La guerre du genre - France Catholique
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La guerre du genre

Ceux qui ont imposé l’idéologie du genre dans les manuels scolaires de classe de première n’ont pas encore gagné la partie.

Rentrée scolaire

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Alors qu’elle est passablement essoufflée aux États-Unis, son pays d’origine, la théorie du genre ou « Gender » se heurte à une résistance qu’on n’attendait plus en France. Tout est parti de la circulaire du 30 septembre 2010 du ministère de l’Éducation nationale : les nouveaux programmes comportent un chapitre intitulé « Devenir homme ou femme » avec, en filigrane, l’idée qu’il s’agit d’un choix personnel.

Les idéologues du Gender pensaient-ils imposer leur théorie sans polémique ? La sortie des nouveaux manuels de Sciences de la vie et de la terre (SVT) a provoqué une levée de boucliers. Peut-on exiger des lycéens qu’ils récitent les préceptes du Gender, comme s’ils étaient scientifiquement prouvés ? Ces fameux préceptes se défendent mal lorsqu’ils sont exprimés dans la candide simplicité d’une rédaction scolaire. « Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin » assène la version 2011 du manuel Hachette. Noyé dans la masse, ce type d’ânerie passait jusqu’ici sans trop choquer. En octobre 2010, Caroline Fourest, libre chroniqueuse du Monde, pouvait affirmer, au détour d’un article sur la féminisation des directions d’entreprise, que les taux de testostérone des hommes et des femmes allaient inéluctablement « s’équilibrer après plusieurs siècles d’activité égale ».

Désormais, la presse déterre les gros lapins du Gender : une famille canadienne qui refuse de dire si son enfant, Storm, est un garçon ou une fille « pour qu’il/elle choisisse » ; les enseignants d’une maternelle suédoise qui expurgent désormais le masculin et le féminin de leur langage par souci de « neutralité »… Les outrances des nouveaux manuels scolaires français sont à leur tour relevées. Le Point du 21 juillet 2011 cite la page 133 du nouveau Belin : « Je peux être un homme et être attiré par les femmes, mais je peux aussi me sentir 100% un homme viril et être attiré par les hommes… » Doutant des fondements de telles assertions, la journaliste Émilie Lanez donne la parole au président de l’Association des professeurs de biologie et de géologie, Serge Lacassie. L’enseignant s’étonne des « exemples non scientifiquement satisfaisants » contenus dans les manuels. Comment les intégrer à l’épreuve de SVT du baccalauréat ? La rébellion ne se limite donc pas à l’Église catholique contre laquelle les théoriciens du Gender concentrent leurs attaques.

Vitrine intellectuelle du Gender, Éric Fassin, de Nor­male sup, monte au créneau pour asséner sa doctrine qui gomme la distinction masculin – féminin : « Ces normes sont sociales » et « politiquement transformables ». Le sociologue pointe la « dimension religieuse explicite » de la controverse. La philosophe Geneviève Fraisse revendique à son tour « presque 30 ans » d’études sur ce sujet au CNRS pour regretter que « le sexe et le genre » soient « quasiment illégitimes en France ». En réalité, ces deux chefs de file sont pré-positionnés de longue date dans les lieux où s’élabore la pensée. Leurs adeptes embrayent, à l’image de l’Institut Émilie-du-Châtelet dénonçant par pétition, dans Le Monde, une « censure archaïque ». Quant au gros des troupes, il vient des syndicats d’enseignants marqués à gauche : le Snes-FSU stigmatise une « croisade contre l’homosexualité » et l’UNSA Éducation en appelle à la séparation des Églises et de l’État contre l’immixtion des Églises dans la vie citoyenne.

Ce sont les troupes libertaires-laïcistes qui sont à la manœuvre. L’opposition au Gender peut s’organiser. « On naît garçon ou fille » souligne, au nom du bon sens, l’adjoint au secrétaire général de l’Enseignement catholique, Claude Berruer, qui « réfute qu’on ait le choix de son genre ». En pointe du côté politique, Christine Boutin a lancé une pétition mobilisatrice. Mais elle n’est pas seule : des députés UMP publient un rapport décomplexé, prônant la « famille durable ». Ils proposent de réserver l’adoption aux couples de personnes de sexes complémentaires ou aux seuls célibataires ayant un lien de parenté avec l’enfant, quand ses parents sont décédés. « Avoir deux parents de sexes différents » est « un bien élémentaire de l’enfant » osent-ils affirmer. Quant au gouvernement, il chercherait à éviter une nouvelle guerre scolaire. Une fois démasquée, l’idéologie contenue dans les programmes pourrait être neutralisée dès septembre. Il restera du travail pour bouter le Gender hors de l’Éducation nationale. Rendez-vous à la rentrée.