Pour le salut du Royaume : une année nouvelle. - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Pour le salut du Royaume : une année nouvelle.

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« Elle se tient en travers de l’histoire, criant STOP, à une période où nul n’est enclin à le faire ou à avoir de la patience avec ceux qui le préconisent ».

William F. Buckley a offert ces mots dans l’éditorial inaugural de la toujours indispensable National Review. Je pense qu’ils fonctionnent aussi comme une subtile récapitulation de la raison pour laquelle, en cette nouvelle année, nous devons accroître notre connaissance de la véritable foi catholique, approfondir notre prière, épurer notre mise en pratique. Il y a beaucoup de choses auquelles nous catholiques DEVONT dire « non » si nous voulons dire « oui » à Jésus-Christ avec conviction.

Il est communément admis aujourd’hui, pour des raisons de consensus que l’histoire – vraiment nos préférences actuelles – révèle d’une façon ou d’une autre un grand dessein, qui nous apporte un ordre nouveau dans les domaines de la moralité, de la vie, et même d’être soi.Cela se démontre une idée fausse, dangereuse et déshumanisante. Elle était prônée par Hitler, Staline, Mussolini, Pol Pot et une myriade de massacreurs, principaux ou secondaires, de peuples et de nations, comme par une foule de « leaders » contemporains pédants et vite dégoûtés, qui s’imaginent « progressistes » dans leur attitude. (Progressiste signifiant que de tels leaders peuvent discerner les vrais desseins de l’histoire et de votre vie, qui, naturellement, vous seront imposés.)

Cette idée ridicule est acceptée pour trois raisons déconnectées de la pensée critique :

1. La suffisance : nous n’avons pas envie de critiquer ou de contester l’idée, ce qui lui permet de gangrener, ou de « progresser » comme disent certains, accréditant l’idée de son inéluctabilité.

2. La courtoisie : nous voulons bien nous entendre. Bien s’entendre n’est pas une valeur venant en tête dans la liste du Sauveur quand les questions de vérité et de salut sont en jeu.

3. L’ignorance : nous sentons que quelque chose est mauvais, mais nous n’avons pas les connaissances nécessaires pour réfuter une variété d’idées pernicieuses mais populaires.

On pourrait en ajouter une quatrième. La lâcheté : nous avons souvent peur d’adopter une position à contre courant et inconfortable. Nous craignons l’ostrracisme plus que l’erreur et à cause de cela notre témoignage rendu à la Vérité devient tiède et notre évangélisation fade.

Bien sûr, il n’y a pas de forces inévitables de l’histoire, qui, progressivement ou soudainement, déploient un grand dessein opposé à celui du Sauveur.Le nouvel ordre moral, la « nouvelle » (cest-à-dire contemporaine) façon de vivre, non plus que nombre de façons d’être ne sont pas incontournables. Ce n’est rien d’autre que l’hédonisme sanctifié et l’ignorance glorifiée.

Et naturellement, on attend des catholiques qu’ils se conforment à tout cela, parce que, si nous ne l’acceptons pas, nous serons « contre le sens de l’histoire ». En vérité, nous avons toujours été à contre-courant des gens qui vont mal. Qui s’en soucie ?

Pour restaurer la santé mentale de notre société et oeuvrer à notre sanctification personnelle, nous avons à dire non à la doctrine de la révolution sexuelle et à ses piliers -avortement, contraception (crainte de la vie de famille), adultère, fornication, pornographie, normalisation de l’homosexualité. Et nous ne pouvons surtout pas oublier la pauvreté spirituelle, physique, psychologique et morale engendrée par ces piliers. Chacun d’entre nous peut se faire une opinion à partir de faits démontrables de la profonde horreur de ces choses. Aucune de ces choses ne respecte la dignité, la finalité, la destinée de l’homme.

Les pathologies sociales, le dysfonctionnement familial et la destruction répandus à notre époque, de concert avec les appauvrissements qui les accompagnent, démontrent l’erreur de la révolution hédoniste dont les piliers sont acceptés avec désinvolture dans la vie occidentale – et dans bien des conversations amicales – aussi bien qu’exaltés dans presque toutes les formes de divertissement que nous absorbons.

Pour que la paix règne dans nos âmes et que la Vérité gouverne nos vies, nous devons dire « non » à l’incroyance dans ses formes les plus désinvoltes, comme manquer l’eucharistie dominicale. Le sport et les événements sportifs sont devenus une idole mettant sur la touche le culte divin. Manquer à faire de la confession une part régulière, quasi routinière de notre foi vient juste derrière. Il est la Vigne et nous sommes les sarments, alors pourquoi scions-nous la branche derrière nous ?

Un disciple de Jésus-Christ ne peut se dispenser ni de la messe dominicale, ni de la confession, ni d’une prière quotidienne disciplinée. Le but n’est pas principalement de « juger » – bien que nous soyons tous jugés par les réalités de la vie, naturelle et surnaturelle – mais de retrouver la bonne direction. Nous devons dire « non » à certaines choses pour être capable de dire « amen ».

Jésus-Christ, à travers Son Eglise, nous a donné grâce et et vérité. Rien n’est « inévitable » contrairement à ce que certains affirment comme un beaume pour notre courtoisie avilie et notre suffisance spirituelle. Qu’une chose soit assez probable ou répandue – en raison de la faiblesse humaine et du péché – n’est pas la confirmation que ce soit inévitable, naturel, bon ou saint. De telles choses sont simplement un épisode du combat spirituel en cours, qui est le combat évoqué par Saint Paul : « j’ai le désir de faire ce qui est juste, mais pas la capacité de le faire ; car je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas, je ne peux pas m’empêcher de le faire ».

G.K. Chesterton, réagissant au prétendu discrédit de la vérité de l’Evangile suite au carnage de la première guerre mondiale il y a exactement un siècle, a écrit : « quant à l’avis général que l’Eglise est discréditée par la guerre – ils pourraient tout aussi bien dire que l’Arche a été discréditée par le Déluge. Quand le monde va mal, cela prouve plutôt que l’Eglise a raison. L’Eglise est justifiée, non parce que ses enfants sont sans péché, mais parce qu’ils pèchent. »

Avec la profonde connaissance de notre Foi et de la Tradition reçues de l’Eglise – et non d’un gourou de notre choix – nous pouvons nous mettre en travers du flux falsifié de l’histoire et crier « stop », afin que nous puissions être guidés et guider les autres vers cet AMEN réconciliant et clarifiant … je crois à la plénitude de la vie en Jésus-Christ.


Le père Phillip W. De Vous est le curé de la paroisse Saint-Joseph de Crescent Springs (Kentucky) et professeur assistant en politique publique à l’institut Acton pour l’étude de la religion et de la liberté.


illustration : La tentation de Saint Antoine, par Savador Dali, 1946


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/for-the-sake-of-the-kingdom-a-new-year.html