Du désaccord en politique - France Catholique
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Du désaccord en politique

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La perspective du débat parlementaire sur la bioéthique, avec l’extension de la procréation médicalement assistée, nous promet de sérieux affrontements. Mais ne vivons-nous pas désormais sans cesse une situation d’affrontement, parce que, tout simplement, nous sommes en désaccord, et que ce désaccord a des dimensions philosophiques radicales ? Le régime de démocratie libérale semble favoriser des accords entre citoyens grâce aux possibilités de négociations qu’il permet. On peut négocier jusqu’à un certain point sur des intérêts matériels, même lorsque des visions idéologiques contraires s’opposent. Mais lorsque ce sont les convictions, les conceptions de l’existence qui s’opposent, on s’interroge sur la possibilité d’une négociation. Les idées ne se négocient pas, les convictions ne sauraient composer entre elles, sous peine de ne plus être des convictions, mais de simples opinions.

Attention ! Dire que les idées ne se négocient pas ne veut pas dire que ceux qui les portent n’échangent pas entre eux. Bien au contraire, l’échange constitue la première qualité de la vie intellectuelle. Mais je ne suis pas persuadé que nos désaccords actuels nous conduisent vraiment à échanger avec l’intensité qu’il conviendrait. Emmanuel Macron me pardonnera, mais l’opposition qu’il a établie, dès sa campagne présidentielle, entre conservateurs et progressistes, ne me paraît pas propre à faciliter cet échange. Elle aboutit, à l’opposé, à figer les postures, camp contre camp. Le qualificatif conservateur est souvent brandi comme une disqualification de l’adversaire, le progressiste s’arrogeant tous les avantages de l’esprit ouvert, généreux et tendu vers les promesses de l’avenir.

Sans doute y a-t-il aujourd’hui en France une famille qui se réclame, sans complexe, du conservatisme et fait briller les avantages de la fidélité à ce qu’il y a de pérenne dans notre humanité. Mais sur le terrain politique, on peine à dépasser les disqualifications réciproques, alors même qu’il serait urgent que chacun s’affirme dans ce qu’il a de meilleur à proposer. Mais il faudrait consentir à un effort supérieur pour accéder à une réflexion qui nous éclaire sur les enjeux les plus graves de notre temps.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 juin 2019.

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