proche, voisin de ». La première acception relève évidemment de ce que nos concitoyens vivent en cette période d’épidémie. Ce n’est pas librement qu’ils consentent à demeurer « cloîtrés » chez eux sous peine d’amende. À l’inverse, le moine comme la moniale ne subit aucune contrainte lorsqu’il ou elle choisit de franchir la porte du monastère pour y passer sa vie. Du reste si cela arrivait, l’expérience ne durerait pas longtemps, car la vie monastique ne se décide pas à la force du poignet. Pas d’avantage ils ne se protègent d’un mal. Ils répondent à un appel, une attirance, quelque chose, quelqu’un qui les invite au désert.

Quel conseil pouvez-vous donner aux catholiques reclus chez eux de manière involontaire pour approfondir leur vie spirituelle ?

Pour qu’une relation soit vivante il est important de garder un contact régulier. Or chaque jour, Dieu nous adresse la parole, sa Parole à travers les Écritures. Il n’est pas besoin d’aller chercher très loin ni d’apprendre les langues bibliques. Notre Mère l’Église nous donne chaque jour une nourriture solide à travers les lectures de la messe et celles de l’office. Ce qui est important, c’est de croire que Dieu s’adresse vraiment à moi aujourd’hui, dans la lecture que l’Église me donne à entendre. Il est parfois possible de s’identifier avec les personnages dont il est question par exemple dans l’Évangile. Souvent, du reste, certains acteurs sont anonymes, simplement pour que l’auditeur puisse s’y reconnaître. Dans la première lecture du 20 mars, le prophète Osée disait : « Au lieu de taureaux, nous t’offrons en sacrifice les paroles de nos lèvres. » J’ai aussitôt pensé à vous tous qui n’avez pas accès à la communion. Il s’agit bien de sacrifice, et donc de communion. Et justement vous, fidèles catholiques, ne pouvez en ce moment plus offrir que les paroles de vos lèvres. Eh bien ! offrez-la ! Voilà une manière de s’approprier l’Écriture. Ne pas avoir accès à la communion favorise aussi le désir.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.