C’est, bien sûr, une excellente idée que d’avoir voulu organiser l’hommage de la nation à Samuel Paty dans la cour d’honneur de la Sorbonne. On peut retenir la communiqué de l’Élysée, qui précise que ce choix a été opéré en accord avec la famille du défunt : « Temple de la connaissance, lieu historique de l’enseignement universitaire français, foyer du génie français, la Sorbonne à travers les siècles a toujours su être une tribune pour l’expression des libertés et des idées, un lieu qui aujourd’hui revêt une dimension symbolique forte. » Comment mieux exprimer le message ? Habituellement, les hommages de la nation se déroulent dans la cour des Invalides, mais la qualité d’enseignant de Samuel Paty devait être honorée dans le lieu symbolique de l’intelligence française. Tant de souvenirs sont attachés à la Sorbonne sur la montagne Sainte-Geneviève, et il est bon que l’on ne limite pas l’évocation aux seules Lumières du XVIIIe siècle. C’est toute le richesse de la pensée, depuis Albert le Grand et Thomas d’Aquin, qui présidera à cette démarche qui suscite une unanimité nationale.
On a beaucoup insisté, comme je le remarquais hier, sur la démarche critique de l’enseignement. Dimension qui doit être prise aussi dans son ampleur positive. L’intelligence, selon la meilleure tradition, n’est pas seulement orientée vers la négativité du jugement, mais elle l’est aussi vers l’étonnement, voire l’admiration face au monde, au mystère de notre condition. Le pire serait de paraître défaitiste, voire nihiliste devant l’adversaire. Je me suis rappelé à ce propos du terrible petit livre de Philippe Muray [1], écrit après la tragédie du 11 septembre 2001 : « Chers djihadistes, nous vous battrons. Et nous vaincrons. Bien évidemment. Parce que nous sommes les plus morts. » À nous de montrer qu’il n’en est rien, et que pour l’avenir il est encore la foi.
Messages
22 octobre 2020, 08:58, par esponde fr
L’hommage au professeur assassiné minablement a donc eu lieu en Sorbonne. Le lieu est habité d’histoire.
C’est bien là que repose le cardinal de Richelieu qui n’est pas totalement inconnu dans la vie d’un enseignant d’histoire en France.
C’est encore là que la philosophie médiévale a su traiter les débats intellectuels et théologiques sur le Logos, l’intelligence et la foi spirituelle des philosophes de la civilisation qui nous a appris à être nous mêmes.
Leur accorder ce crédit d’hier ne dédouane les présences d’aujourd’hui de vouloir s’en inspirer pour les générations actuelles qui auraient oublié que la Sorbonne n’est pas Le Grand Stade de France, ni les Invalides, ni Montmartre au demeurant ni un quelconque espace de rencontre informelle pour des passants sans origines, ni horizons de pensée.
Des voies inattendues se sont entrouvertes autour de cet homme mort au Champ d’Honneur de son sacrifice d’enseignant de la connaissance, et de la Liberté.
Mais en ce lieu et ce jour magnifique à sa mémoire, ces références auraient pu être qualifiées de fanatiques, de sectaires et pires de racistes.
La vie d’un homme est sacrée non par son appartenance à quelque religion mais par son origine divine et surnaturelle.
On pourra nous objecter d’en tirer un tel enseignement.
On ne pourra retirer à un croyant sa liberté de le penser et de s’en inspirer comme d’un témoignage inachevé et pour le temps qui vient !
Pour le bien des enfants de la République, de la Nation française, de l’Education Nationale qui vit aujourd’hui un drame personnel aux conséquences profondes pour sa vocation universelle !