Hommage au Cardinal Saliège résistant spirituel - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Hommage au Cardinal Saliège résistant spirituel

Copier le lien

A la veille du 11 Novembre, à l’occasion du jour anniversaire de ses obsèques célébrées à l’automne 1956, la mémoire du Cardinal Saliège a été célébrée en la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse par Mgr Robert Le Gall, archevêque du diocèse, en hommage à cette grande figure de la résistance spirituelle au nazisme : le Cardinal Saliège avait été en août 1942 l’auteur d’une lettre pastorale prenant la défense des Juifs persécutés par l’occupant et par le régime de Vichy. Un document qu’il avait fait lire par ses curés le 23 août 1942, et qui contenait cette phrase mémorable pour son éloquente simplicité en une période d’aveuglement : « Les juifs sont des hommes, les juives sont des femmes, les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes ».

Dès 1933, année de l’arrivée d’Hitler au pouvoir, cet évêque particulièrement vigilant s’était associé à une réunion de protestation rassemblant contre l’antisémitisme à Toulouse les élus de la population et les représentants des confessions juive et chrétiennes catholique et protestante. Rappelant que « la Vierge, le Christ, les premiers disciples étaient de race juive », il s’était alors déclaré « lié à Israël comme la branche au tronc qui l’a porté ». Il avait affirmé que « le catholicisme ne peut accepter que l’appartenance à une race déterminée situe les hommes dans des droits inférieurs » et « proclame l’égalité essentielle entre toutes les races et tous les individus ».

En 1937, la Semaine catholique de Toulouse avait largement fait écho à l’encyclique du Pape Pie XI « Mit brennender Sorge » qui condamnait le paganisme hitlérien et son culte idolâtrique de la race. En février 1939, « pionnier de la résistance chrétienne au nazisme », Mgr Saliège avait renouvelé sa condamnation du racisme « qui remplit de malheureux les camps de concentration ».

Dans un article de la revue « Communio », l’historien Yves-Marie Hilaire écrivait en 2006 que dans Toulouse devenue très tôt une ville refuge pour « des gens menacés » réfugiés de plusieurs pays d’Europe, Mgr Saliège a présidé une « Association catholique d’aide aux étrangers », avec l’aide du recteur de l’Institut catholique Mgr Bruno de Solages et d’« un entourage hostile aux régimes totalitaires ».

Le 19 avril 1942, malgré la censure, le Cardinal Saliège s’élevait contre la souveraineté absolue de l’Etat. Et le 17 mai, il écrivait ces mots : « On est surpris d’entendre des catholiques affirmer béatement des erreurs énormes, par exemple, celle que le vainqueur a tous les droits. On ne parlait pas ainsi du temps des martyrs. » Ce langage d’un pasteur courageux avait le mérite de la clarté.
Denis LENSEL