John Henry Newman, itinéraire d’une âme tourmentée - France Catholique
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Saint John Henry Newman
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John Henry Newman, itinéraire d’une âme tourmentée

Saint John Henry Newman n’est pas l’homme d’une conversion unique et soudaine. Au contraire, son chemin de conversion est parsemé de travaux épuisants et de tourments spirituels profonds qui en font un véritable drame sacrificiel.
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John Henry Newman, Sir John Everett Millais

Aîné d’une fratrie de six, John Henry passe une enfance heureuse et épanouie. Âgé de 15 ans en 1816, il part faire ses études à Oxford. D’une grande sensibilité et enclin à l’introspection, le jeune garçon est un esprit curieux et original. Il profite avec bonheur des cours dispensés et révèle progressivement une capacité de travail remarquable, une soif insatiable de connaissances ainsi qu’une grande rigueur analytique. Après plusieurs années d’un labeur intense qui a parfois des répercussions sérieuses sur sa santé physique, Newman réussit brillamment le concours d’admission au collège d’Oriel. Le voici désormais fellow, « membre » de l’un des plus prestigieux établissements d’Oxford. Il est ensuite ordonné prêtre anglican en 1825 et nommé, quelques années plus tard, à la paroisse universitaire d’Oxford. Cette nouvelle fonction révèle son talent de prédicateur et ses compétences théologiques. Une brillante carrière au sein de l’université et de l’Église anglicane semble désormais toute tracée, mais Newman est entraîné dans une quête de vérité qui ne s’arrêtera qu’avec la conversion.

Raisonnement et intuitions

Progressivement, ses recherches historiques et théologiques l’orientent vers la foi catholique dont il reconnaît la parfaite continuité avec les Apôtres. Les résultats de son raisonnement sont corroborés par les intuitions qui jaillissent pendant les temps de prières et d’oraisons. L’hypersensibilité de son tempérament fait de cette évolution spirituelle un combat épuisant, à la fois moralement, intellectuellement et physiquement.

Rompre avec l’Église anglicane, c’est dire adieu à tout ce qui a fait sa vie jusqu’alors, mais il ne peut transiger avec sa conscience. Le 18 septembre 1843, après une nuit blanche passée dans l’angoisse et dans les larmes, il envoie sa démission à son évêque. Puis, il quitte l’université le 3 octobre. Il attend cependant encore deux ans pour franchir la route qui l’amène à l’Église catholique et, le 9 octobre 1845, il se confesse et prononce sa renonciation. Il se rend ensuite à Rome pour être ordonné prêtre.

Tout lui est retiré

Aux yeux du monde anglican, Newman est un transfuge. Tout lui est retiré : sa famille qui le rejette, son métier, son statut social prestigieux, son influence dans les milieux intellectuels. Il n’est cependant pas chaleureusement reçu par l’Église catholique. Certes, les catholiques anglais se réjouissent de cette retentissante conversion qui est d’ailleurs le prélude à beaucoup d’autres. Pourtant, la hiérarchie se défie de lui, et pendant vingt ans il reste isolé, sous-employé, calomnié et même suspecté d’hérésie. Tout ce qu’il entreprend semble voué à l’échec. Seul réconfort dans ce désert : la fondation d’un Oratoire de saint Philippe Néri, à Birmingham. C’est là qu’il trouve refuge, dans un dépouillement et un abandon total. La publication du récit de sa conversion, Apologia Pro Vita Sua, en 1864, lui redonne une notoriété importante, tant chez les anglicans que chez les catholiques. Les soupçons d’hérésie sont définitivement levés. Douze ans plus tard, son ancien collège oxfordien le nomme honorary fellow, « membre d’honneur ». Distinction remarquable pour un simple prêtre, il est créé cardinal en 1879 par Léon XIII. John Henry Newman meurt en 1890, à l’âge de 89 ans, honoré de tous.

Les abaissements et les humiliations vécus par Newman rendent sa conversion particulièrement dramatique. Rejeté pendant des années par ceux qui, humainement parlant, auraient dû l’accueillir avec enthousiasme, il s’est sanctifié dans des conditions âpres qui l’ont amené à un dépouillement total, témoignant ainsi que le chemin de la Croix est le chemin le plus sûr vers la Lumière éternelle.