Épitre aux nouveaux maîtres de l'Univers. - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Épitre aux nouveaux maîtres de l’Univers.

Traduit par Pierre

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La « Silicon Valley » va continuer à faire changer le monde — mais en quel sens? Quelle sorte de monde va-t-elle nous proposer?

Ce sera en grande partie selon la vision des créateurs et entrepreneurs de la Vallée, l’usage qu’ils feront des nouvelles techniques qu’ils développent, et les richesses qui en découleront. Et cette vision peut bien dépendre de leur façon de reconnaître le lien entre leurs réalisations et l’héritage — moral et intellectuel — qui a permis ces réalisations.

La chrétienté a pris son essor en Europe et autour de la Méditerranée vers la fin de l’Empire Romain, et a participé au modelage de cet empire devenu ce qu’on appelle désormais l’Occident. Fondée sur la croyance en un Dieu transcendant, et donc imparfaitement connu, la chrétienté accepte avec joie l’épanouissement de la science et de la technique dans le domaine rationnel de l’univers créé par Dieu.

En fait cette religion s’appuie sur la seconde personne du Dieu Un en Trois, le « Logos » — terme grec qu’on ne peut traduire simplement et littéralement par « mot » (« Verbe ») car il inclut la notion de Raison.

Ainsi la vision chrétienne sous-jacente à la civilisation occidentale s’appuie sur le bien et le côté rationnel (qu’on peut tenter de connaître) du monde. Ce qui signifie que les chrétiens avaient confiance en l’ordre fondamental et prévisible de la nature du monde, ce qui amena à chercher et découvrir les lois telles que la gravitation, la cinématique, la conservation de l’énergie, etc…et aboutit à une véritable explosion d’inventivité.

L’humanité a progressé en tombant sur des inventions bizarres, des découvertes fortuites en science ou en médecine au cours des millénaires, puis a exploré de façon plus délibérée et systématique notre monde et ses immenses possibilités. L’exploration et parfois l’exploitation de cette riche potentialité, passant par tentatives et échecs, et la méthode scientifique ont libéré des niveaux inouïs de créativité pour la science et pour l’homme, et amélioré les conditions d’existence.
Mais cette floraison de potentialités humaines, certes centrée ces dernières années dans la « Silicon Valley », n’a pas pour source unique la confiance en la structure rationnelle de la Création, elle repose aussi sur la reconnaissance de la dignité de la personne humaine de la naissance à la mort naturelle.

De nombreux évènements dans l’histoire de l’Occident ne montrent pas une grande réussite au sujet du respect de la dignité humaine, mais c’est la référence choisie — ou reçue — par l’Église pour évaluer ses performances, et celles des autres. Par essence, la mesure chrétienne de l’être humain est incalculable car Dieu nos a créés avec une âme immortelle promise au bonheur éternel, ou au malheur éternel, selon nos libres choix individuels.

Le comprendre ainsi est fort important dans la poursuite de la connaissance, du bien public, de la reconnaissance des droits de l’homme, et la compréhension de l’égalité de tous, chacun ayant joué son rôle au cours du siècle écoulé, siècle de progrès technique, — et devant également en jouer un dans les futures réussites des temps futurs.

Vous serez peut-être étonnés d’apprendre que l’épanouissement du potentiel humain tant mis en évidence dans la « Silicon Valley » dépend aussi des Dix Commandements. Ces Commandements, auxquels nous devons soumettre nos existences viennent de tablettes issues non de la « Silicon Valley » mais de Dieu, transmises par Moïse à Israël puis à la Chrétienté en son temps.

Cette loi naturelle, à laquelle nous sommes libres de nous soumettre ou non (contrairement au rocher qui n’a pas le choix devant devant la loi de la pesanteur) s’ajoute aux lois scientifiques de la nature. Elle nous indique comment nous épanouir en ce monde et comment aider les autres à s’épanouir. Ainsi les Dix Commandements doivent être la règle commune de tout comportement humain — c’est pourquoi ils doivent tout imprégner, y-compris dans la « Silicon Valley ».

Bon, vous pouvez penser : « D’accord, il s’agit d’un long cheminement de milliers d’années depuis les Dix Commandements, et au long des nombreux siècles depuis l’époque des grands penseurs et hommes de synthèse chrétiens comme Thomas d’Aquin et Newton jusqu’aux PC, smartphones et tablettes. Qu’ont fait récemment pour nous la chrétienté et la civilisation occidentale? Où se trouve un lien plus direct entre cette civilisation et « Silicon Valley » pour suggérer où nous sommes et où nous devrions aller?

Permettez un raccourci, citant une influence, guère attribuable au christianisme, d’une époque bien lointaine pour les jeunes générations qui traceront la carte du futur de « Silicon Valley ». Marshall McLuhan était un visionnaire pour l’évolution future des communications dans la première moitié de la décennie 1960 et concernant l’avenir qui est maintenant notre présent. Dans les années 1960 – 1970 ses idées sur les effets des nouvelles techniques et spécialement des nouveaux médias comme la télévision explosèrent dans l’esprit du public.

Vous êtes sans doute familier avec certaines des nombreuses expressions qu’il a lancées pour expliquer comment la technique changeait notre façon de penser, d’accueillir l’information, et de voir le monde — par exemple: « the medium is the message » (le choix des médias fait partie du message), ou, « the global village », et sa prophétie concernant le Web avec près de trente ans d’avance.

McLuhan trouva l’inspiration dans un ouvrage intitulé « What’s Wrong with the World » (Qu’est-ce qui va de travers de par le monde?) du grand écrivain anglais du début du vingtième siècle G.K. Chesterton, converti au catholicisme, et qui est l’auteur anglais le plus cité en langue anglaise après Shakespeare. McLuhan lui aussi s’est converti au catholicisme, ce qui explique son attitude devant la loi naturelle, en dehors de l’action de la grâce, avec l’ampleur globale de la religion fondée sur la vie, l’enseignement, et affirmée par la Résurrection de son fondateur.

En définitive, « Silicon Valley » concerne l’usage de la créativité d’êtres humains ayant reçu de Dieu la faculté de créer des merveilles à partir de « cristaux de sable », comme le remarque George Gilder.La génération précédente d’innovateurs techniques a pu faire appel aux découvertes scientifiques pour créer d’immenses richesses pour tous, cependant, le but final de ce genre de pouvoir, comme de tous autres genres, est le bien de l’humanité — bien matériel, certes, mais aussi et c’est essentiel (pour nous et pour tous) bien spirituel du genre humain.

C’est vraisemblablement l’expression de Vatican II la plus fréquemment employée par le futur canonisé, Jean-Paul II : « Nous sommes tous appelés à faire le don de nous à ceux qui nous entourent.» Ce qui concerne également « Silicon Valley ».

S.S. François nous donne un merveilleux exemple de ce don de soi pour le bien de tous en se dédiant à l’utilisation de tout moyen de diffusion pour répandre son évangile d’amour pour tous, en particulier pour les pauvres. Et il compte non seulement les pauvres économiquement, mais aussi les pauvres en esprit — même s’ils vivent et travaillent dans « Silicon Valley ».

Un conseil utile de lecture : le dernier ouvrage de la « Trilogie Spatiale » du célèbre auteur apologiste chrétien du vingtième siècle C.S. Lewis. Intitulé « That Hideous Strength » (Cette hideuse puissance) il montre les effets de la technique quand elle ne s’appuie pas sur la foi et les valeurs éthiques des Béatitudes et des Commandements mais sur les résultats obtenus exclusivement dans les domaines du profit et de l’innovation.

L’argent est le moins important — après tout plus vous pouvez en dépenser, plus vous serez content (et qui aimerait léguer de l’argent au Fisc?). Pour aboutir à la véritable réussite dont je vous entretiens, vous pourriez songer à suivre un guide spirituel qui vous aiderait à atteindre la pleine réalisation de votre existence sur terre et (pour les croyants) le bonheur dans l’autre vie. Un souvenir de l’époque, dans les années 1970 où je fréquentais Wall Street, le proverbe : « Aucun homme sur son lit de mort n’a jamais dit « j’aurais aimé passer plus de temps au bureau ».»

Nul ne connaît le jour ni l’heure de sa mort. Apportons tout de suite notre contfibution au monde et — que vous songiez ou non à une récompense éternelle — tentons de rendre ce monde plutôt meilleur.

Source : Epistle to New Masters of the Universe