« Des médecins de l’âme » - France Catholique
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« Des médecins de l’âme »

1 500 ans après, les Pères du désert sont plus que jamais d'actualité, dans une époque en quête de sagesse. Explications de Jean-Guilhem Xerri, thérapeute.

Les Pères du désert

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« Les Pères du désert nous offrent une anthropologie très bien posée  » (Saint Antoine, Zurbaran).

« Les Pères du désert nous offrent une anthropologie très bien posée  » (Saint Antoine, Zurbaran).

Les Pères du désert sont des hommes – Saint Antoine, saint Cyrille –, et quelques femmes – Eugénie – qui, entre le IVe et le VIIIe siècle, mus par l’Esprit Saint, se sont installés dans le désert, inventant un nouveau mode de vie permettant de vivre la radicalité de l’Évangile. Cela correspond à la fin des persécutions chrétiennes : après le martyre, ils ont cherché comment continuer à apporter une réponse radicale à l’appel de Dieu, en allant s’installer dans les déserts de l’actuelle Égypte et de Syrie, pour vivre soit en ermites soit en petites communautés. C’est l’invention de la vie monastique.

Ce qu’ils nous apportent

Leur apport pour aujourd’hui, c’est notamment une anthropologie très bien posée, qui est la structure de l’homme, basée sur un trépied : vie spirituelle, vie psychique et vie corporelle. Elle donne une vision de l’homme complète, par rapport à celles d’aujourd’hui qui sont incomplètes car il leur manque la vie spirituelle. Ce sont vraiment des médecins de l’âme. Les gens venaient les voir pour leur sagesse, afin de leur demander conseil pour le corps et l’âme. Ils accompagnaient la vie en Dieu.

Nous avons d’autant plus besoin d’eux que le monde a perdu cette sagesse bi-millénaire de l’Église. Or l’homme a besoin de sagesse aujourd’hui, car le monde est devenu fou. Les gens se tournent vers les sagesses orientales car ils n’ont même pas l’idée que le christianisme peut leur offrir les réponses qu’ils cherchent.

Cela vient notamment du fait que nous avons une vision du christianisme uniquement confessionnelle et qu’il lui manque un étage : le christianisme peut également aider à vivre et donner des conseils de vie. Or si ce qu’on dit ne rejoint pas les gens dans ce qu’ils vivent, avec des réponses concrètes, on ne les rencontre pas et ils ne s’intéressent pas à Jésus…

Les Pères du désert ont donc beaucoup à nous apporter : une structure, un fonctionnement de l’homme et des conseils de vie concrets, sur la méditation, la sobriété, le service de l’autre… Il y a plein de gens qui cherchent la sobriété, par exemple, aujourd’hui : les Pères en apportent une vision très juste, mais aussi du service de l’autre, de la méditation…

Cela rejoint vraiment notre époque. Par ailleurs, alors qu’aujourd’hui les gens cherchent des réponses à fond dans un domaine ou un autre, déconnectés les uns des autres, les Pères, eux, apportent dans leur réponse une unité des trois axes, avec le trépied : jeûne, partage et prière – à la base de la vie monastique – qui fait notre unité et qui nous permet de trouver un équilibre et une unification intérieure.

Les Pères savent dire cela à travers leurs enseignements très pédagogiques, en particulier dans les apophtegmes [sentences ou anecdotes aidant à la méditation et à la réflexion, NDLR]. Ils contiennent un patrimoine humain formidable, une sagesse de vie, qu’on peut lire de manière profane, mais qui, finalement, nous conduit vers Dieu : elle élève notre âme, la décentre, l’ancre et la dépollue, pour nous préparer à recevoir la grâce de Dieu, la connaissance de Dieu. Nos contemporains cherchent quelque chose qui nourrisse leur intériorité, qui lui fasse du bien ; ils la préparent par la méditation, en piochant dans les sagesses orientales. Il faut qu’on les aide à aller plus loin…

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