3063-Manœuvres médiatiques - France Catholique
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3063-Manœuvres médiatiques

C’est un procès "politique" plus que pénal qui s’est engagé le 12 mars à Périgueux, celui de la loi interdisant l’euthanasie. De nombreux médias se prêtent à ce jeu dangereux.
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La France a les yeux rivés sur Périgueux. Mesures de sécurité maximales, vigiles, grands écrans… La Justice n’a pas lésiné sur les moyens dans la préfecture de la Dordogne. Après l’affaire sensible jugée la semaine précédente (le meurtre par un agriculteur désespéré de deux inspecteurs du travail) qui a déjà fait défiler 400 manifestants devant le palais de Justice, elle enchaîne sur le procès de l’euthanasie de Paulette Druais par l’infirmière Chantal Chanel agissant sur prescription du docteur Laurence Tramois.

La famille de celle que les partisans de l’euthanasie légale se gardent bien de nommer « victime » n’était pas au courant, mais se dit a posteriori solidaire des deux soignantes, qui, elles, paraissent dépassées par les événements.

Le lobby de l’euthanasie ne s’y est pas trompé : à quelques semaines des présidentielles, il tient l’occasion rêvée. C’est un ouragan médiatique qui est programmé. Les promoteurs de l’euthanasie ont soigneusement préparé leur offensive. Tenant une conférence de presse cinq jours avant l’ouverture du débat, les leaders de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) somment les candidats à l’élection présidentielle déjà émoussés sur ce sujet de se prononcer sur leur revendication : le suicide médicalement assisté et affirment vouloir créer autour du Palais de Justice un « cordon citoyen ». Le lendemain, Le Nouvel Observateur publie un manifeste de 2134 médecins et infirmières prétendant avoir « aidé à mourir » des patients et revendiquant la légalisation de l’euthanasie. Quant à l’emblématique Marie Humbert, c’est avec l’association « Faut qu’on s’active », proche du Parti socialiste, qu’elle tient conférence de presse, à Périgueux. Celle que certains désignent comme la « mater dolorosa » contemporaine réclame cette “loi Vincent Humbert” qui semble le but de sa vie. Héroïne incontestable, elle est partout. Cet emballement médiatique donne aux promoteurs de l’euthanasie un retentissement bien plus fort que les pétitions anti-euthanasie comme celle de l’infirmière et écrivain Elisabeth Bourgois qui organisait une manifestation esplanade du Trocadéro dimanche 11 mars.

Tant de battage a fait s’insurger douze personnalités* dont Marie de Hennezel, grande figure des soins palliatifs. En leur nom, Me Antoine Beauquier a écrit au président de la Cour d’assises pour demander le report du procès après les élections. Invoquant « l’article 353 du Code de procédure pénale qui stipule que les jurés doivent rendre la justice ‘dans le silence et le recueillement’ « , sa lettre dénonce la « tentative de prise en otage de la Justice par des militants qui croient avoir trouvé le cas emblématique servant leur idéologie ». Mais cet appel manque de relais médiatique. Le quotidien Sud-Ouest, qui vient de publier le manifeste des soignants pro-euthanasie, refuse un communiqué dans le sens inverse, mais affirme vouloir l’exclusivité de l’information. En retour, son rédacteur en chef s’engage à en faire une accroche de son édition du lendemain, pour garantir l’égalité de traitement entre pro et anti euthanasie. Las, Sud-Ouest n’en fait qu’un traitement secondaire en page 8, le samedi 10 mars. Un lâchage qui, selon les organisateurs de l’appel au report du procès, retarde d’autant la véritable médiatisation.

L’article du Figaro titré « un appel de médecins et d’intellectuels pour le report des débats au nom de la sérénité » du lundi 12 mars arrive trop tard pour changer la donne.

Le cancérologue Xavier Mirabel s’est donc rendu à Périgueux pour l’ouverture du procès, après avoir communiqué le premier résultat de son Appel contre le lobby de l’euthanasie à l’hôpital (17 321 signataires protestent contre l’habilitation gouvernementale de l’ADMD à représenter les usagers du système hospitalier). Pour le président de l’Alliance pour les droits de la vie : « au vu des premiers éléments entendus sur cette affaire, c’est la formation du médecin qui fut défaillante. Laurence Tramois a visiblement agi sans discernement, dans un état d’épuisement qu’il aurait fallu accompagner ».

De son côté, le professeur de réanimation Olivier Jonquet lance une contre-pétition « Non à l’euthanasie, oui à une médecine à visage humain ». Réservé aux soignants qui s’opposent à l’euthanasie, elle peut être signée par Internet sur :

www.convergence-soins.com

Au milieu du tohu-bohu médiatique, un quotidien a tout de même rompu l’unanimisme qui entourait jusqu’ici l’ADMD : Le Parisien-Aujourd’hui en France publiait lundi 5 mars une double page titrée « Comment le lobby de l’euthanasie fait campagne ». On y découvre que Marie Humbert s’est désormais désolidarisée de l’ADMD qui l’aurait manipulée et dont elle juge les militants extrémistes. Les « pratiques douteuses » de l’association sont longuement dénoncées. La plus choquante : la filière qu’elle promeut pour se faire euthanasier en Suisse. Le sulfureux organisme Dignitas y fait aujourd’hui scandale : l’autopsie d’une victime du suicide assisté qu’elle administre sur demande vient de révéler que sa maladie n’était pas si grave qu’elle le pensait.

Tugdual DERVILLE