Le 10 novembre 2018 seize martyrs de l’Archidiocèse de Barcelone seront déclarés Martyrs de la Guerre civile espagnole des années de 1936 et 37.
Une cérémonie est prévue à la Basilique de “la Sacrée Famille” de Barcelone avec l’Envoyé du pape François qui présidera cette béatification.
Ils étaient de toutes origines, de diverses communautés religieuses masculines et féminines, se reconnaissant dans l’église catholique, dénoncés ou suspectés dans leur foi personnelle et fusillés pour l’exemple.
En Catalogne depuis les années 1930 la situation politique fut tendue comme dans le reste de l’Espagne. La république en Catalogne est déclarée en 1934. Elle sera de courte durée dans un environnement de violences perpétrées par les anarchistes et les communistes contre les catholiques, peu suspects pour certains d’embrasser les idées du nouveau régime.
L’arrivée du franquisme, les aléas d’une guerre civile larvée dans tout le pays, les crimes et assassinats perpétrés dans les rangs républicains et les rangs franquistes, aggraveront la situation et rendront l’affrontement des hommes inévitable.
On connaît la suite.
Le nombre des crimes perpétrés s’élève au fil des années 1936,37,38. On dénombre à 1875 le nombre de victimes pour le temps d’aout, septembre, octobre 1936.
Leur nombre ira croissant. Franco parvient au pouvoir en 1939 dans un pays divisé entre “les blancs et les rouges”.
Dès 1931 des centaines d’églises sont brûlées, des couvents défaits, des religieux chassés ou tués particulièrement en Catalogne, en Aragon et à Valence.
Barcelone et Madrid comptent le nombre le plus élevé de victimes.
C’est dans ces villes que se concentrent en effet les affrontements les plus nourris entre les troupes franquistes et les républicains.
Les églises et leurs fidèles seront la proie facile des règlements de compte et des blessures profondes infligées au regard de l’histoire espagnole par ces actes barbares et meurtriers.
La chasse à l’homme religieux est portée par “les patrouilles de l’aube”, comprenez par ces individus à la solde de la suppression systématique de toute personne arborant un signe religieux visible et exposé au regard des autres.
On se souvient de la cérémonie de Béatification tenue récemment à Tarragone des 522 religieux martyrs de la guerre civile espagnole.
Les catalans dénombrent leurs propres victimes au nombre de seize des soixante évalués pour la guerre civile à la même date.
Les papes depuis Jean Paul II ont célébré à Rome entre 1987 et 2001 au cours de onze Béatifications précédentes, ces anniversaires réclamés depuis l’Espagne de la part de nombreux diocèses du pays.
La Conférence Episcopale espagnole évalue à 6832 le nombre total de ces martyrs pour le pays en son entier.
Le sujet demeure encore vif dans les mémoires.
Car ces victimes appartiennent à tous les camps. Et les républicains pour leur compte assurent qu’ils eurent leurs victimes et leurs martyrs de la guerre.
Les républicains d’un côté, les franquistes de l’autre, utilisèrent les mêmes armes et les mêmes méthodes pour éradiquer les adversaires du temps.
Les papes à Rome demandent aux Autorités diocésaines d’Espagne de ne béatifier les causes politiques, sinon “l’engagement de fidèles prêtres ou laics au service de l’église et morts dans cette mission”. selon la formule du pape Jean Paul II “ils vécurent en aimant, et moururent en pardonnant”.
Depuis quelques semaines l’archidiocèse de Barcelone renoue avec la mémoire de l’Eglise en Catalogne.
Elle fut vivante, ardente et remarquable dans le passé, elle rappelle aux chrétiens d’aujourd’hui l’héritage reçu des anciens jusqu’au martyre de leur vie donnée pour l’évangile.