L'accueil selon l'Evangile. - France Catholique
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L’accueil selon l’Evangile.

Traduit par Bernadette Cosyn

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Dernièrement, beaucoup des nouvelles du monde catholique ont tourné autour de la notion d’accueil. Le rapport intermédiaire du synode extraordinaire sur la famille, en octobre, a posé des questions, par exemple sur la capacité de l’Eglise à accueillir les homosexuels. Peu après, le père Thimothy Lannon, S.J., président de l’université de Creighton a expliqué sa curieuse décision de procurer des avantages aux conjoints de même sexe des membres du personnel par ce raisonnement encore plus curieux : « je me suis demandé, qu’aurait fait Jésus ? et je ne peux me le représenter qu’accueillant à tous. »

L’argument du Jésus Accueillant sert d’atout majeur. Ne pas accueillir – ou donner l’impression de ne pas accueillir – signifirait donc être en désaccord avec Jésus. Bien sûr, Jésus comme « accueillant à tous les hommes » n’est pas tout droit sorti de l’imagination du bon père. C’est effectivement une profonde réalité. Bien plus vraie que beaucoup ne sont prêts à l’accepter. Mais accorder des avantages à qui adopte un style de vie peccamineux étend la signification de l’accueil chrétien bien au-delà du point de rupture. Se pose alors la question de ce qu’est un accueil chrétien.

Nous voulons tous savoir que nous sommes les bienvenus. Nous pouvons désigner des moments où l’accueil était sensible, palpable et de ce fait encourageant. Nous pouvons tout aussi facilement désigner des moments où nous nous sommes sentis profondément indésirables, et donc esseulés. L’une des conséquences du péché est l’aliénation et la solitude. Alors, parler de Notre Seigneur comme accueillant résonne dans chaque coeur humain désirant la guérison et la réconciliation.

Et Jésus est réellement accueillant. Ses actions et Ses paroles rayonnent d’accueil. Les foules se pressent à sa rencontre parce qu’elles se sentent accueillies – parce qu’Il parle de pardon ; Il préfère les pauvres et les parias ; Il touche les intouchables. Dans la maison du pharisien Simon, Il accueille la pécheresse repentante. Il réprimande ses disciples qui ont empêché les enfants de L’approcher.Il fait bon accueil aux clameurs de l’aveugle Bartimée quand les foules sollicitent le silence. Et comme une variation du thème, Il S’accueille Lui-même dans la maison de Zacchée. Ses détracteurs font son éloge avec des mots destinés à l’insulter : « cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux. » (Luc 15:2)

Sa doctrine communique le même accueil et la même inclusivité. Sa parabole sur la graine de moutarde nous fait comprendre que l’Eglise embrasse toutes les nations. Il conte une parabole sur un roi, qui voulant remplir d’invités sa salle de banquet, commande à ses serviteurs : « sortez, allez donc dans les rues principales et invitez à la fête tous ceux que vous trouverez. » Ainsi firent-ils, rassemblant « tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons ». (Mt 22:9-10). Peut-être plus significatif encore, la parabole généralement vue comme le résumé de l’Evangile, le père accueillant le retour de son fils prodique.

Et pourtant…

Et pourtant son accueil est quelque peu curieux. Après tout, Il débute Son ministère public avec le mot « repentance ! », et non avec « bienvenue ! ». Il ne fait pas bon accueil à ceux qui agissent avec duplicité ou, pour le moins, cherchent à justifier leur propre façon de vivre plutôt qu’à adhérer à Sa vérité. Les Evangiles nous narrent bien souvent Sa frustration à l’égard des foules. Et tout aussi souvent Il déclare avec perspicacité : « O génération incrédule et perverse, combien de temps devrais-je vous supporter ? » (Luc 9:41) « Cette génération est une génération mauvaise… » (Luc 11:29)

Il ne taille pas non plus dans Sa doctrine pour contenter les gens, faire qu’ils se sentent accueillis. Quand les foules s’offusquent de Son enseignement sur l’Eucharistie, Il les autorise clairement à partir. La magnifique parabole des foules invitées au repas de noces s’achève avec l’expulsion de l’homme qui est venu « sans vêtement de noce » et Notre Seigneur de conclure sobrement « beaucoup sont appelés mais peu sont élus. » (Mt 22:14)

Pour le monde, l’accueil véhiculé par l’Evangile peut sembler fantasque. C’est un accueil… à la repentance. C’est une invitation… à changer son coeur. Jésus accueille tous ceux qui se repentent, tous ceux qui profitent de Son pardon et de Sa guérison – tous ceux qui, reconnaissant leur péché et leur ignorance, saisissent Sa grâce et Sa vérité. C’est vraiment le plus important accueil pour l’humanité pécheresse : un accueil dans Son Sacré Coeur… pourvu que nous reconnaissions en avoir besoin.

Son Eglise doit être semblable à Lui. Afin d’être authentiquement catholique, elle doit proclamer universellement l’invitation de Jésus, accueillir tous ceux qui désirent la grâce de la conversion. Elle ne peut pas vider cet accueil de sa signification, que ce soit par sévérité ou laxisme. Ce ne serait pas un accueil du tout si les moyens de la grâce n’étaient pas rendus disponibles à tous ceux qui cherchent le Christ. En même temps, il serait faux et donc peu charitable de ne pas révéler ce qu’exige l’accueil de l’Evangile.

Tronquer soit l’ampleur de l’invitation soit celle des exigences reviendrait à échouer à imiter le Bon Berger.

Le père Paul Scalia est prêtre du diocèse d’Arlington. Il est délégué de l’évêque pour le clergé. (vicaire général ??)

illustration :Le repas chez le pharisien, par James Tissot, 1888 (Musée de Broocklyn)

Source http://www.thecatholicthing.org/2014/12/02/gospel-welcome/