Environnement : CANCUN : OUF ! - France Catholique
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Environnement : CANCUN : OUF !

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Pas d’enthousiasme, mais un soulagement. Tel pourrait être la conclusion à tirer après les treize jours du Sommet de Cancun organisé au Mexique par l’Organisation des Nations-Unies (ONU) afin de trouver un accord multilatéral dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’échec, un an plus tôt, des mêmes négociations à Copenhague, avaient rendu les observateurs prudents et même pessimistes.

Le fait qu’un accord ait pu être obtenu le 11 décembre par les 194 Etats participants à la conférence est donc ressenti, sinon comme une victoire, du moins comme un non échec. « L’accord n’est pas parfait, mais ce n’est pas un accord a minima » a déclaré pour sa part Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie et du développement durable qui représentait la France aux discussions. En fait, il s’agit plutôt d’une étape, d’ « un pas important » comme l’a dit pour sa part José-Manuel Barroso, Président de la Commission européenne qui participait aux négociations pour le compte des Etats membres, « qui ouvre une nouvelle ère pour la coopération internationale sur le climat » a assuré de son côté la ministre mexicaine des affaires étrangères, Patricia Espinosa, qui présidait les débats .

Le texte de compromis qui a été adopté par les pays participants, à l’exception de la Bolivie, a pour principale vertu d’inscrire dans le marbre de nombreux points politiques des conclusions de Copenhague et de les décliner de façon plus précise. C’est en particulier le cas de l’objectif de limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2 degrés au-dessus des niveaux pré-industriels. Mais l’accord n’apporte aucune nouveauté sur le niveau général de réduction des émissions de gaz à effet de serre jugé pourtant unanimement trop faible pour atteindre cet objectif, même s’il jette les bases d’un mécanisme visant à réduire la déforestation jugée responsable de 15 à 20% de ces émissions. En termes de moyens, le Fonds vert, imaginé à Copenhague pour aider les Etats les plus pauvres à participer à l’effort commun, a trouvé ses assises avec l’établissement de son conseil d’administration assurant une représentation équitable entre les pays développés et les pays en développement. Ce fonds doit mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020, mais son alimentation reste néanmoins sans réponse à ce jour.

Mais le résultat le plus ambigu est certainement celui concernant l’avenir du protocole de Kyoto. Celui-ci est à ce jour le seul texte contraignant sur le climat, mais il arrive à échéance à la fin de 2012. Non signé en son temps par les Etats-Unis, il est confronté aujourd’hui à l’émergence de nouveaux gros contributeurs à l’émission de gaz à effet de serre comme la Chine et l’Inde, peu désireux de voir compromettre leur développement fulgurant par des mesures qui pourraient l’entraver. Le Japon, la Russie et le Canada, qui souhaitent un nouveau traité incluant ces pays, risquent donc de rencontrer des obstacles dans la réalisation de leur dessein. Grâce à une formule dont seuls les diplomates ont le secret, l’accord de Cancun a permis d’éluder le sujet sans pour autant l’enterrer. « Ce n’est pas encore la fin de l’histoire » a ainsi déclaré à juste titre Nathalie Kosciusko-Morizet. Après Nagoya il y a quelques semaines, Cancun aujourd’hui, le prochain chapitre doit s’écrire en 2011 à Durban en Afrique-du-Sud où, cette fois-ci, il faudra bien trouver un successeur au protocole de Kyoto tenant compte des nouvelles réalités économiques de la planète.

Le dernier mot de l’épisode mexicain revient donc sans conteste à Wendel Trio, représentant du Fonds mondial pour la nature (WWF) pour la Suisse : « Cancun a peut-être sauvé le processus, mais pas encore le climat ! ».