Parmi les changements apportés à la nouvelle traduction du Missel romain, qui entrera en vigueur le premier dimanche de l’Avent, il en est un qui revêt une signification d’une grande importance puisqu’il s’applique explicitement à l’expression de la foi catholique. C’est, en effet, rien de moins que la profession en la divinité du Christ dont il s’agit. La formule « de même nature que le Père », contenue dans le Credo de la messe – forme ordinaire –, est remplacée par « consubstantiel au Père », qui est la traduction exacte en français du latin consubstantialem Patri.
L’usage du français à la messe est un fruit de Vatican II. Dans sa Constitution Sacrosanctum concilium (1963), le concile préconisait l’emploi des langues locales (§ 36) afin de favoriser « la participation pleine, consciente et active à la liturgie » (§ 14, 21). Le latin perdait alors son exclusivité dans le rite romain.
Traduction gallicane
Mais, anticipant la promulgation du nouveau Missel par saint Paul VI (1969), une traduction « gallicane », mise à l’essai dans les paroisses, connut un trop rapide succès, ce qui entraîna de vives réactions d’intellectuels catholiques, justement à propos du Credo. Ainsi de « Suis-je schismatique ? » : cette tribune publiée sous ce titre par le philosophe Étienne Gilson dans La France Catholique du 2 juillet 1965 est particulièrement explicite. L’auteur se dit gêné par ce « de même nature que le Père ». Comment la consubstantialité pouvait-elle être changée en une simple connaturalité, se demandait-il : « Deux êtres de même nature ne sont pas nécessairement de même substance. Deux hommes sont de même nature, mais chacun d’eux est une substance distincte, et c’est même pourquoi ils sont deux. »
Admettant que l’Église agissait ainsi « pour faciliter aux fidèles l’accès des textes liturgiques », il commentait : « On le veut si ardemment qu’on va jusqu’à éliminer du français certains mots théologiquement précis, pour leur en substituer d’autres qui le sont moins, mais dont on pense, à tort ou à raison, qu’ils “diront quelque chose” aux simples fidèles. De même nature semble plus facile à comprendre que de même substance. » Voulant à tout prix éviter de soupçonner l’Église d’intention hérétique, Gilson voyait néanmoins dans la nouvelle formule « une sorte d’avachissement de la pensée théologique ».
Messages
22 décembre 2021, 15:02, par GUERDER
Je ne suis pas assez erudit pour mettre en cause le raisonnement qui a conduit les exegètes à cette nouvelle formulation.
Par contre en tant que chrétien engagé dans l’Eglise je ne suis pas convaincu et donc pas favorable à cette nouvelle expression qui reste très peu comprehensible et ne participera pas à mon humble avis à rapprocher les chrétiens et non chrétiens de l’Eglise et du rassemblement dominical.
Sans vouloir pour autant tomber dans le simplissisme, notre Eglise aurait besoin de plus de simplicité , nous nous devons d’être comprehensible sinon comment le message du Christ peut-il être entendu et donc accueilli ?
J’espère que le Synode "marcher ensemble" permettra de cheminer en ce sens.
Belle et sainte fête de NOEL !
Philippe
29 décembre 2021, 18:47, par GEMAYEL VIVIANE
En effet, il en est de certaines subtilités qu’il n’est pas donné à tout le monde de saisir et qui pourraient limiter, voire empêcher, un débat prolongé. Mais le Seigneur n’en tiendra rigueur à personne et sa Miséricorde aidera au rapprochement fraternel de tous.
Par ailleurs, comment s’empêcher de formuler un très sincère Merci pour le souhait d’une belle et sainte fête de NOËL, le seul jusqu’ici reçu dans ce forum de France catholique.