Génocide à petit feu - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Génocide à petit feu

Traduit par Bernadette

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Il n’est ni clair ni agréable à lire, mais la semaine dernière je me suis plongé dans Résumé des statistiques cruciales 2012 : issue des grossesses dans la ville de New York. Il y a apparemment de bonnes nouvelles dans ce rapport. Par exemple : que « depuis 2003, le taux de grossesses adolescentes poursuit un déclin régulier », ou que le nombre d’avortements provoqués a également diminué – de 73 815. Le département d’hygiène et de santé mentale de la ville de New York ne spécule pas sur les raisons de ces déclins, pas plus qu’il ne dénonce d’autres données qui devraient horrifier toute personne pourvue de sens moral. Les centres pour le contrôle des maladies suivent la trajectoire des naissances et des taux de fertilité année après année, et leurs données collectées au plan national suggèrent qu’il n’y a pas de surprise dans la chute des taux de naissance à New-York, comme on peut voir sur le graphique ci-dessous : births_fertility_june_2013_fig1.jpg Mais pour aller au truc vraiment mauvais : plus d’un tiers (35 %) des grossesses dans la Grosse Pomme se terminent par un avortement provoqué. Un tel chiffre est, pour beaucoup d’entre nous, tout simplement épouvantable. Mais ce n’est pas la donnée la plus inquiétante. Parmi les Afro-Américains (recensés par la ville de New York comme Noirs non-hispaniques) qui constituent un quart de la population de la ville (cela inclut les cinq arrondissements), il y a 1,25 avortement pour chaque naissance. Pour le dire autrement : bien que les Afro-Américains ne représentent que 25% de la population de la cité, ils totalisent 42% des avortements pratiqués à New York. Puisque ces avortements ne sont pas la conséquence d’un programme d’avortement forcé dans le style chinois, cela semble incontestablement être un cas de génocide provoqué. Creusons davantage : selon le rapport, 59 522 femmes noires ont été enceintes à New York durant l’année 2012. Il en est résulté : 31 328 avortements provoqués, 24 758 naissances d’enfants vivants, 3 446 avortements spontanés. Bien que non répertorié dans les données du département de santé de New York (alors que ça devrait l’être), de ces presque 25 000 bébés qui échappent à l’avortement, près de 80% sont issus de mères célibataires. Quand Daniel Patrick Moynihan a tiré pour la première fois la sonnette d’alarme (1965) concernant le taux croissant de naissances hors mariage dans la communauté noire, ce taux état de 25%. Comme l’a écrit Doug Patton : C’est un taux plus élevé que durant les années où une partie de l’Amérique pratiquait toujours l’esclavage… En 1850, quand les Noirs, hommes, femmes ou enfants pouvaient être arrachés à leurs proches et vendus dans plusieurs États, le pourcentage d’enfants nés et élevés dans une famille avec leurs deux parents était supérieur à ce qu’il est devenu un siècle et demi plus tard… Vous n’allez pas me voir me tordre les mains et pleurnicher sur « la destruction de la famille noire », bien que ce qu’on fait les « champions des droits civiques » pour lutter contre ce cauchemar démocratique ne soit pas apparent. Mon respect pour les gens est trop grand pour retourner aux panacées qui, en un demi-siècle, se sont de toute façon révélées inefficaces et qui dénient aux gens en question les capacités à raisonner sur les problèmes, à accepter la responsabilité de leurs erreurs et à entreprendre les réformes nécessaires. Je refuse également de blâmer la descente multi-décennale de New York dans le chaos démographique en raison de ses politiques libérales (ce qui inclut les mandats du républicain Giuliani et de l’indépendant Bloomberg). Les quartiers afro-américains, surtout dans le Bronx, ont profité de 50 ans d’auto-gouvernance, et pendant ce temps les choses sont allées de mal en pis pour les plus pauvres d’entre les pauvres, ce qui est particulièrement stupéfiant étant donné que dans Queens, les revenus des ménages noirs sont supérieurs à ceux des ménages blancs. Combien de temps une société — ou une communauté — peut-elle tenir sur un tel modèle ? C’est difficile à dire. Dans le temps où nous découvrons la réponse, les initiatives politiques usuelles ayant échoué sont remodelées en innovations prometteuses. Ainsi que Kay S. Hymowitz l’a récemment écrit, beaucoup insistent sur le fait que la réponse est plus du ressort du gouvernement, pointant que « le taux de pauvreté des foyers mono-parentaux est plus bas dans la plupart des autres pays développés, où l’aide sociale est plus généreuse ». Il y a de la vérité-là dedans. Mais comme l’écrit Mme Hymowitz, l’Amérique n’est pas la Suède :
Une évaluation simple montre que les parents non mariés ici sont plus susceptibles d’entrer dans leur condition de parents d’une façon qui créera infailliblement le trouble dans la vie de leurs enfants. En Amérique, la mère célibataire type est plus jeune que ses homologues des autres nations développées. Elle est aussi davantage sujette à vivre dans une communauté où la mère célibataire est la norme…
Le souci est que même les programmes gouvernementaux conçus pour encourager le mariage échoueront, dans une large mesure parce qu’ils réduisent le mariage à un argument pour assurer une stabilité économique. Le mariage comme tactique utilitaire, non comme union spirituelle. Même sur le site web dévolu au mariage (www.ForYour Marriage.org) qui est une « initiative de la conférence des évêques catholiques des Etats-Unis », David Popenoe du National Marriage Project intègre dans sa liste des dix trouvailles pour souhaiter le mariage que l’union matrimoniale « aide les gens à générer des revenus et de la richesse ». C’est peut-être un argument utile dans certains cas. On soupçonne cependant que les visiteurs du site y viennent pour avoir soit des conseils sur le mariage soit une information pour organiser leur future noce. Ce qui est vraiment nécessaire pour résoudre la crise de fornication, avortement, cohabitation et mono-parentalité est la compréhension du mariage en tant que sacrement. Et, Dieu merci, le site www.ForYourMarriage.org le fait bien. Sur une page à propos de la sexualité dans le mariage, dans le contexte de La théologie du corps, de Jean-Paul II :
Le pape commence avec l’idée que chaque être humain est voulu pour lui-même. Par son amour, Dieu crée les êtres humains, hommes et femmes, personnes pourvues de dignité et méritant le respect. Par son amour, Dieu établit le mariage comme la première communion entre des personnes.
Bonne chance à la classe politique new-yorkaise pour embrasser cela, la solution la plus réaliste pour cette série de crises sexuelles.
— – Brad Miner est le plus ancien des rédacteurs de The Catholic Thing, membre de l’institut Foi & Raison et membre du conseil de l’Aide à l’Eglise en Détresse aux USA. Il est l’auteur de six livres et un ancien chroniqueur littéraire de National Review.