D’une simple joie - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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D’une simple joie

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Fête hier du Cœur sacré de Jésus comme aujourd’hui nous fêtons le Cœur immaculé de Marie … Indissociables tous deux, cela va de soi ! Et c’est saint Jean Eudes qui a fourni les deux méditations, remarquables chacune… La première invite à considérer le Christ comme étant la source même du bonheur… la seconde à voir en Marie la nouvelle arche d’alliance :

D’abord donc citer la belle page qu’il a écrite comme avec des soupirs et des silences afin de louer son et notre Seigneur : « C’est ce Cœur divin qui est un port assuré, où l’on est à couvert des vents et des orages de la mer de ce monde. C’est dans ce Cœur qu’il y a un calme qui ne craint point les foudres ni les tempêtes. C’est dans ce Cœur que l’on goûte des délices qui n’ont aucune amertume. C’est dans ce Cœur que l’on découvre une paix qui ne souffre jamais aucun trouble ni division. C’est dans ce Cœur que je rencontre une joie qui ne sait ce que c’est que tristesse. C’est dans ce Cœur que l’on possède une félicité parfaite, une douceur très suave, une sérénité sans nuages et une béatitude inconcevable. C’est ce Cœur qui est le premier principe de tout bien et la source primitive de toutes les joies et de tous les délices du paradis. C’est de là, ô mon très doux Jésus, c’est-à-dire de votre divin Cœur, comme d’une source première, principale et inépuisable, que découlent, dans les cœurs des enfants de Dieu, toute félicité, toute douceur, toute sérénité, toute sûreté, tout repos, toute paix, toute joie, tout contentement, toute suavité, tout bonheur et tout bien… » Ici, saint Jean Eudes a dû s’envoler jusqu’au sommet du plus haut des peupliers…

Mais il faut aller à l’autre versant, où se trouve la Mère de ce Cœur prodigue en merveilles et en douceurs, celle qui est ici comparée à l’Arche d’Alliance :

« Premièrement, comme cette Arche était faite d’un bois incorruptible, le Cœur immaculé de la Reine des Anges n’a jamais été atteint de la corruption d’aucun péché. Secondement, comme l’Arche était toute couverte d’or au-dedans et au-dehors, le Cœur de la Mère du Bel Amour était tout transformé en amour et en charité au regard de Dieu et au regard de nous. En troisième lieu, comme l’Arche contenait en soi les Tables de la Loi, le Saint-Esprit a écrit en lettres d’or toutes les saintes Lois que notre Rédempteur nous a apportées du ciel, dans le cœur sacré de sa divine Mère. En quatrième lieu, comme l’Arche contenait une portions de la manne que Dieu faisait descendre du ciel pour la nourriture de son peuple, le Cœur de la Mère de Jésus nous a conservé dedans soi les mystères que son Fils a opérés pour nous en la terre, avec les paroles de vie et les vérités divines qu’il nous a apportées du ciel, comme une très douce et très précieuse manne pour la nourriture et la vie de nos âmes ».

On sent assez combien Jean Eudes se laisse griser par l’accumulation des mots directement liés à la joie et à tout ce qui la fait naître, au bonheur et à tout ce qui en comble l’âme et l’esprit… S’il le pouvait, il en inventerait à en perdre haleine, il enchaînerait mots sur mots, jusqu’à en constituer des temples plus hauts que les plus hautes montagnes. Il est enivré par des parfums plus subtils que les plus précieux des hymnes, il est aveuglé sans pour autant perdre la vue par des paysages qui outrepassent tout ce que notre terre peut offrir de plus attrayant comme de plus céleste.

Ainsi, il donne à penser que notre esprit pourrait entrevoir des beautés sans égales ici bas, que notre âme pourrait contempler une lumière surpassant celle même du soleil : il suffirait de consentir à devenir des saints ! Ce qu’il fit en sa Normandie natale où il fut comme un second Vincent de Paul.

Il aime, c’est tout dire ! Il aime, et l’objet de son amour le transporte avant même qu’il s’y soit rendu en ce « paradis » vivant, le Cœur de Marie lui-même tout ouvert sur celui de son Fils, le Verbe éternel.

M. Olier l’appelait « la merveille de son siècle ». Bossuet disait de lui : « C’est comme cela que nous devrions tous prêcher ».