Des résolutions irréalisables, imprudentes (voire impudentes) pour la nouvelle année - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Des résolutions irréalisables, imprudentes (voire impudentes) pour la nouvelle année

Traduit par Bernadette Cosyn

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Les résolutions de nouvel an échouent presque toujours. Si ce n’était pas le cas, année après année, nous verrions une amélioration constante dans le monde, dans les gens qui nous entourent et en nous-mêmes.

Malheureusement, ce n’est pas le cas. Les pas en avant – quand il y en a – sont généralement compensés par des pas en arrière, ou sur le côté, ou par du simple sur place.

Pour l’exprimer théologiquement, la rédemption – même un humble changement du cœur ou des habitudes – est un don gratuit, la notion sécularisée de progrès est pour une grande part une illusion. Oui, votre nouveau smartphone a plus de fonctions que l’ancien, et votre docteur aura peut-être le moyen de vous soigner plus efficacement en 2019. Mais ne confondez pas ces avancées techniques avec une humanité plus grande – nous avortons un millions de bébés par an sans battre d’un cil et l’euthanasie vient de commencer – et ne parlons pas de la sainteté (qui est ce qui compte finalement).

Pourtant, cela ne peut pas faire de mal d’exposer publiquement quelques desiderata anno Domini 2019, pleinement conscient que probablement, cela ne passera pas. Mais également avec l’espoir que, en identifiant au moins ce dont nous avons besoin, cela nous aide à nous orienter les jours prochains.

Première résolution : En 2019, nous ne devons pas perdre de vue le fait que le monde, et spécialement notre monde américain, est devenu fou. Le monde a commencé à devenir fou au Jardin d’Eden, mais il a parfois ralenti pour reprendre sa respiration. Maintenant, nous allons à toute allure.

Les engouements universitaires les plus fous – la doctrine transgenre, l’éveil cosmique et même le vieux socialisme discrédité – nous sont transmis et imposés par des journalistes entraînés dans des institutions mentales, par des politiciens de connivence, par des programmes scolaires absurdes, par un monde médical qui se couche, par les médias sociaux, les chaînes de sport, la Silicon Valley, les chaînes de restauration rapide et même par certains hommes et femmes d’église.

Chacun de nous doit être préparé à cette plongée dans une anormalité culturelle à tous les étages, et avec une détermination de guerrier – le temps des dialogues gentillets, qui commence non pas en milieu de terrain mais à quelques mètres de notre ligne de but, est passé. Les menaces sont nombreuses et les solutions sont rares et il est difficile de déterminer à l’avance comment résister dans les circonstances propres qui sont les vôtres. Certains choisiront la retraite (et la contemplation), d’autres l’action ; mais nous devons résister maintenant – et vigoureusement, partout où nous le pouvons – spécialement en défendant le mariage et la famille de la nouvelle culture d’Etat.

Seconde résolution : Beaucoup d’entre nous, regrettablement, continuent de parler dans l’espoir de convaincre le pape d’éviter de contredire la doctrine catholique. Parfaite illustration : quatre jours avant Noël, le pape François a donné une allocution improvisée aux travailleurs du Vatican à l’occasion des vacances, dans laquelle il affirme que Marie et Joseph ne sont pas nés saints, mais sont devenus saints à travers l’expérience de la vie, comme nous pourrions tous y arriver.

Joseph, peut-être. Mais la proclamation de l’Immaculée Conception est l’une des deux déclarations infaillibles faites ex cathedra. Le méli-mélo papal – Marie conçue sans péché signifie clairement qu’elle est née sainte – était si bizarre que cela m’a mené à chercher l’original italien. Le passage concerné dit : santi non si nasce, si diventa, e questo vale anche per loro (« Ils ne sont pas nés saints, ils le sont devenus, et cela est vrai aussi pour eux »).

Une confusion telle que celle-ci – si c’est seulement une confusion – ne doit pas continuer. Le texte, maintenant sur le site du Vatican pourrait être aisément corrigé si le pape s’était seulement trompé durant un programme de Noël chargé. Mais cela reste, de plus en plus énervant – et pire – pour les catholiques qui s’attendent à plus de catholicité au Vatican.

Troisième résolution : Nous avons eu tant d’exemples de cette sorte que cela érode la confiance des catholiques les plus actifs dans le monde. Et, bien sûr, la mauvaise gestion de multiples cas d’abus sexuels dans différents pays et le Vatican lui-même ont terni l’image du pape François et de l’Eglise même parmi les non-catholiques et le monde séculier.

Nous avons besoin de rappeler constamment au Vatican qu’il doit agir en 2019, et pas seulement parler – et avoir une réelle action, ce que nous n’avons pas vu, excepté venant de procureurs laïques. (Nous en verrons bien plus en 2019.) Ce que nous avons eu, ce sont de plus en plus de questions d’esquive et la protection de prélats de haut rang.

Et pour ce que nous savons de la rencontre en février des présidents de conférences nationales d’évêques pour traiter la crise des abus sexuels, une action réelle ne semble pas très probable là non plus. A côté de cela, nous avons eu suffisamment de réunions , de commissions, de documents. Dans le monde séculier, cela ressemblerait juste à une tentative de noyer le poisson, en espérant que toute l’affaire cessera progressivement.

Les partisans du pape François ont argumenté que les gens déçus de sa papauté pour d’autres raisons essaient d’utiliser la question des abus sexuels pour le chasser. Dans quelques cas, il se peut bien que ce soit vrai. Mais les commentateurs libéraux d’opinion majoritaire – comme Nicole Winfield de Associated Press écrivant dans le magazine jésuite America – ont fait observer que ce qui arrivera en février pourrait très bien « menacer la contribution du pape ». Et des organes de presse laïques comme CNN disent « comment 2018 est devenue l’année de l’Enfer pour l’Eglise Catholique ».

Si le pape François parle fort en 2019, comme il l’a fait dans un discours à la Curie d’avant Noël, largement médiatisé, mais continue d’éviter les actes forts – et même en freine d’autres, comme il l’a fait avec les évêques américains – personne ne prendra plus sa parole au sérieux. Pour le bien de l’Eglise et du pape lui-même, nous devons sans relâche appeler à l’action.

Quatrième résolution : Nous devons faire de la persécution des chrétiens de par le monde un thème plus largement public. Bien plus largement. Il y a quantité de brutalités gouvernementales de par le monde pour des raisons diverses. Mais des chrétiens – au niveau mondial – un quart de milliard de chrétiens, sont persécutés en Afrique, au Moyen-Orient et en Extrême-Orient. Le pape a soulevé ces question à la fin de l’année, mais nous avons besoin d’une divulgation publique plus constante – de la façon dont le Saint-Père a, par exemple, médiatisé le cas des Rohingya (un groupe musulman).

Une part centrale de ce processus va nécessiter de se pencher sur la situation en Chine communiste – qui n’a pas été améliorée par l’accord Chine-Vatican. De vrai, le gouvernement chinois devient, s’il est encore possible, plus agressif envers les croyants de toutes religions, comme Chris Smith en a récemment fourni des preuves.

De nombreux gouvernements hésitent à dénoncer la persécution par des musulmans de peur d’être étiquetés islamophobes – ou d’encourager des représailles terroristes. Il est difficile de dire pourquoi tant sont si coulants avec la Chine. Que peut-elle leur faire, monter les droits de douane ? L’autorité du Vatican pourrait faire ici une différence – mais nécessiterait de faire publiquement du bruit, quels que soient les arrangements secrets qui ont été signés.

Nous ne pouvons jamais oublier que certains des témoins et martyrs chrétiens les plus héroïques souffrent, là maintenant, de façon bien visible, en Chine. Et d’une certaine façon, leur sort pourrait devenir le nôtre alors que les gouvernements des pays dits développés ( de même que de grands corps internationaux comme les Nations-Unies et l’Union Européenne) marginalisent et parfois diabolisent la religions traditionnelle dans la poursuite d’utopies séculières.

Pendant la Nouvelle Année, celui qui veut résister – vraiment résister a besoin de s’entraîner sans relâche à l’école de la prière, du jeûne et de l’aumône – développant les vertus de prudence, de tempérance, de justice, de force d’âme, de Foi, d’Espérance et de Charité à des niveaux que nous n’avons pas vus depuis longtemps.

Voilà une résolution de nouvel an qui vaut la peine que vous la fassiez et que vous vous y teniez.

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Robert Royal est le rédacteur en chef de The Catholic Thing et le président de l’institut Foi & Raison de Washington.

Illustration : « Martyrs chrétiens dans le Colisée » par Konstantin Flavitsky, 1862 [musée d’état de Saint-Pétersbourg]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/12/31/some-impractical-imprudent-possibly-impudent-new-years-resolutions/