L’abbé Houard : un pédagogue et un bâtisseur - France Catholique
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L’abbé Houard : un pédagogue et un bâtisseur

Prêtre catholique à la forte personnalité, l’abbé Houard avait aussi le profil d’un entrepreneur audacieux.
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Rappelé à Dieu le 4 décembre, le Père Hyacinthe-Marie Houard aura été un grand artisan de l’engagement des chrétiens dans la vie professionnelle et sociale. Né dans une famille bretonne, homme de conviction, il avait à la fois les qualités d’un père spirituel, d’un pédagogue et d’un bâtisseur. Arrivé à Angers en 1964, il est devenu secrétaire général de l’Université catholique de l’Ouest : il en a entrepris la modernisation et l’agrandissement avec un rare dynamisme. Il confiait parfois qu’il devait sa vocation de prêtre au sentiment d’avoir été sauvé de la mort en 1944, en échappant de justesse à un peloton d’exécution à l’âge de 17 ans, à la fin de l’Occupation.

Au moment de la crise de mai 1968 qui a secoué la France, ce prêtre courageux s’est montré un pasteur vigilant soucieux de l’avenir, en l’occurrence celui des étudiants souvent désemparés devant des influences contradictoires. Cependant, tout en sachant s’opposer à la démagogie et au vertige de l’autodestruction, il comprenait la nécessité de répondre aux défis du monde moderne, et a rapproché le plus possible le monde universitaire de la vie professionnelle.

Vers la même époque, l’abbé Houard s’engage comme aumônier auprès des Scouts d’Europe : il y exerce son sens pastoral avec une capacité de discernement, une autorité naturelle, une bienveillance et… un humour communicatif qui lui attirent rapidement l’adhésion enthousiaste de beaucoup de jeunes et de leurs familles.

En 1984, c’est l’heure de la fondation de l’IRCOM, l’Institut des relations publiques et de la communication, aux portes d’Angers, avec le soutien du Conseil général du Maine-et-Loire et de la Région des Pays de la Loire. « L’idée d’un tel établissement m’est venue des discours du Pape », déclarait l’abbé Houard cette année-là, en précisant : « Jean-Paul II pense qu’il est important pour l’Eglise de prendre des initiatives dans le domaine de la culture. Or, les problèmes culturels se traduisent aujourd’hui en problèmes de médias et donc de communication ». Le but de l’IRCOM était dès le début de rapprocher les hommes dans une société où trop de conflits naissent précisément du manque de communication. Son identité spirituelle était affirmée avec force comme ne pouvant être diluée ni oubliée : « Je dirige un établissement catholique et pas une auberge espagnole », déclarait son fondateur.

En 1992, nouvelle étape, l’abbé Houard crée l’Institut Albert-le-Grand, école supérieure de lettres et de sciences politiques offrant trois années d’études dont une à l’étranger.

Le jour de l’inauguration de l’IRCOM, en novembre 1984, devant les personnalités politiques et les responsables économiques de la région, « l’abbé », comme l’appelaient déjà les étudiants, présentait son projet en ces termes : « Il faut expliquer à des esprits ouverts à toutes les solutions : voilà ce que la foi chrétienne dit de l’homme et de son rôle dans le monde, voilà ce qu’elle a suscité, dans le passé, de générosité et d’efficacité, posons-nous ensemble la question de savoir si notre monde, désorienté, peut s’offrir le luxe de l’ignorer ».

L’abbé Houard est mort à l’âge de 85 ans, après avoir traversé stoïquement une dure épreuve, la perte de l’usage de ses yeux. Mais il lui restait les yeux de la foi et de l’espérance, et il gardait dans le fond de son cœur la flamme de la charité qui l’a animé jusqu’au bout, contre vents et marées.