Éducation affective à l’école : les partis pris du programme - France Catholique
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« Les contemplatifs portent le monde »
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Éducation affective à l’école : les partis pris du programme

Le nouveau programme d’éducation à la vie « affective, relationnelle et sexuelle » repose sur une philosophie biaisée, qui écarte sciemment la question du bien et du mal. L’analyse d’un aumônier.
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Adam et Ève, 1538, Lucas Cranach l’Ancien, Université de Toronto, Canada.

Beaucoup a été dit sur le programme EVARS (Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle) déployé depuis la rentrée dans les établissements publics et privés sous contrat, de la maternelle jusqu’au lycée (lire encadré). Le premier questionnement devrait porter sur la légitimité de l’État à intervenir dans un domaine que la nature réserve d’abord à la cellule familiale de base : « Les parents, parce qu’ils ont donné la vie à leurs enfants, ont la très grave obligation de les élever et, à ce titre, doivent être reconnus comme leurs premiers et principaux éducateurs » (Paul VI, Gravissimum educationis, 28 octobre 1965, n° 3).

Nous insisterons sur un point qui ne semble pas avoir été suffisamment analysé jusqu’à maintenant. Le document-cadre produit par le ministère, qui détaille les intentions de ce programme, fait la part belle à la notion de consentement. Ce parti pris philosophique n’est pas neutre.

Hypertrophie du consentement

Envisagé strictement, le consentement est une notion juridique, présente dans le domaine médical, appliquée également aux relations sexuelles : il s’agit d’accepter – ou non – de faire, de participer ou de subir un acte. L’hypertrophie du consentement, présenté comme un élément-clé de l’éducation à la vie affective dès la maternelle, nous semble porteuse d’un profond présupposé relativiste et individualiste : si le consentement fait tout, n’importe quelle action devient bonne dès lors que j’y consens. On nie alors implicitement l’existence d’une quelconque objectivité du bien et du mal, d’une loi naturelle extérieure à nous et susceptible de garantir une certaine stabilité des relations entre les êtres humains et avec leur environnement. Ce parti pris, joint à la tendance contemporaine à négliger les rythmes réels du développement psychologique des enfants, systématiquement pris pour des adultes, induit chez eux une absence totale de repères. Comment parler de consentement à des enfants dont on considère traditionnellement qu’ils n’ont pas atteint le plein usage de leur conscience et de leur raison avant l’âge de 7 ans ? Tous les maîtres d’école – et les parents – savent que l’on ne peut tirer rien de bon d’un enfant si l’on passe son temps à lui demander de faire ce qu’il veut et uniquement ce qu’il veut… On peut par ailleurs se demander si la focalisation sur le consentement protège les enfants d’abuseurs qui profitent souvent d’une emprise psychologique et d’une position d’autorité pour commettre ces crimes à leur encontre.

Éduquer à une liberté vraie et orientée

Disons-le avec force et clarté : éduquer ne consiste pas seulement à apprendre à dire « oui » ou « non » mais à dire « oui » à ce qui est bien et « non » à ce qui est mal. Le consentement n’est vrai et bon que s’il est éclairé et orienté par une vraie connaissance, fondée sur l’objectivité d’une loi morale inscrite en nous et confirmée par notre éducation. Le consentement seul ne fait pas la liberté, mais risque d’enfermer dans la stérilité de l’indifférence de choix. La vraie liberté, celle que cherche à développer une éducation intégrale et humaine, est la capacité à faire le bien et à prendre les justes décisions, qui suppose une conscience formée et une raison agissante. L’incohérence de cette déconnexion du consentement de la liberté véritable transparaît dans les timides résolutions du programme en matière de protection des enfants contre la pornographie : si tout se vaut, à condition qu’on y consente, pourquoi leur interdirait-on de « consommer » des contenus trop facilement
accessibles ?

Une vie affective et relationnelle heureuse ne peut être vécue que moyennant l’éducation d’une vraie liberté, non pas déracinée mais orientée vers un bien qui nous unit et nous dépasse. Cette liberté, qui n’est pas une indifférence ou une autonomie absolue, s’exerce dans un cadre et s’appuie sur des repères clairs : ce n’est pas brimer un arbre que de l’orienter au moyen d’un tuteur. Or, il est un sujet omniprésent dans le programme présenté par l’institution, sur lequel l’option nous semble gravement destructrice de la liberté des enfants : prétextant la nécessité de délivrer les enfants d’un carcan de préjugés qui opprimeraient leur liberté, on insiste à cor et à cri et dès les plus tendres années sur la notion de genre et de stéréotypes, induisant un relativisme total des relations affectives, familiales et sexuelles directement à l’encontre du donné de la nature humaine (cf. l’ouvrage du professeur René Écochard : Homme, femme. Ce que nous disent les neuro-sciences, Artège). Il y a là un dangereux totalitarisme : plutôt que de donner à l’enfant du XXIe siècle les moyens d’une si nécessaire – vraie – liberté, on le contraint à abandonner tout repère, tout en lui serinant la primauté absolue de son consentement, « ce qui ne signifie pas autre chose, sinon qu’on le forcera d’être libre » (Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat social, Livre I, c. 7).

EVARS : l’idéologie en marche
Bon nombre d’observateurs ont attiré l’attention sur les biais idéologiques du programme EVARS. Dès l’école maternelle, les enseignants devront proposer aux enfants – entre 4 et 6 ans – d’« identifier les différentes formes du cadre familial : famille hétéroparentale, monoparentale, homoparentale ». L’exercice se répétera à l’école primaire. Dès le CP, les élèves seront incités à combattre les « stéréotypes de genre ». Au collège, ceux de 5e réfléchiront sur les « notions de sexe et de genre » et ceux de 4e seront informés sur les différentes méthodes de contraception. En première, leur sera présenté « l’éventail des décisions possibles en matière de grossesse non désirée »… (cf. FC n° 3885). 
F.M.