Bartolo Longo, le sataniste devenu saint - France Catholique
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Saint John Henry Newman
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Bartolo Longo, le sataniste devenu saint

Avant de devenir l’apôtre du Rosaire, Bartolo Longo a perdu la foi et connu des tourments démoniaques. Il doit être canonisé le 19 octobre par Léon XIV, à Rome.
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Bartolo Longo, vers 1900.

Il est difficile d’imaginer un homme porté à la gloire des autels, après avoir été prêtre de Satan. Et pourtant, la jeunesse de Bartolomeo, dit Bartolo, Longo s’illustre par une fréquentation assidue du diable, non par celle de Dieu. Né le 11 février 1841 à Latiano dans la province de Brindisi, cet Italien perd sa mère à l’âge de dix ans et ce deuil s’accompagne au sens propre d’une descente aux enfers. Il s’éloigne de la foi catholique, puis jeune homme entre à l’université de droit de Naples où il est ébloui par les cours de philosophie d’un prêtre défroqué. Sensible au discours franc-maçon et anticlérical de l’époque, il succombe à la mode de l’occultisme et goûte à la drogue. Il prend part à des séances de spiritisme et ridiculise publiquement la religion de son enfance. Son implication est telle qu’il est ordonné « prêtre de Satan » lors d’une cérémonie où les personnes présentes sont terrifiées de voir les murs trembler et d’entendre des cris lugubres.

Mise en garde maternelle

Cette adhésion aux forces des ténèbres ne l’aide pas à vivre, bien au contraire. Il devient paranoïaque et tombe en dépression. Heureusement sa famille prie pour lui car elle ne l’a jamais laissé tomber, tout comme sa mère dont il entend en rêve une nuit la voix : « Être damné à jamais, est-ce cela que tu veux ? » Sous le choc du message maternel, Bartolo Longo va rendre visite à un ami professeur d’université Vincenzo Pepe qui s’inquiète de voir ce qu’il est devenu et s’écrie : « Mourir dans un asile de fous et être damné à jamais, est-ce cela que tu veux ? » Ces paroles crues ont le mérite de ramener l’homme tourmenté à la raison. Il accepte de rencontrer un frère dominicain, le Frère Alberto Radente, qui va lui montrer ses erreurs en l’écoutant d’emblée en confession. Bartolo Longo se remet dans le droit chemin, témoigne dans les cafés du mal absolu qui résulte des pratiques spirites, s’occupe des pauvres puis, à l’âge de 30 ans, entre dans le tiers-ordre dominicain le jour de la fête de Notre-Dame du Rosaire, un 7 octobre. Désormais appelé « fratel Rosario », frère Rosaire, il se dévoue corps et âme dans ses engagements charitables. Par deux fois sur le point de contracter le mariage, tout en rêvant d’une carrière d’avocat, il renonce, convaincu par les paroles de son confesseur : « Le Seigneur vous a destiné à remplir une haute mission. »

La tentation du suicide

« Où Dieu me veut-il ? », s’interroge alors Bartolo Longo. Il lui faut patienter encore deux ans avant de réaliser le plan divin. En 1872 il accepte d’aller administrer les terres d’une jeune veuve, la comtesse Marianna De Fusco, dans la vallée de Pompéi. À côté des vestiges de l’antique cité romaine détruite par le Vésuve, il découvre le village de Pompéi et ses habitants, presque tous analphabètes et éloignés de la religion chrétienne. Tant de misère et d’ignorance ébranle profondément le jeune converti. Il doute d’être capable de relever le moindre défi missionnaire et, pire, il s’en sent indigne au vu de son passé de sataniste. N’est-il pas damné pour toujours puisqu’il s’est consacré à Satan ? Accablé par la tristesse, il songe à se suicider… C’est alors qu’il se souvient de l’amour de la Vierge Marie qu’il priait enfant et la voix de la mère de Dieu retentit dans son âme : « Qui propage le saint Rosaire est sauvé ! » Aussitôt, il connaît une grande paix et relève le défi marial : il invite les familles à la récitation du chapelet, leur fait le catéchisme et organise des processions. Pour ancrer la dévotion dans l’église paroissiale, il va chercher chez les dominicains de Naples un tableau représentant Notre-Dame du Rosaire. Ce dernier n’est pas en très bon état mais, providentiellement restauré par un peintre et exposé au-dessus de l’autel, il commence à toucher les âmes. Les grâces puis les miracles de guérison surviennent ! Devant l’afflux de pèlerins, Bartolo est encouragé par son évêque à construire un sanctuaire dont la première pierre sera posée le 8 mai 1876.

La transformation de Pompéi

Pompéi change alors de visage. Bartolo fonde un hôpital, installe un bureau de Poste et une imprimerie, permet l’arrivée d’une gare ferroviaire et agrémente des jardins d’enfants. L’avocat qu’il est resté dans son cœur a aussi l’idée originale de s’occuper tout particulièrement des enfants de prisonniers en créant pour eux un hospice. Non seulement il pense à leur rédemption mais il parie sur le fait que ces derniers puissent sauver leurs parents du désespoir. Comment une telle transformation de la ville a-t-elle été possible ? Les dons affluent mais Bartolo sait aussi pouvoir compter sur les idées et l’argent de la comtesse Marianna De Fusco. Leur collaboration cependant fait jaser. Comment faire taire les calomnies ? Ils sollicitent le pape Léon XIII qui les encourage à se marier. Les épousailles célébrées le 19 avril 1885 restent chastes mais les époux s’aiment profondément en Dieu. Si leur zèle est charitable, leur œuvre est aussi spirituelle : Bartolo fonde en 1897 la communauté des filles du Rosaire de Pompéi confiées aux soins des Sœurs dominicaines et diffuse la pratique dévotionnelle des « Quinze samedis » du Rosaire.

Le Rosaire est « la douce chaîne qui nous relie à Dieu » aimait à dire Bartolo Longo. Une chaîne à laquelle il s’accroche durant sa vieillesse tant il n’est pas épargné par les épreuves. Il est considéré comme fou et voleur par des jaloux qui vont jusqu’à accuser l’un des fils de la comtesse de dérober les offrandes de messe. Bartolo renonce alors à toutes ses œuvres en faveur du Saint-Siège. C’est donc dans un grand dénuement qu’il se prépare à la mort en demandant à reposer dans le sanctuaire Notre-Dame-du-Rosaire de Pompéi auprès de sa douce reine qu’il aura servie pendant cinquante ans. De nombreux pèlerins se recueillent désormais devant sa dépouille qui est visible dans ses habits de chevalier de la Grand-Croix du Saint-Sépulcre, un titre qui lui a été conféré par Pie XI en 1925. « Mon seul désir est de voir Marie qui m’a sauvé et me sauvera des griffes de Satan » murmure-t-il avant de rendre l’âme à 85 ans. Nul doute qu’il ait été divinement exaucé le 5 octobre 1926. 

Les « Quinze samedis » de la Reine du Rosaire de Pompéi

La pratique des « Quinze samedis » est une dévotion initiée par Bartolo Longo pour « vivre dans une atmosphère spirituelle particulière tout en augmentant notre amour pour Dieu et pour la Mère divine » selon les mots de l’apôtre du Rosaire, qui ajoute : « Si on ressent d’une manière plus urgente le besoin de recourir à l’aide divine, les Quinze samedis sont un moyen pour obtenir des réponses du Ciel. »

Concrètement l’engagement consiste à prier pendant quinze samedis consécutifs les quinze mystères du Rosaire (mystères joyeux, douloureux et glorieux), suivis si possible de la récitation du Rosaire en entier. Bartolo Longo précise qu’il est important d’accompagner « cette pieuse pratique du sacrement de l’Eucharistie si possible après une confession ».

Les « Quinze samedis » peuvent être observés à tout moment de l’année et chaque fois que l’on espère une grâce particulière, mais les moments les plus souhaitables sont ceux qui précèdent les deux grandes fêtes de la Vierge à Pompéi qui tombent le 8 mai et le premier dimanche du mois d’octobre.

Bartolo Longo affirmait : « Je désire que tout le peuple chrétien reprenne l’habitude de réciter le Rosaire à la Très Sainte Vierge » pour « obtenir le triomphe de la religion, la conversion des pécheurs et la paix dans les familles ». Pour l’avocat italien la dévotion s’accompagnait forcément d’une attention et d’une action envers les pauvres et les nécessiteux.