FRISSONS : OTZI DANS SON FRIGIDAIRE - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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FRISSONS : OTZI DANS SON FRIGIDAIRE

Chronique n° 494 – F.C. – N° 2344 – 28 février 1992

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Paysage de l'Ötzal

Paysage de l'Ötzal

© Cactus26 / CC by-sa

Il y a ceux qui s’apprêtent à célébrer la découverte de l’Amérique par Colomb, et parmi ceux-ci les grincheux qui, en ce moment (c’est très à la mode paraît-il), affichent son portrait dans tous les saloons du Far West avec la suscription Wanted, non sans d’excellentes raisons telles que celle-ci, de Jean Yanne je crois, et la plus irréfutable : si Colomb n’avait pas découvert l’Amérique, jamais le Président Kennedy n’aurait été assassiné. Il y a ceux qui remarquent que, Colomb ayant trouvé l’Amérique habitée, il semble, sauf erreur, que certains hommes l’avaient découverte avant lui. Il y a encore ceux pour qui le seul cinquième centenaire digne d’être célébré cette année est celui du sieur Antoine de Ville, seigneur de Dompjulien et capitaine de Montélimar, qui en 1492 inventa l’alpinisme en escaladant pour la première fois le Mont Aiguille réputé inaccessible1, sur le sommet duquel il eut toutefois la surprise de rencontrer un gros bélier en train de brouter paisiblement2. Et puis il y a Otzi qui, si j’en juge par sa photo que j’ai sous les yeux, considère toutes ces célébrations avec un certain détachement. Otzi, ainsi nommé du glacier de l’Otztal où il a été trouvé l’an dernier en territoire autrichien (mais, argumentent les Italiens, à seulement quatre-vingt-douze mètres et cinquante-six centimètres de la frontière italienne) pratiquait déjà l’alpinisme il y a 4 600 ou 4 800 ans sur le Hauslabjoch, à 3 200 mètres d’altitude, et repose présentement, dûment traité au phénol, dans le réfrigérateur du Pr Konrad Spindler de l’Institut de Préhistoire de l’Université d’Innsbruck. Quoique présenté comme un personnage « de rang social élevé » par les préhistoriens qui l’étudient depuis le 19 septembre dernier, date de sa découverte, Otzi doit être plutôt surpris de l’intérêt qu’il suscite quelques quarante-huit siècles après la tempête de neige où il périt3, avec armes et bagages, si près du col qu’il s’apprêtait à franchir. Ou qu’il venait de franchir, chi lo sa ? Les journaux ont décrit son équipement bien conservé, vêtements de peau et de fourrure ajustés et cousus de cuir, solides chaussures de cuir fourrées de paille comme on faisait encore dans la campagne française au XVIe siècle au témoignage de Rabelais, cape de joncs tressés, semblable par sa forme à la « pèlerine » que j’ai portée dans mon enfance en une autre partie des Alpes (celle des chasseurs alpins de naguère), panoplie très complète, permettant, par comparaison avec les armes déjà connues et datées des sites archéologiques, de confirmer la date obtenue par les méthodes physiques (carbone 14, etc.). Cet équipement permet peut-être aussi de répondre à la question posée plus haut : venait-il du nord ou du sud ? En effet l’armature de son sac à dos est en mélèze, arbre plus répandu alors, comme maintenant, sur les versants sud. Et surtout le manche de sa hache est en if, inexistant au nord. Les archéologues italiens sauront faire valoir ces particularités pour revendiquer les facilités d’étude qu’ils disputent à leurs collègues autrichiens. À contempler ce jeune homme miraculeusement transporté jusqu’à nous par la glace, vraie machine à visiter le futur, on regrettera surtout de ne pouvoir le faire parler. Si les paroles aussi gelaient, comme le raconte encore Rabelais dans son Quart Livre, la plus grande énigme de la protohistoire européenne se trouverait sans doute résolue : cinq ou six mots suffiraient pour nous dire s’il parlait déjà une langue apparentée aux nôtres. Appelait-il le mouton « owis », l’homme « ghmon » ou « ghemon », son frère « bhràter », savait-il monter un animal appelé « eknos », cheval, disait-il « okwi » pour « œil », avait-il emmanché sa hache « agwsi », ou « pelekus », ou encore « sekur » avec une branche d’ «  eiwa », if ? On a trouvé dans son sac une provision de prunes sauvages, qu’il n’a pu cueillir qu’en automne4. Appelait-il déjà la belle étoile qu’on voit à l’ouest les soirs de cette saison « Arcturus », ce qui signifie la queue de l’ours ? Otzi avait une chevelure brune et taillée en casque. Son type physique est celui des sépultures de la même époque en Europe centre-occidentale, qui survit d’ailleurs dans les Alpes, dans le Massif Central et en Bretagne. Avec quoi taillait-il ses cheveux, dont un millier ont été comptés par les patients chercheurs d’Innsbruck, longs d’à peu près neuf centimètres, les cheveux s’entend ? Probablement avec un instrument du même métal que sa hache : non pas la pierre ni le bronze, mais le cuivre, ce qui le situe à cette brève époque où errait en Europe le peuple le plus énigmatique du néolithique, appelé en France « peuple du gobelet campaniforme » et ailleurs « beaker people ». Sur les cartes archéologiques, on trouve des sépultures de ce peuple depuis le sud de l’Espagne jusqu’au nord de l’Écosse et aux confins de l’Ukraine. Les campaniformes semblent avoir été des chasseurs à l’arc. On les trouve toujours ensevelis avec un poignard en cuivre et un petit bracelet d’archer très caractéristique qu’ils se fixaient au poignet avec une courroie, afin, pense-t-on, de se protéger la face interne du poignet contre la corde de l’arc au moment du tir. Il ne semble pas toutefois, à ce que j’ai pu lire, qu’Otzi ait été muni de ce brassard, bien qu’on ait retrouvé son arc. L’époque d’Otzi est, comme je l’ai dit, très sensible du point de vue linguistique. En ce moment même, en effet, une dispute plus ou moins courtoise oppose certains archéologues, sous la bannière de Colin Renfrew, professeur à Cambridge, à la majorité des linguistes sur l’apparition en Europe des langues dont nous parlons tous, sauf les Basques, les Hongrois et les Finnois, des dialectes apparentés5. D’après Renfrew6, les langues indo-européennes auraient investi notre continent en même temps que l’agriculture et l’élevage, sans invasion, par la multiplication démographique sur place des populations autochtones adoptant les nouvelles techniques. Les tenants de Renfrew estiment que l’adoption de l’agriculture, en multipliant par cinq ou plus la densité du peuplement, aurait entraîné la propagation simultanée des nouvelles techniques et de la langue allant avec. C’est ce qu’ils appellent le « modèle de propagation en vague » : la vague progresse, mais l’eau reste sur place. De même, les langues progressent, mais la population se multiplie sur place. « Je suis très séduit par ce modèle », m’a dit l’inventeur d’une des plus récentes fouilles « campaniformes », M. Gérard Sauzade d’Aix-en-Provence, qui vient de mettre à jour le poignard de cuivre, le brassard d’archer et le gobelet en forme de cloche au dolmen du Villars, dans les Alpes de Haute-Provence, non loin de l’endroit où j’écris ces lignes. Si le « modèle en vague » s’imposait, il faudrait situer la langue indo-européenne originelle là où les techniques agricoles ont apparu tout juste avant d’envahir l’Europe, c’est-à-dire au centre de l’actuelle Turquie. L’archéologie, qui raisonne sur des faits concrets (sépultures, habitats, outils, armes), produit des cartes géographiques irrécusables, comme on peut le voir dans le livre classique d’A. J. Ammerman et L. L. Cavalli-Sforza, The Neolithic Transition, p. 597. Mais ces cartes ne satisfont pas les linguistes qui, en analysant les langues originelles de l’Europe (le celtique, le germanique, le latin, le grec, le lituanien et le slave principalement), découvrent une foule de mots communs désignant des objets, des végétaux, des animaux, des comportements et jusqu’à des idées complètement inconnues à l’époque et sur les lieux d’où viendrait cette langue originelle. Par exemple le bronze, le cheval, le char et ses diverses parties – roue, joug, essieu –, le castor, le hérisson, le hêtre, la hiérarchie sociale (noblesse, clergé, tiers état) longuement analysée par Dumézil et Benveniste. Quand on feuillette les vocabulaires pré-indo-européens reconstruits d’après les langues (comme celui de X. Delamarre, Maisonneuve éditeur8) on voit apparaître un environnement plutôt froid, humide, fluvial, giboyeux, verdoyant, dont le modèle est l’actuelle Ukraine, pays des anciens Scythes9. Le plus récent bilan linguistique (J.P. Mallory : ln search of the lndo-Europeans, Londres 1989) propose une bonne douzaine de lieux d’origine possibles, tous situés dans cette région sauf deux, celui de Renfrew et un autre au sud du Caucase, plus à l’est (a)10. Au moment où Otzi se perdait dans la neige du Hauslabjoch, les pyramides d’Égypte étaient toutes neuves et la plupart des grands mégalithes bretons essuyaient les pluies de l’Atlantique depuis plus d’un, voire plusieurs millénaires11. L’Europe était déjà un vieux pays plein de souvenirs et d’oubli12. Lui-même en savait beaucoup moins que nous sur ce lointain passé. Abraham et les siens erraient quelque part dans le désert à l’ouest d’ « Ur en Chaldée ». Des scribes notaient les premières lueurs de l’Histoire sur les bords du Nil et des deux grands fleuves. Les Chinois gravaient le yin et le yang sur des écailles de tortue. Tous ignoraient que la terre n’était qu’une poussière dans l’espace. Nous qui le savons et qui comptons les cheveux d’Otzi dans un frigidaire d’Innsbruck, en sommes-nous plus avancés ? Aimé MICHEL (a) Exemples de mots dont la dispersion semble peu explicable par la progression de nouveautés techniques : Sommeil: apparenté dans une douzaine de familles de langues depuis le tokharien (anciennement au nord de la Chine13) et le sanskrit (Inde ancienne) jusqu’au vieil islandais. De même les mots œil, pied, loup, bouleau, eau, femme, père, mère, soleil, lune, chaud, couler, et beaucoup d’autres. Chronique n° 494 – F.C. – N° 2344 – 28 février 1992 Capture_d_e_cran_2014-11-10_a_12-28-10.png Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 21 septembre 2020

 

  1. Antoine de Ville prend possession du terre-plein qui occupe le sommet du « Mont Inaccessible » au nom du roi de France Charles VIII le 26 juin 1492. Cette prise de possession d’un sommet, au demeurant modeste (2097 m), rebaptisé à cette occasion Aiguille-Fort, ouvre toutes les histoires de l’alpinisme ; elle invite également à faire le parallèle avec la prise de possession de l’île de Guanahani par Christophe Colomb quatre mois plus tard, le 12 octobre 1492, île rebaptisée San Salvador. Il est donc tentant d’y voir le signe d’une modernité naissante où l’on défie les sommets et où l’on part à la conquête du monde. Cette interprétation est-elle correcte ? En fait, pas vraiment : s’étonnera-t-on que les motivations d’un roi de la fin du Moyen-Âge soient très différentes des nôtres ? Au point de départ de cette ascension mémorable se trouve une ressemblance aujourd’hui oubliée : celle du Mont Inaccessible avec l’image qu’on se faisait du paradis terrestre, jardin perché au somment d’une montagne tabulaire, clôturé de murs et bordé de falaises verticales. Cette image, reprise par Dante, renvoyait à une autre, politique celle-là, assimilant le fertile Royaume de France, à l’abri derrière ses frontières montagneuses, au Jardin d’Éden, et son roi au bon jardinier de la Genèse. Charles VIII a donc contribué à détourner des images, très diffusées à l’époque, de leur sens originel pour les charger de significations politiques nouvelles. Un article perspicace de l’historien Serge Briffaud « Visions de la montagne et imaginaire politique. L’ascension de 1492 au Mont-Aiguille, et ses traces dans la mémoire collective (1492-1834) » met en lumière l’influence durable de cette ascension. « L’ascension du Mont-Aiguille, conclut-il, ne correspond en aucune manière à un signe de l’émergence d’une sensibilité nouvelle pour la montagne, qui annoncerait son développement ultérieur. Elle a été la conséquence du développement, à la fin du Moyen Age, d’une symbolique à la fois monarchique et nationale ; le reste n’est qu’affaire de hasard. Il se trouve que le Mont-Aiguille correspondait fort bien aux images, en vogue à l’époque, du jardin paradisiaque symbolisant le royaume de France. Et c’est comme tel qu’il a attiré l’attention du personnage le plus familier avec cette symbolique, à savoir le roi lui-même. Les enseignements les plus remarquables que l’on peut tirer de l’ascension du Mont-Aiguille concernent donc moins a priori l’histoire des sensibilités face à la montagne que celle des mythologies politiques. » (https://www.persee.fr/doc/mar_0758-4431_1988_num_16_1_1357). Le souvenir et la signification monarchique de cette ascension de 1492 se perpétua pendant trois siècles et demi. La deuxième ascension, conduite par le curé de Chichilianne, n’eut lieu qu’en 1834. Elle est suivie quinze jours plus tard d’une troisième ascension dont le but est de tourner les deux premières en ridicule : huit villageois y chantent la Marseillaise, dansent et font une partie de boules avec des pierres. Par la suite le souvenir du Mont-Aiguille s’efface tandis que le Mont-Blanc et autres sommets des Alpes du Nord, jusqu’alors presque ignorés, le remplacent dans l’imaginaire collectif avec de tout autres connotations.
  2. C’est du moins ce que raconte Rabelais au chapitre LVII de son Quart Livre dans un récit inspiré de l’ascension de 1492 : « En icelluy jour, Pantagruel descendit en une isle admirable, entre toutes aultres, tant à cause de l’assiete que du gouvernement d’icelle. Elle de tous coustez pour le commencement estoit scabreuse, pierreuse, montueuse, infertile, mal plaisante à l’œil, tres difficile aux pieds et peu moins inaccessible que le mons du Dauphiné, ainsi dict pource qu’il est en forme de potiron, et de toute mémoire personne surmonter ne l’a peu, fors Doyac, conducteur de l’artillerie du Roy Charles huyctieme, lequel avecques engins mirificques y monta, et au dessus trouva un vieil belier. C’estoit à diviner qui là transporté l’avoit. Aucuns le dire, estant jeune aignelet, par quelque aigle ou duc chaüant là ravy, s’estre entre les buissons saulvé. Surmontant la difficulté de l’entrée, à peine bien grande et non sans suer, trouvasmes le dessus du mons tant plaisant, tant fertile, tant salubre et délicieux, qui je pensoys estre le vrai Jardin et Paradis terrestre: de la situation duquel tant disputent et labourent les bons théologiens »
  3. La datation au carbone 14 a donné à Ötzi un âge compris entre 5350 et 5100 ans, affinée par la suite à 2600 av. J.-C. C’est l’une des trois momies les plus anciennes connues. L’ADN mitochondrial extrait de son corps est semblable à celui des Européens contemporains et l’apparente aux populations de l’Europe du Nord et du Centre (Science, 264:1775-8, 1994). La comparaison des minéraux trouvés dans les dents, les os et les intestins avec des échantillons d’eau et de sol ont permis de déterminer qu’Ötzi avait passé son enfance dans la vallée de l’Eisack et son âge adulte dans la vallée voisine de l’Etsch (Science, 302:862-866, 2003), respectivement au nord-est et au nord-ouest de Bolzano, en Italie, où la momie est aujourd’hui conservée. Son dernier repas fut constitué de viandes de cerf et de bouquetins et de céréales cultivées (PNAS, 99:12594-12599, 2002). Son couteau était à lame de silex mais la lame de cuivre de sa hache n’était pas aiguisée, seules deux des quatorze flèches de son carquois étaient prêtes à l’emploi, les autres étant dépourvues de pointe en silex et de plumes et son arc n’était pas monté. Ötzi souffrait d’arthrose (soignée par des incisions visibles sous forme de tatouages), d’un parasite intestinal (trichine, soigné par un champignon qu’il avait avec lui), de la maladie de Lyme (peut-être à l’origine de l’arthrose), de lésions des artères (athérosclérose) et des poumons (fumées associées à des métaux, peut-être était-il fondeur de cuivre ?). Il mourut à l’âge d’environ 46 ans, en fin de printemps ou début d’été, date déduite des pollens qu’il ingéra. Son décès fut provoqué par une pointe de flèche, retrouvée dans son épaule gauche, à la suite d’un combat, dont témoignent également ses blessures à la main, aux poignets et à la cage thoracique. Les traces de sang sur le corps et les outils proviennent également de quatre autres personnes. Les analyses de l’ADN sanguin suggèrent qu’Ötzi tua deux de ses assaillants et porta sur le dos un ami blessé. Curieusement, un menhir gravé contemporain conservé dans l’église de Laces montre un homme abattu de dos par une flèche. Serait-ce l’indice qu’on tenait à se souvenir des circonstances de la mort de cet homme important ?
  4. Les prunes sauvages se conservent bien. Cueillies en fin d’automne, elles peuvent être consommées en fin de printemps ou début d’été.
  5. La plupart des langues parlées aujourd’hui en Europe et de nombreuses langues parlées en Iran (persan, kurde, pachto, etc. voir note 9 de n° 483) et en Inde (védique, sanskrit, hindi, etc.) présentent entre elles de telles similitudes, tant de vocabulaire que de grammaire, qu’il n’est possible de les expliquer que par une origine commune. Cette parenté a été reconnue dès le XVIe siècle quand des relations régulières ont été établies avec l’Iran et l’Inde et que les Européens ont connu le persan et le sanskrit. Une nouvelle discipline scientifique est née à la fin du XVIIIe siècle pour étudier ces similitudes qui a abouti d’une part à dresser un arbre généalogique de ces langues et d’autre part à reconstituer une partie du vocabulaire de la langue aujourd’hui disparue, appelée proto-indo-européen, à l’origine des langues indo-européennes actuelles (elles comptent aujourd’hui plus de trois milliards de locuteurs dans le monde, ce qui en fait la plus grande des familles linguistiques). Où les locuteurs de cette langue disparue vivaient-ils ? La question préoccupe les indo-européanistes depuis plus de deux siècles et elle est toujours l’objet de débats et de controverses. À la fin des années 1980, deux ouvrages de synthèse destinés aux non spécialistes relancent les discussions à ce sujet, le premier écrit par l’Anglais Colin Renfrew, professeur à Cambridge, né en 1937, et le second par l’Anglo-américain James P. Mallory, professeur à Belfast, né en 1945. Bien que tous deux soient archéologues, ils s’opposent à la fois sur la région d’origine de ce peuple et sur la date à laquelle son expansion s’est produite… Mais avant de donner quelques indications sur cette controverse dans les notes qui suivent, tentons de délimiter son cadre géographique et chronologique ainsi que les faits et méthodes sur lesquels elle repose. De nombreuses régions d’origine ont été envisagées, situées de l’Europe centrale jusqu’à l’Ukraine voire la Russie occidentale en longitude et de la Turquie-Arménie jusqu’aux pays baltes en latitude. De nombreuses dates ont été également proposées pour l’expansion des locuteurs proto-indo-européens qui vont des débuts de l’agriculture dans certaines de ces régions il y a 9000 ans ou plus tard, il y a 6000 ans, dans des sociétés déjà différenciées et hiérarchisées, jusqu’à, au plus tard, il y a 3000 ans. Ce ne peut pas être plus tard car les trois premières langues indo-européennes (hittite, mycénien et védique) sont alors attestées et déjà très différentes les unes des autres, indiquant une séparation plus ancienne. Pour résoudre ces grandes incertitudes de lieux et de dates, les chercheurs disposent de quatre sources d’informations. La première et principale source est linguistique : la parenté des langues indo-européennes est le fait massif qui exige une interprétation et motive le recours aux autres sources. La seconde, historique, est illustrée par les travaux de Georges Dumézil et de son école sur les correspondances entre mythes et institutions des peuples indo-européens. La troisième source est archéologique avec le grave inconvénient que les objets, en l’absence d’écriture, sont muets et n’apprennent rien de la langue parlée par leurs artisans et utilisateurs. Enfin, la dernière source, la plus récemment mise en œuvre, est biologique, avec les études génétiques actuellement en plein essor dont Luca Cavalli-Sforza a été le pionnier (notes 7 et 12 ci-dessous).
  6. La thèse de Colin Renfrew, exposée dans son livre Archaeology and language. The puzzle of indo-european origins (Jonathan Cape, Londres, 1987; trad. fr. par M. Miech-Chatenay, L’énigme indo-européenne. Archéologie et langage, Flammarion, Paris, 1990) a surtout séduit par son originalité (son excentricité diraient certains) et sa simplicité. Elle situe le foyer indo-européen originel en Anatolie. Voici comment les choses se seraient passées. Il y a 12 000 ans (Xe millénaire avant notre ère) la dernière période glaciaire prend fin ; en un ou deux millénaires, les glaciers fondent et le niveau de la mer monte d’une centaine de mètres. À la même époque, dans le Croissant fertile, en Israël et en Syrie, apparaissent les premiers villages permanents dont les habitants pratiquent la cueillette des blés et orges sauvages. Progressivement, ils domestiquent plantes et animaux. Les hommes, qui jusque-là vivaient de la chasse et de la pêche, deviennent agriculteurs : c’est la révolution néolithique popularisée par le célèbre archéologue Gordon Childe (1892-1957). La fouille d’une des premières bourgades d’Anatolie, Çatal Höyük, fondée il y a 10 000 ans, a montré qu’elle était déjà une ville de 5 000 habitants mille ans plus tard. C’est de là et à ce moment, selon Renfrew, que sont partis les premiers colons néolithiques de langue indo-européenne, d’abord vers la Grèce puis vers l’ouest du bassin méditerranéen, tandis que d’autres montant vers le nord vers le bassin du Danube seraient allés jusqu’à la Baltique et à l’Atlantique qu’ils auraient atteints il y a 6 000 ans en progressant à la vitesse moyenne de 1 km par an, défrichant la forêt au fur et à mesure et se mêlant aux populations autochtones de chasseurs-cueilleurs. D’autres communautés seraient parties vers l’est en adoptant le mode de vie pastoral et auraient atteint l’Iran, l’Inde et même la Chine. Toutefois, pour soutenir sa théorie, C. Renfrew doit minimiser les travaux de Georges Dumézil sur les mythes indo-européens (voir note 1 de n° 394 et note 6 de n° 423 ; A. Michel connaissait personnellement cet éminent comparatiste qu’il admirait beaucoup, cf. n° 288 et 423) et mettre en doute les résultats de la paléontologie linguistique (1990, pp. 26 et 100-109) ; je reviens sur ce dernier point plus bas.
  7. Le généticien Luigi Luca Cavalli-Sforza, né à Gênes en 1922 et professeur à l’université Stanford, a fait une synthèse de l’évolution humaine depuis les origines, fondée sur la génétique, la paléontologie, la linguistique et l’histoire dans son livre Qui sommes-nous ? (coll. Champs n° 357, Flammarion, Paris, 1994, trad. de l’italien par F. Brun). Au chapitre VI, intitulé « Les dix derniers millénaires : la longue marche des agriculteurs », il raconte la naissance de l’agriculture, l’explosion démographique qu’elle a provoquée et l’expansion des agriculteurs à partir d’une zone située entre la Turquie et l’Irak. C’est, comme on le voit, la même thèse que Colin Renfrew, à l’importante différence près que Cavalli-Sforza ne se prononce pas sur la langue parlée par ces agriculteurs migrants et situe ailleurs, comme on va le voir, le foyer d’origine des indo-européens. Son apport le plus original, en génétique, a consisté à rassembler toutes les données publiées dans la littérature scientifique sur les gènes déterminant les groupes sanguins (par exemple les gènes Rh positif et négatif) et les groupes tissulaires (gènes HLA) dans de nombreuses populations différentes en Europe et au-delà. Il a pu ainsi calculer la fréquence de ces gènes en chaque point d’un réseau couvrant l’ensemble de l’Europe. En soumettant ces données sur 39 gènes (en 1978) puis sur 95 gènes, à une analyse statistique appropriée de la variabilité entre gènes (l’analyse en composantes principales), il a pu dresser des cartes délimitant les zones où les fréquences moyennes sont les mêmes, semblables aux cartes habituelles figurant le relief par des courbes de niveaux. La carte construite à partir de la première composante, qui explique 28 % de la variabilité totale, présente des valeurs allant en diminuant en direction du nord-ouest à partir d’un maximum situé au Proche-Orient. Cette carte régulière s’explique aisément par la migration des premiers agriculteurs néolithiques qui ont eu une descendance avec les chasseurs-cueilleurs autochtones. La carte de la seconde composante principale dont le maximum est dans l’extrême nord européen avec décroissance en direction du sud-ouest est interprétée par Cavalli-Sforza comme une adaptation au froid et aussi le reflet d’une migration de populations parlant des langues ouraliques (parlées aujourd’hui en Laponie, Finlande, Pays baltes, Hongrie) . La troisième composante présente une décroissance concentrique à partir d’un maximum situé au nord de la Mer Noire à l’est de l’Ukraine. Cavalli-Sforza l’interprète par l’expansion de pasteurs nomades de langue indo-européenne descendants des premiers agriculteurs ayant migré dans cette région, en bon accord avec la synthèse de Mallory (voir note suivante). Quant à la quatrième composante elle a son maximum en Grèce et reflète l’expansion grecque qui a eu son apogée entre 1000 et 500 av. J.-C. La cinquième, enfin, a son maximum au pays basque ; elle n’est pas l’indice d’une expansion mais traduit la résistance des Basques prénéolithiques à l’infiltration des agriculteurs néolithiques. D’autres travaux suggèrent que le modèle de la vague tel que décrit par C. Renfrew et résumé par A. Michel pourrait être plus fidèle à ce qui s’est passé que la migration physique des premiers agriculteurs. En effet, les analyses de l’ADN des mitochondries (hérité de la mère) par Bryan Sykes et coll. (Am. J. Hum. Gen. 1996 ; B. Sykes, Les sept filles d’Ève : Génétique et histoire de nos origines, trad. par P.-E. Dauzat, Albin Michel, Paris, 2001) et du chromosome Y (hérité du père) par Luigi Luca Cavalli-Sforza et coll. (Science, 10 novembre 2000) ont établi que 80 % du patrimoine génétique des Européens actuels remonte au paléolithique et 20 % seulement au néolithique. Les chasseurs-cueilleurs du mésolithique auraient donc adopté progressivement les pratiques agricoles et la colonisation par les agriculteurs du Proche-Orient n’aurait joué qu’un rôle mineur.
  8. L’ouvrage auquel Aimé Michel fait allusion ici est Le vocabulaire indo-européen : Lexique étymologique thématique, Maisonneuve et Larose, Paris, 1984, 3e édition, 2008. Son auteur, Xavier Delamarre, diplomate et linguiste, s’est spécialisé depuis lors dans l’étude d’une langue celtique disparue, le gaulois, qui a été parlé jusqu’au début de notre ère. Il a écrit à ce sujet de nombreux articles et notes qu’il a rassemblés dans son Dictionnaire de la langue gauloise : Une approche linguistique du vieux-celtique continental, Errance, Paris, 2e édition revue et augmentée, 2003. Il a écrit également les Noms de personnes celtiques dans l’épigraphie classique (2007), les Noms de lieux celtiques de l’Europe ancienne (2012), Les noms des Gaulois (Eleutheria, 2017). On peut s’étonner qu’une telle entreprise soit possible sachant qu’il existe très peu de textes en gaulois. En fait, on connait de mieux en mieux le gaulois grâce à trois sources : les emprunts par d’autres langues, les annotations de manuscrits (gloses) et surtout les nombreuses inscriptions rédigées en divers alphabets (latin, grec, étrusque) portant sur des noms de personnes, de lieux et de dieux. On peut reconstruire le vocabulaire courant à partir de ces noms propres car les Gaulois comme la plupart des peuples traditionnels utilisaient des noms communs pour former les noms propres. Notons aussi au passage que X. Delamarre, comme ses collègues linguistes, est très critique des auteurs comme C. Renfrew, qui ne tiennent pas compte des acquis solides de sa discipline, ou comme Jean-Paul Demoule, qui mettent en doute l’existence d’un peuple indo-européen originaire.
  9. La reconstruction du vocabulaire proto-indo-européen permet de se faire une idée de l’environnement des premiers Indo-Européens. James Mallory n’accepte dans ce vocabulaire que des mots figurants dans au moins trois langues dont au moins une orientale (Iran, Inde ou Chine) et une occidentale. Sur cette base, il conclut que le paysage du foyer indo-européen « devait comprendre des arbres, et même des forêts, milieu naturel nécessaire à un certain nombre de mammifères sauvages. On discerne, par la présence de plusieurs animaux, notamment de certains oiseaux, une tendance à s’établir au bord des lacs et des rivières, ce qui ne surprendra guère les spécialistes de l’habitat préhistorique. Enfin un certain nombre d’arbres, le saule et le bouleau par exemple, sont indissociables du climat tempéré, et laissent supposer une région où le froid était sinon constant, du moins saisonnier. Et c’est à peu près tout : on ne peut rien ajouter de sérieux, sinon conclure qu’il est impossible de confiner le foyer dans des régions de steppe ou de désert (à l’exception de la steppe boisée et des vallées fluviales) sans se mettre en contradiction avec ce que l’on peut reconstituer du protolexique » (À la recherche des Indo-Européens, pp. 134-135, voir note suivante).
  10. James P. Mallory dans son livre de synthèse, In search of the Indo-Europeans (Thames and Hudson, Londres, 1991 ; trad. fr. J.-L. Giribone, À la recherche des Indo-Européens. Langue, archéologie, mythes, Seuil, Paris, 1997) paru quatre ans après celui de C. Renfrew se sépare nettement de ce dernier. Il situe l’origine des Indo-Européens en une période plus récente de 2500 ans et en lieu différent : la région pontico-caspienne en Ukraine et Russie méridionales, en accord avec les idées défendues dans les années 1970 par l’archéologue américaine d’origine lithuanienne Marija Gimbutas (1921-1994). Dans cette région située entre deux fleuves, le Dniestr qui se jette dans la mer Noire à l’ouest et la Volga qui se jette dans la mer Caspienne à l’est, s’est développé depuis le Ve millénaire un groupe de cultures apparentées (dont celle des Yamnaya), très distinctes de celles de l’Europe centrale. Leurs sépultures se composent d’une fosse surmontée d’un tumulus (appelé « kourgane » ou « kurgan » en russe), pratique commune à la presque totalité des cultures indo-européennes. Les éléments archéologiques mis au jour par les fouilles faites en de nombreux sites de cette région montrent une société pastorale de type guerrier. Selon Mallory, ces éléments « correspondent d’assez près, à condition de n’être pas trop pointilleux sur les détails », à la culture proto-indo-européenne reconstituée d’après le lexique. Sont particulièrement frappantes les correspondances portant sur l’usage du cheval et des véhicules à roue car elles sont absentes partout ailleurs en Europe. En effet, c’est sur ce territoire que le cheval a été domestiqué pour la première fois dès le Ve millénaire, tandis que les vestiges de chars et de chariots sont nombreux depuis au moins le IIIe millénaire. Entre 4500 et 2500 av. J.-C. les locuteurs indo-européens se seraient étendus vers l’est jusqu’au Iénisséi et vers l’ouest jusqu’au Rhin et au-delà, en particulier les gens de Yamnaya auraient pu migrer et donner naissance aux cultures de la céramique cordée, mais les données archéologiques sont insuffisantes pour le prouver. À la fin de cette période, le processus est achevé pour l’essentiel et les sociétés historiques attestées par les textes apparaissent peu après. Mallory regrette toutefois que les détails de cette extension soient inconnus. On ne parvient pas à suivre archéologiquement de proche en proche ce mouvement comme on peut suivre la colonisation néolithique, si bien que les données archéologiques ne démontrent pas qu’un lien historique unissait la région pontique à l’Europe centrale et septentrionale. C’est, de l’aveu même de son auteur, un point faible de la théorie. Mallory ne rejette pas la migration (ou la vague) néolithique à partir de l’Anatolie mais nie qu’elle soit indo-européenne. Il estime que la thèse de Renfrew est en complète contradiction avec ce qu’on peut reconstruire du vocabulaire indo-européen, notamment en ce qui concerne le cheval et les véhicules à roues car ils sont complètement inconnus en Anatolie au début des temps néolithiques jusqu’au IVe millénaire. De même, le castor, qui fait partie du vocabulaire commun, est absent d’Anatolie, et d’autres exemples vont dans le même sens. La conclusion de Mallory est sans appel : « toute tentative d’établir un lien entre la colonisation néolithique initiale de l’Europe et l’expansion des premiers Indo-Européens, non seulement n’est étayée par aucune donnée linguistique ou archéologique probante, mais ne fournit même pas une explication plus économique, ce qui devrait pourtant compter parmi les principaux attraits de cette tentative. » (p. 199). Cette opinion était et demeure aujourd’hui la plus répandue chez les spécialistes de la question européenne.
  11. Leur datation au radiocarbone, d’abord accueillie avec scepticisme, a fini par s’imposer. Le dolmen à couloir de Barnenez en Bretagne (vers 4500 av. J.-C.) est le plus ancien monument d’Europe et l’un des quatre plus anciens connus au monde. Ces datations ont conduit au rejet de la théorie traditionnelle de la diffusion des innovations de l’Orient vers l’Occident puisque de nombreux monuments européens sont plus anciens que leurs ancêtres supposés du Proche-Orient (Colin Renfrew, Les origines de l’Europe, trad. Paulette Braudel, Flammarion, Paris, 1983., pp. 97-124).
  12. Fort bien, se dira peut-être le lecteur de cette chronique et des notes qui précèdent, mais ce sont là des travaux vieux de trente ans, donc périmés, tant il a dû se passer de choses depuis. Il n’aura pas tort car de considérables progrès ont été faits depuis quelques années dans ce domaine, mais, le croira-t-on ?, ils n’ont pas complètement résolu la controverse née des travaux de Renfrew et Mallory, ce qui conserve à ces derniers, pour quelques années encore sans doute, une certaine actualité, avant qu’on cesse de leur attribuer un intérêt autre qu’historique, ce qui est le sort de tout travail scientifique. Les progrès effectués proviennent essentiellement de l’analyse des ADN anciens extraits des fossiles humains. Ils doivent beaucoup aux recherches pionnières du Suédois Svante Pääbo effectuées à Leipzig et ils ont été si grands ces dernières années qu’on a pu parler de révolution dans ce domaine, équivalente en importance à la révolution du carbone 14. Ainsi, une étude publiée en 2015 dans Nature sous la direction des généticiens Wolfgang Haak de l’Université d’Adélaïde en Australie et de David Reich et Iosif Lazaridis de l’École Médicale Harvard à Boston a pu analyser deux fois plus d’échantillons d’ADN nucléaire ancien qu’il n’en avait été publié jusque-là. Ces échantillons provenaient de 69 individus ayant vécu en Europe et en Asie entre 6000 et 1000 ans av. J.-C. dont neuf enterrés dans des tombes kourganes de la civilisation Yamnaya au nord de la mer Noire datées de 4000 av. J.-C. et quatre de la culture des Céramiques cordées d’Europe centrale (Allemagne) datés de 2500-2300 av. J.-C. Haak et ses collègues eurent la surprise de découvrir que les trois-quarts des gènes de ces derniers provenaient des Yamnaya. Ils en conclurent que les pasteurs Yamnaya avaient migré massivement au cœur de l’Europe vers 3000 av. J-C. à cheval et en chariot, confirmant les spéculations de G. Childe et M. Gimbutas et apportant les preuves qui manquaient à Mallory pour relier Yamnaya et céramique cordée. Ils montrèrent aussi que les individus des tombes kourganes appartenaient au même clan familial et qu’ils avaient les yeux et les cheveux bruns et la peau claire, mais moins que la moyenne des Européens modernes. Jamais l’archéologie n’avait disposé d’un tel outil pour étudier les migrations, les parentés et les adaptations biologiques. La nouvelle synthèse qui résulte de ces travaux et d’autres, a été exposée notamment par David Anthony et Dorcas Brown, son épouse, dans un article publié en 2017 (« Molecular biology and Indo-European linguistics: Impressions from new data » disponible sur la Toile ; ces archéologues américains ont fourni à l’équipe de Reich les fragments d’os des tombes kourganes qu’ils ont fouillées avec leurs collègues russes). Elle conduit à admettre en accord avec Renfrew que les premiers agriculteurs européens sont venus d’Anatolie à partir de 6000 av J.-C. (les analyses génétiques montrent qu’ils se croisèrent très peu avec les chasseurs-cueilleurs durant plus d’un millénaire) mais, en accord avec Mallory, qu’ils ne parlaient pas une langue proto-indo-européenne. Cette dernière, propagée par le peuple Yamnaya vers 3000 av J.-C., proviendrait de langues parlées par leurs ancêtres chasseurs-cueilleurs d’Europe de l’Est et du Caucase (selon ce que révèlent les analyses génétiques). Pourtant, si les deux migrations ne sont plus contestées, leurs liens avec les langues parlées par les migrants continuent de l’être. Renfrew, notamment, maintient que les gens de Yamnaya n’auraient pas parlé une langue proto-indo-européenne mais une langue indo-européenne plus évoluée, ancêtre des langues balto-slaves comme le Russe et le Polonais.
  13. Sur le tokharien, langue indo-européenne disparue, découverte en Chine au début du XXe siècle, voir la note 12 de la chronique n° 483.