Comment intégrer ? - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Comment intégrer ?

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Le député de la République en marche Aurélien Taché a remis hier au Premier ministre 72 propositions pour favoriser la politique d’intégration des étrangers. Faut-il préciser : des étrangers qui veulent s’établir durablement en France et qui acceptent de suivre un processus leur permettant d’acquérir pleinement notre citoyenneté. Pour le Président de la République et pour le gouvernement, il s’agit de contrebalancer ce qu’il y a de dur dans le projet de loi du ministre de l’Intérieur, qui distingue les demandeurs d’asile et les migrants économiques. L’équilibre est sûrement difficile à trouver et la majorité présidentielle devra d’urgence élaborer la synthèse entre la fermeté et l’ouverture.

Aurélien Taché donne la priorité à l’apprentissage du Français, pour lequel il veut dégager des crédits. Offrir six cents heures de cours à ceux qui ignorent notre langue constituerait un préalable absolu. Comment lui donner tort sur ce point et plus généralement sur la philosophie de son projet ? L’intégration s’impose dans l’intérêt des nouveaux venus, mais aussi dans l’intérêt général, dès lors que c’est l’unité de la nation qui est en cause. N’est-ce pas François Hollande lui-même qui exprimait sa crainte d’une sécession de certains quartiers qui vivent, aurait-on dit au XIXe siècle, aux portes de la cité ? Il est vrai qu’il y a d’autres appréciations du phénomène, telle celle de cette professeur qui dessine les portraits d’une jeunesse de banlieue, en insistant sur le caractère unique de chaque garçon ou fille, qui est à considérer pour lui-même, en dehors de toute stigmatisation collective1.

Certes, mais le collectif s’impose aussi avec ses cohérences, ses marques civilisationnelles que le responsable politique est bien obligé de prendre en compte. Et de ce point de vue, on peut objecter à Aurélien Taché que l’intégration doit tenir compte aussi du facteur religieux. Emmanuel Macron en est parfaitement conscient. Nous le signalions ici la semaine dernière, en examinant son projet d’islam de France. Aurélien Taché n’en dit mot. Cela peut s’expliquer par sa culture politique. Le Monde signale qu’il est issu d’une formation trotskiste. Sans vouloir l’enfermer dans cette particularité, on pressent tout de même que sa culture sous-estime le facteur religieux et notamment le facteur de l’islam. Il pense sans doute que le cadre de la laïcité républicaine suffira à résoudre les problèmes. On est obligé de lui rétorquer qu’il s’agit d’une lourde erreur.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 février 2018.

  1. Claire Marin, La relève : portraits d’une jeunesse de banlieue, Éditions du Cerf, 242 p. 18 €.