Jésus fait-il un signe de tête ? - France Catholique
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Jésus fait-il un signe de tête ?

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Bien qu’il semble que la proposition du cardinal Kasper (d’autoriser les catholiques divorcés et remariés à recevoir la communion) ait été rejetée par le synode des évêques, on peut difficilement éviter l’impression qu’une grande révolution est en train de se passer dans l’Eglise catholique – une révolution qui comporte l’abandon sélectif d’enseignements catholiques orthodoxes.
Au Synode, des officiels de haut rang dans l’Eglise – cardinaux, archevêques et évêques – ont dit en effet que Jésus était dans l’erreur quand il déclarait qu’un divorcé ou une divorcée qui se remariait était coupable d’adultère.

En vérité, les « Kasperites » n’ont pas dit cela de cette façon. Ils ne se sont pas levés pour crier « Jésus s’est trompé » ou « Jésus, comme Homère, fait parfois un signe de tête » ou « nous pouvons pardonner à Jésus son erreur, malheureuse et pas très charitable puisque lui, pauvre homme, ne bénéficiait pas de la sagesse morale directement accessible à ceux d’entre nous qui avons la chance de vivre au merveilleux vingt et unième siècle ». Mais c’est le vrai sens de ce qu’ils proposaient.

Ils ont dit qu’un mariage après un divorce n’était pas une union adultère du moment que certaines démarches « pénitentielles » avaient été effectuées, avec pour effet de purifier leur union, et de gommer son caractère adultère ; c’est pourquoi les catholiques impliqués dans une telle union purifiée sont libres de recevoir la sainte communion.

Est-ce que ce n’est pas une manière parfaitement claire de dire que Jésus se trompait quand il bannissait le divorce suivi de remariage.

Si cette proposition de Kasper avait été acceptée par le synode et ratifiée par le pape, il est facile de voir jusqu’où les choses auraient pu aller à partir de là.
D’abord, la pénitence nécessaire pour «  désadultériser » ces unions, rigide au début, serait plus tard devenue plus souple dans un esprit de miséricorde. Tôt ou tard on aurait pu divorcer de sa première femme le jeudi, se marier avec la seconde vendredi, dire trois Notre Père et trois Je Vous Salue Marie le samedi, et aller communier le dimanche.

Ensuite, on trouverait un moyen de bénir d’autres activités sexuelles que Jésus, pauvre homme plein d’illusions comme il l’était, considérait comme un péché, par exemple la fornication, le concubinage, et la sodomie homosexuelle.

Troisièmement, puisque nous sommes en train de nous débarrasser de certains éléments impratiques et démodés de la morale catholique immémoriale, pourquoi ne pas nous débarrasser aussi de certaines doctrines qui semblent tout à fait invraisemblables à des esprits modernes issus de l’enseignement supérieur, comme la conception virginale du Christ, les deux natures de Jésus, la Trinité, la Résurrection ? Si le catholicisme devait faire tout ceci, il suivrait tout simplement le chemin éculé qu’a suivi au cours des deux derniers siècles le protestantisme libéral. A moins d’être de parfaits ignares en ce qui concerne l’histoire du protestantisme, nous savons où mène ce chemin. Il mène au suicide institutionnel. Regardons les différents types de protestants qui ont embrassé le libéralisme religieux – et par libéralisme, je veux dire une tendance à mettre de côté les doctrines et les règles morales chrétiennes orthodoxes face auxquelles l’esprit moderne trouve des objections. Considérons ce qu’on considère comme les principales églises protestantes aux Etats Unis de nos jours. Elles sont terriblement à la mode. Et partout, elles rétrécissent, rétrécissent, rétrécissent.

Y a-t-il une seule raison de croire que la libéralisation du catholicisme produira autre chose que les mêmes résultats ? Bien sûr que non. Il faut être un idiot – ou un idéologue « progressiste » – pour le croire. Mais me diront certains, « le catholicisme en Amérique est déjà sur le déclin et ceci sans avoir répudié la doctrine ni la moralité ». Ce n’est pas entièrement vrai. Il y a eu un courant libéral de répudiation de la doctrine et de la morale. Mais pas une répudiation «  brutale » comme celle des Kasperites. Plutôt une répudiation «  douce » – répudiation par le silence.

Pendant la dernière moitié du siècle dernier, combien de fois avons-nous entendu les chefs catholiques, c’est-à-dire les prêtres et les évêques, rappeler à leurs ouailles que la foi catholique condamne fermement la contraception, la fornication, l’adultère et la sodomie homosexuelle ? Même les condamnations de l’avortement ont été rares et assourdies – n’en déplaise au pape François qui semble s’imaginer que nos chefs étaient obsédés par ces sujets ? Comme le dit le vieux proverbe : Qui ne dit mot consent. Le silence de nos pasteurs a donné un consentement implicite à la morale sexuelle à la mode (ou si vous préférez, à l’immoralité) du monde séculier moderne.

On me dira : « Ne vous en faites pas, la proposition de Kasper n’a pas réussi. La foi est sauve ». Peut-être. Mais je ne suis pas optimiste. Que le catholicisme libéral –c’est-à-dire hérétique – prospère dans les pages du Reporter National Catholique, ou dans les conférences théologiques de quelque jeune et brillant jésuite, ou au café d’après la messe dans une quelconque paroisse catholique huppée, c’est une chose. C’est tout autre chose quand il prospère parmi les plus hauts officiels de l’Eglise, surtout si cela se passe sous les yeux du pape – et semble-t-il, avec sa connivence.

http://www.thecatholicthing.org/2015/10/28/does-jesus-nod/

Photo : L’évêque épiscopalien Gene Robinson (à droite) se marie avec son partenaire de sexe masculin en 2008. Ils ont divorcé en 2014.