Immortelle Randonnée, le Chemin qui réenchante le monde - France Catholique
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Immortelle Randonnée, le Chemin qui réenchante le monde

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Depuis la fin août, de nombreux livres ont envahi les étals des librairies. Il est donc grand temps de parler d’un petit livre qui caracole depuis quelques mois en tête des ventes : Immortelle Randonnée de Jean-Christophe Ruffin et un sous-titre qui est déjà une introduction : « Compostelle malgré moi ».

Première remarque, la marche est à la mode, car Ruffin qui a marché vers Compostelle, n’est pas le seul intellectuel, écrivain ou autre qui a adopté ces derniers mois ce mode de locomotion pour faire un long voyage ; la lenteur devient très tendance et comme tout ce qui est « in », elle n’est malheureusement pas à la portée de tous ; il faut en effet avoir les moyens de partir un mois ou plus en abandonnant tout ce qui nous lie au monde trépidant dans lequel nous vivons.

Ruffin est donc parti malgré lui, comme il l’avoue, sur « le Chemin », qu’il a suivi jusqu’à sa destination finale. « Le Chemin » pour les non initiés, c’est celui de Compostelle, un pèlerinage qui connait depuis quelques années un engouement populaire assez incroyable, et en même temps très symptomatique de nos modes de vie….à contrario. Car il faut quand même en tenir une bonne couche pour choisir volontairement de partir à Compostelle à pied, au lieu de le faire en voiture ou en avion ; un moyen de transport moderne permettrait non seulement de « faire Compostelle » — comme on « fait » Oman ou Maurice — dans un délai compatible avec nos nombreuses activités mais aussi dans des conditions de confort plus adaptées à nos corps coutumiers du confort et la vitesse du TGV et peu ou pas de la marche à pied ; sans compter les nuits courtes dans des refuges, où les ronfleurs ont droit de cité…Et pourtant comme des milliers d’autres avant lui, Jean-Christophe Ruffin s’est fait prendre au piège « du Chemin ».

A la différence d’une Alix de Saint André qui en a elle aussi fait un livre, Ruffin ne se revendique pas comme croyant. Et le paradoxe est que son livre en est d’autant plus intéressant, n’en déplaise à ceux fermés à tout ce qui n’est pas tamponné d’une rassurante imprimatur ; lui aussi est incapable d’expliquer rationnellement pourquoi il s’est mis en route et a été jusqu’au bout, et il l’avoue sans complexe dès les premières pages ; comme si Quelqu’un l’avait pris par la main. Son périple à la suite des pèlerins du Moyen Âge lui donne aussi l’occasion d’écrire quelques belles pages sur le rôle du christianisme dans l’histoire des hommes et il est important, dans le climat actuel que ces réflexions émanent d’un intellectuel qui ne soit pas du sérail. Il décrit aussi avec sa belle plume comment le vide se fait progressivement dans la tête du marcheur, beaucoup plus prosaïquement occupé de ses pieds que de méditation. Le pèlerin contemporain « allégé de sa mémoire, de ses désirs et de ses ambitions » ramené ainsi à l’essentiel , est dans les meilleures conditions pour accueillir Dieu. Il le fera ou ne le fera pas, c’est le secret de chacun mais au moins, comme l’écrit Ruffin, durant ce temps, jamais le monde ne lui aura paru aussi beau.

Et que vous fassiez déjà ou non partie de la confrérie de Compostelle, évitez absolument de voir le très américain et mauvais film The Way – en salle le 25 septembre – et lisez ceux qui en parlent d’expérience.