Né à Cologne, il vient à Paris, Reims puis à Tours. Brillant étudiant, chanoine à 20 ans, professeur écouté d’élèves exceptionnels dont certains deviendront évêques et même pape. Après un différend avec l’évêque simoniaque Manassès de Gournay, Bruno rejoint Robert à Molesmes puis, désirant une vie plus solitaire, il se retire dans la montagne et fonde un des ordres religieux les plus austères : les chartreux. Ils doivent leur nom à ce domaine montagnard appelé le « désert de Chartreuse ». Vie érémitique et pourtant communautaire avec le silence perpétuel et l’assignation à résidence, pourrait-on dire !
Édifiantes funérailles
Mais pourquoi une telle exigence ? Sans doute Bruno a-t-il été marqué profondément par les obsèques d’un chanoine-professeur de Paris qui était de ses amis, Raymond Diocrès, mort en 1082. Tout le monde le pleure car il est renommé pour sa science et pour l’apparente rectitude de sa vie. Hélas, alors que l’on chante ce verset de Job : « Réponds-moi, de combien de crimes me suis-je rendu responsable ? », voici que de son cercueil s’élève sa voix : « Je suis accusé par un juste jugement de Dieu ! » Toute l’assistance est effrayée. On remet les funérailles au lendemain. Mais le lendemain et le surlendemain, même scénario. Chacun s’interroge alors sur les fins dernières et sur la damnation possible. Pour y échapper, Bruno apprend à ses frères qu’il faut supplier, prier et faire pénitence et ne pas croire que l’on accède au Ciel avec facilité…
Les contemporains de Bruno ne tarissent pas d’éloges sur lui : « Éloquent, expert ès arts, dialecticien, grammairien, rhéteur, fontaine doctrinale, docte entre les doctes, docteur éminent ès sciences et ès lettres… »
Il pensait demeurer dans son monastère du Dauphiné quand Urbain II, qu’il avait eu comme élève, le fait venir en Italie. « Il ne pouvait se passer de ses conseils », dit-on. Il ne fut jamais ordonné prêtre, s’estimant trop indigne pour le sacerdoce.
Il meurt le 6 octobre 1101, en Calabre, vénéré de tous. Curieusement son culte fut permis, mais il n’a jamais été canonisé.
Étymologie du nom
Du germanique brun « bouclier » ou brunja, « armure ». Plus controversé, du latin brunus, « brun ». C’est aussi un des surnoms donné au dieu nordique Odin. Tous les patronymes Brun, Brunet, Brunon sont issus de cette racine.
Pensée spirituelle de saint Bruno
« Le vrai bonheur, personne ne peut l’atteindre par lui-même ; il faut qu’il y ait l’espérance, la foi et l’amour. »
Courte prière à saint Bruno
« Apprends-nous, qu’au milieu de l’agitation de ce monde, nous sachions rester libres. »
