L'entrée des saints au Paradis - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

L’entrée des saints au Paradis

Partie partie centrale de la fresque du monastère orthodoxe de Voronet, au nord de la Moldavie roumaine, c'est l'un des plus beaux Jugements derniers au monde.

Toussaint

Copier le lien
Fresque de l’église Saint-Georges (1488), au monastère orthodoxe de Voronet en Bucovine.

Fresque de l’église Saint-Georges (1488), au monastère orthodoxe de Voronet en Bucovine.

© John Pole

En bas à gauche de la fresque, nous voyons les élus conduits vers la porte du Paradis par saint Pierre, entraînant Paul par la main. Ils sont suivis par des saints de l’Ancien et du Nouveau Testament mélangés : on reconnaît André, Jean, David et Salomon, Abel, les apôtres… Pierre s’apprête à introduire la clef dans la serrure d’une belle porte dorée, ornée d’une penture de fer forgé en forme de croix. Elle est gardée par un séraphin rouge – le plus haut grade dans la hiérarchie angélique –, armé de deux glaives, un à chaque main. La tourelle rouge à l’entrée du Paradis rappelle nos vitraux français du XIIIe siècle, où la porte du Jardin d’Eden comme celle du Paradis sont toujours rouges, couleur de la Rédemption.

Du point de vue de la composition, cette forêt d’auréoles dorées est d’une grande beauté. Et le mouvement enveloppant du mur de briques qui enrobe et protège les élus est une belle allégorie de l’amour de Dieu pour les hommes et de sa miséricorde.

La mort du juste

Plus à droite se déroule la mort du juste. Le juste est un adolescent allongé sur le rocher. Il est paisible et s’abandonne à Dieu avec confiance. Il repose en paix, les bras croisés car c’est la fin du combat. Son ange gardien cueille avec sollicitude son âme qui sort de sa bouche comme un minuscule fantôme blanc. à son chevet, le roi David vient l’assister alors qu’il rend son âme à Dieu, il joue de la cobza, le luth moldave du Moyen Âge, en chantant les psaumes dont il est l’auteur, et qu’on psalmodie au chevet des agonisants.

« La perle de Bucovine »

Voronet – prononcer Voronets – est parfois surnommée « la chapelle Sixtine de l’Orient » ; en effet la Roumanie est en majorité orthodoxe et fait partie de l’Orient chrétien, sinon de l’Orient géographique. La Bucovine, au nord-est de la Roumanie, possède les fameux monastères orthodoxes ornés de fresques intérieures et extérieures, classées au patrimoine mondial de l’humanité. Chacun a une couleur dominante : à Voronet c’est le bleu. On l’appelle aussi « la perle de Bucovine ».

Parmi les plus beaux

Au-dessus, en haut de la façade, les portes du Ciel sont ouvertes par deux anges et le Père éternel apparaît (ici non-visible). C’est la fin des temps, le début de l’éternité. En dessous, le Fils revient pour juger les vivants et les morts, entouré de sa Mère, de Jean Baptiste, des anges les plus éminents, et de la cour céleste assise – les apôtres et d’autres anges. En dessous, c’est le jugement lui-même ; les anges repoussent les démons, et la balance penche du côté de la miséricorde.

Il s’agit-là, sans conteste, d’un des plus beaux Jugements derniers au monde, avec celui sculpté à la façade de la cathédrale de Bourges, au XIIIe siècle, la fresque de Giotto à la chapelle des Scrovegni à Padoue, au XIVe siècle, le retable de Van der Weyden à l’Hôtel-Dieu de Beaune, au XVe siècle, et la fresque de Michel Ange à la chapelle Sixtine, au XVIe siècle. On peut y ajouter la mosaïque de la cathédrale de Torcello près de Venise, du XIIe siècle.