3095-Universités, liberté et autonomie - France Catholique
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Léon XIV un pape spirituel et missionnaire
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3095-Universités, liberté et autonomie

par l'Abbé H.M. Houard Ancien secrétaire général de l’Université catholique de l’Ouest et Fondateur de l’IRCOM et des instituts associés.
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« Les humanités sont les meilleures formations qu’on puisse avoir…Il faut que grâce à la culture générale…on soit un honnête homme qui puisse être adaptable. » (Valérie Pécresse sur LCP, 2-11-07, minute 4)

Pour avoir fondé l’Institut Albert-le-grand il y a quinze ans, on ne peut que se réjouir d’une telle déclaration du Ministre de l’enseignement supérieur. Il faut dire pourtant que les propos qui précédaient cette profession de foi ne laissaient pas de mêler l’inquiétude à l’intérêt.

Il était en effet question de l’autonomie des universités, autonomie souhaitée par beaucoup, redoutée par quelques-uns. Mais de quelle autonomie s’agit-il ? Les propos du ministre laissent entendre qu’il s’agit principalement d’une autonomie de gestion aux mains d’un conseil d’administration restreint mais « ouvert » d’un président « stratège » et d’un Directeur général, véritable animateur de l’établissement (choisi par qui ?) Pas question de sélection à l’entrée : la porte reste ouverte à tous les bacheliers, appelés toutefois à la prudence par un bureau d’orientation. Les droits d’inscription et les dotations budgétaires sont fixés par l’Etat ; et surtout les diplômes restent des diplômes nationaux et sanctionnent des études dont contenu et horaires sont fixés à Paris par un de ces comités de spécialistes dont on connaît les effets. D’ailleurs le baccalauréat dont on paraît contester la valeur, n’est-il pas un diplôme national ?

Ce cadre, laisse peu de place à l’autonomie mais il peut bien convenir aux établissements publics. C’est leur affaire. Encore que ce soit surtout l’affaire de la France de demain et des contribuables d’aujourd’hui. Mais on peut d’autant plus s’inquiéter du sort réservé aux établissements privés qu’on n’en parle pas. Or ce serait un comble, avouons-le, de voir brimer la liberté des uns à l’occasion de l’autonomie des autres. Cette liberté n’était pas très large, du moins était-elle garantie par l’Etat, réputé impartial : les étudiants du privé pouvaient prétendre à des diplômes nationaux devant des jurys indépendants des établissements publics. Ils étaient interrogés sur des programmes arrêtés dans les mêmes conditions que ceux de leurs camarades du public. Que l’Etat délègue ses pouvoirs à ses universités autonomes, c’est évidemment une menace pour la liberté. Comme serait la situation de Système U réduit à ne vendre que des produits Carrefour.

Avouons que ce serait dommage. Car, s’il est souvent privé de ressources, l’enseignement privé ne l’est pas d’imagination. Pour ne parler que d’une ville, la somme des innovations privées à Angers est impressionnante. Qu’on en juge. Dès la promulgation de la loi qui l’autorise, en 1875, la faculté de droit, bientôt suivie des facultés de lettres, de sciences, et de théologie. En 1898, l’école supérieure d’agriculture et de viticulture, et bientôt l’école de commerce, l’école normale sociale, l’école d’éducateurs, l’école technique supérieure de chimie, l’école supérieure d’électronique. En 1966, le centre international d’études françaises. En 1970, les premières filières professionnalisées : institut de formation de professeurs, institut de perfectionnement en langues vivantes, institut de psychologie, institut de mathématiques appliquées suivi de l’Année de recyclage scientifique, institut de formation en éducation physique et sportive. En 1984, institut de relations publiques et de communication, et après les sessions de préparation à l’enseignement supérieur, l’Institut Albert le grand pour la formation humaniste souhaitée par la ministre et tout récemment la Formation management du développement.

Évidemment il n’y a pas qu’Angers et il n’y a pas que le privé qui innovent. Mais le bilan paraît tout de même assez spectaculaire pour qu’au moment où l’on cherche, enfin, à sortir du marasme on reconnaisse et on favorise une liberté qui a fait ses preuves et qui pourrait encore en donner d’autres.