« On en a plus que besoin ! », « Depuis qu’on attendait ça ! », « Un miracle, enfin ! »… Quelques réactions de profs, parmi d’autres, glanées sur les réseaux sociaux et les boucles de messageries, depuis la conférence de presse tenue le 23 septembre par Guillaume Prévost. Comme si une lourde chape avait été soulevée par l’impétrant – il a été nommé en avril dernier et vient de prendre ses fonctions – lorsqu’il a prononcé cette phrase hautement subversive : « Prier avec les élèves, c’est notre projet. » Pire encore, le nouveau secrétaire, dans le souci de se bien faire comprendre, a enfoncé le clou : « Si un ‘’Je vous salue Marie’’ est insupportable pour vous, c’est votre droit, mais alors il ne faut pas inscrire votre enfant dans un établissement catholique. » Rappelant aussi – à destination des intéressés – que les enseignants du privé, « agents publics de l’État mais pas fonctionnaires, ne sont pas soumis au principe de neutralité ».
Calomnies et menaces
Simple observation de bon sens ? Non : provocation insupportable selon les sectateurs du laïcisme, qui ont patiemment placé leurs pions dans les établissements concernés depuis des années, et qui – même minoritaires – s’efforcent de les subvertir de l’intérieur de manière de plus en plus visible. Les méthodes sont aussi rodées qu’efficaces : mauvaise foi, victimisation, calomnies et menaces, le tout assaisonné d’une bonne dose de sottise. « Nouveau : le nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique veut que l’enseignement catholique soit de nouveau catholique. Pas nouveau : certains salariés de l’enseignement catholique trouvent pas très catholique d’être aussi catholique… », résume à merveille Jean-Pierre Denis, qui anime la newsletter Théopolitique.
À ce stade, Guillaume Prévost vient de montrer qu’il n’a pas peur, ce qui est remarquable au regard d’un contexte – de Bétharram au Sacré-Cœur de Versailles – où beaucoup auraient imaginé – et aimé – le voir prendre ses fonctions en rasant les murs et le regard fuyant. Tel n’est pas le cas, ce qui crée des sueurs froides dans de nombreux médias, malveillants ou paresseux. Il « passe à l’offensive », s’inquiète Mediapart (23/09). Il « crée le tollé », s’alarme 20 Minutes (23/07). « L’enseignement catholique avance ses pions », tremble Libération (24/09). En fait, surtout, il a peut-être cessé de reculer.
« Guillaume Prévost : combien de divisions ? », aurait demandé Staline. Beaucoup ! Plus de 2 millions d’élèves et près de 7 200 établissements, dans lesquels il ne s’agira pas tant d’imposer la récitation quotidienne de paroles aussi subversives que « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », mais de donner la possibilité à chaque enseignant de les proposer, ce qui serait déjà un grand pas. Une insupportable atteinte à la laïcité ? Le cas échéant, il faudrait tout de suite préconiser la suppression de l’adjectif « catholique », dans « enseignement catholique » puisque l’on pourrait y lire le début d’un prosélytisme insupportable… En attendant, il faut espérer que les évêques de France, qui ont fait un choix prometteur et audacieux en la personne de Guillaume Prévost, l’assurent publiquement de son soutien sans faille. Comme tous les professeurs et parents d’élèves à qui ses paroles ont permis de redresser la tête.