Après la visite d'Emmanuel Macron au Vatican - France Catholique

Après la visite d’Emmanuel Macron au Vatican

Après la visite d’Emmanuel Macron au Vatican

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Au lendemain de la visite d’Emmanuel Macron au Vatican, une constatation s’impose. Avec ce président, les choses ne sont plus comme avant. Avant, ce n’est pas seulement François Hollande, dont l’indifférence en matière religieuse rendait difficile toute approche des relations du politique et du spirituel. C’est aussi Nicolas Sarkozy qui, en dépit de son discours fameux au Latran, n’avait pas abordé la question avec la profondeur du président actuel. On peut avoir toutes les préventions et les réserves possible à son égard, on ne peut empêcher cette empathie avec la culture chrétienne qui peut séduire et gêner à la fois. Gêner, parce que l’on sait que s’il y a un différend avec lui, un différend grave, il ne se situera jamais dans la position d’un ennemi dont l’hostilité patente le rangerait définitivement dans un camp contre le vôtre. En politique, ce n’est pas le cas de figure le plus commode, si l’on est persuadé avec Carl Schmitt que sur ce terrain-là il faut toujours un ennemi.

Il semble bien que c’est le pape François qui a abordé le problème de la procréation médicalement assistée dans l’échange personnel qu’il a eu avec le Président. Et là-dessus, nous étions prévenus : autant Emmanuel Macron admet que les catholiques participent pleinement au débat, autant il refuse que leurs convictions constituent une injonction pour la puissance publique. Et certes, la séparation du spirituel et du temporel justifie pareil avertissement. Les moralistes catholiques savent aussi, avec saint Thomas d’Aquin, qu’il n’y a pas équivalence totale de la loi morale, encore moins des préceptes évangéliques, avec la loi civile. Pour qu’il y ait équivalence, il faudrait que les femmes et les hommes soient tous des saints, réalisant dans leur vie les plus hauts des idéaux. Ce n’est pas possible, ce n’est pas réaliste.

Pour autant, l’imperfection et les faiblesses reconnues justifient-elles certaines transgressions qui atteignent notre constitution anthropologique fondamentale ? Lorsque la procréation se trouve instrumentalisée hors des normes les plus structurantes de notre humanité, il n’y a pas seulement désaccord, il y a casus belli. Et si la transgression se trouve inscrite dans la loi, les catholiques sont forcément contraints à une vigilante objection de conscience que ne saurait entamer le respect dû à la législation. Sans objection de conscience, il n’y a plus d’État de droit. Tout cela pour conclure que, tant que nous sommes in via, en chemin, il nous est impossible d’accéder à un consensus parfait. Cela ne veut pas dire que nous ayons à nous mettre en marge, à nous réfugier dans on ne sait quelle thébaïde. La tranquillité de l’ordre, dont parlait saint Augustin, n’ira jamais sans troubles et même sans certaines dissidences, mais jamais au prix de notre désengagement.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 27 juin 2018.