Benoît XVI apporte son éclairage sur la crise de l’Eglise - France Catholique
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Benoît XVI apporte son éclairage sur la crise de l’Eglise

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Fait exceptionnel, Benoît XVI vient d’intervenir dans la grave crise morale que l’Eglise traverse actuellement : apportant à la fois une confirmation et un éclairage complémentaire aux appels pressants du Pape François à un sursaut, le Pape émérite est sorti de six années de silence. Il a établi un diagnostic approfondi de la crise de l’Eglise. Ce diagnostic, présenté au préalable et dédié au Pape François, a été publié dans une revue ecclésiastique allemande, et traduit ensuite dans le journal italien « Corriere della Sera ».

Puisant dans sa longue expérience comme responsable de la Congrégation de la Doctrine de la Foi de 1982 à 2005 au côté de Jean-Paul II, puis comme Pape en exercice de 2005 à 2013, Benoît XVI souligne plusieurs facteurs à ses yeux majeurs dans la crise actuelle, qui s’est manifestée notamment dans les scandales des abus sexuels : « l’écroulement de la théologie morale », impliquant l’oubli de la loi naturelle et des notions objectives de bien et de mal ; une cabale de théologiens contre l’enseignement des Papes en matière éthique, débouchant sur le refus d’admettre l’existence d’actes « intrinsèquement mauvais » ; et un relativisme insinuant que toutes les religions se valent et déniant la « spécificité particulière du christianisme ».

Benoît XVI observe notamment qu’en vingt ans, dans la société, « de 1960 à 1980, les critères valides jusque là en matière de sexualité se sont amenuisés au point de se réduire à une absence de normes ». Il évoque les « conséquences de cette situation dans la formation et dans la vie des prêtres ». Et il rappelle qu’à l’heure de la « révolution de 1968 », on a revendiqué une « liberté sexuelle complète », et qu’alors la « pédophilie » a été « diagnostiquée comme permise et convenable »…

Benoît XVI critique aussi le laisser-aller qui a parasité et altéré ici et là la formation des futurs prêtres « après le concile Vatican II », avec des « clubs homosexuels dans différents séminaires » ; mais aussi la sélection d’évêques choisis pour des profils « critiques et négatifs vis-à-vis de la tradition » ; une grave dévalorisation de l’eucharistie « distribuée à tous » sans recours au sacrement de la réconciliation, ce qui provoque la « destruction de la grandeur du mystère de la Présence réelle » du Christ à la Messe.

Le Pape émérite dénonce aussi, même chez certains responsables ecclésiastiques, la tentation de créer « l’Eglise de demain » par une utilisation quasi-exclusive et donc inadaptée de « termes politiques ». Il exprime à ce sujet une grave mise en garde, estimant que « l’idée d’une Eglise meilleure, créée par nous-mêmes, est en vérité une proposition du Diable par laquelle il veut nous éloigner du Dieu vivant, en se servant d’une logique mensongère ».

Il observe qu’en contestant radicalement « l’autorité de l’Eglise dans le domaine de la morale », on a voulu « la contraindre au silence alors qu’était en jeu la frontière entre vérité et mensonge ».

Et il fait une autre mise en garde capitale : « La mort de Dieu dans une société signifie également la fin de sa liberté », parce que « se réduit le critère qui conduit à distinguer le bien et le mal ».

Benoît XVI appuie ce réquisitoire sur « la masse et la gravité des informations » accumulées lors du sommet mondial convoqué par le Pape François fin février pour la lutte contre la pédophilie dans l’Eglise. Selon lui, il faut « essayer de repartir pour rendre à nouveau crédible l’Eglise comme lumière pour les gens et comme force qui aide dans la lutte contre les puissances destructrices ». Il souligne aussi l’importance de « combattre les mensonges et les demi-vérités du Diable par la vérité tout entière » : et s’il admet que « le péché et le mal sont dans l’Eglise », il rappelle en revanche qu’« aujourd’hui aussi, l’Eglise sainte est indestructible ».

« L’antidote au mal qui nous menace », précise le Pape émérite, est d’accepter l’amour de Dieu. Car « la force du mal naît de notre refus de l’amour de Dieu ».

Tout en manifestant une certaine pluralité comme un discours exprimé dans la complémentarité, ce texte de Benoît XVI peut contribuer à une convergence utile aux côtés du Pape François, pour un redressement spirituel et moral salutaire.