Loin d’être un coup médiatique, ce choix s’inscrit dans une stratégie cohérente et de grande ampleur. Avec un taux d’abstention très élevé, le scrutin européen exige de mobiliser le noyau dur de l’électorat. En l’occurrence, pour Les Républicains, il s’agit des électeurs qui ont voté François Fillon au premier tour de l’élection présidentielle et qui ne se sont pas reportés sur Emmanuel Macron au second. Sociologiquement, il s’agit d’un électorat plus âgé et plus catholique que la moyenne.
Pour des élections nationales, ce choix serait tactiquement contestable. Mais lors des élections européennes, nombreux sont ceux qui fondent leur choix sur des critères seconds. À gauche, il peut s’agir des questions écologiques ou environnementales. À droite, ce sont les valeurs ou les enjeux moraux qui peuvent être privilégiés, alors que la préservation de la situation économique serait le critère déterminant lors d’un scrutin national. Dans cette perspective, la désignation de François-Xavier Bellamy ne manque pas de cohérence du point de vue strictement électoraliste.
Le scandale suscité par sa nomination, qui fait hurler une partie des médias, peut lui permettre d’acquérir une certaine notoriété à court terme. Mais à moyen et long terme, l’éternelle question pour la droite – parfaitement identifiée par Jean-Claude Michéa – est de savoir comment parvenir à proposer une offre identitaire et conservatrice, sans remettre en cause un modèle économique et européen qui la détruit mécaniquement. Il y a là une contradiction que le profil de François-Xavier Bellamy pousse à l’incandescence.
