Carême: le jeûne de la conscience - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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Carême: le jeûne de la conscience

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Une importante réunion du comité administratif de la Conférence épiscopale des USA se tient cette semaine, et elle devrait être pour tous une occasion de prier pour ceux qui s’inquiètent de l’avenir de la liberté religieuse, et des institutions catholiques aux États-Unis. Ajouter une intention de plus en période de carême ne devrait pas peser bien lourd devant un problème d’une telle ampleur.

Les critiques envers la ferme attitude de l’Église face au décret du Président Obama sur les prestations de prévention [NDT: contraception, avortement, stérilisation] ont intensifié leur pression avec des attaques à caractère parfois personnel; par exemple, E.J. Dionne, du Washington Post a, dans un article récent, éreinté la hiérarchie catholique américaine, la présentant comme « nouvelles recrues pour le Tea Party ».

Le décret sur les prestations de prévention et l’obligation faite aux institutions catholiques d’assurer « gratuitement » à leur personnel la couverture des frais de médicaments abortifs, de stérilisation et de contraception n’est que le plus récent pas d’une progression logique. En 2006 l’État du Massachusetts a écarté les œuvres catholiques du domaine des adoptions par un nouveau décret imposant de proposer l’adoption par des couples homosexuels.

Quatre ans plus tard, le District of Columbia [territoire hors États de la capitale fédérale, Washington] a pris les mêmes mesures de brimades envers l’Église tout en menaçant de supprimer les subventions aux œuvres d’aide aux sans-abris et autres miséreux, parce qu’elle refusait d’accorder aux couples de même sexe les mêmes allocations qu’aux couples mariés.
Pour ne pas agir contre sa conscience quant à la nature du mariage, l’Église a dû renoncer à accorder la protection « santé » aux conjoints de ses futurs employés. L’État d’Illinois a vite sonné le tocsin pour coincer de même les agences d’adoption catholiques.

Puis en 2011 l’administration Obama a annulé une subvention nationale à l’Église pour sa participation au sauvetage de victimes de la traite de femmes. Bien que l’Église, continuant à agir en ce domaine, ait obtenu des résultats bien meilleurs que les autres organismes analogues, le Ministère de la santé et des affaires sociales de Kathleen Sebelius a imposé une nouvelle obligation — ne figurant nullement dans la loi — de procurer aux femmes ainsi sauvées l’accès à tous les services dits « de santé reproductive » (par ex. avortement et contrôle des naissances).

À chacune de ces étapes l’administration Obama et ses alliés ont manœuvré pour restreindre l’espace où les institutions catholiques peuvent « être catholiques », même hors le domaine des aides et contrats gouvernementaux. Les termes de la licence d’État, comme dans le Massachusetts, ont suffi, au nom des lois ravageuses sur la non-discrimination des orientations sexuelles, à détruire la participation catholique aux actions d’aide sociale.

Aussi agressives qu’aient pu être ces mesures contre la conscience de l’Église Catholique, elles sont mineures devant les violations commises maintenant au nom des articles ambigus de la loi de réforme de la protection de santé de 2010. S’appuyant sur un vague amendement de « prévention » adopté en comité mais n’ayant fait l’objet ni de débats ni de vote sur une loi de 2.500 pages, Obama et son Ministère de la santé et des affaires sociales ont redéfini la grossesse, désormais « maladie », et créé une exemption religieuse si étroite qu’on n’a jamais rien vu de tel dans la loi américaine, puis ont rejeté toutes les tentatives de rectification en prétendant que l’Église s’engageait soudain dans une guerre antifemmes.

Il est ainsi évident que toute la structure d’œuvres charitables de l’Église est en danger, et que ce n’est nullement dû à l’évolution des mœurs, mais l’effet délibéré d’une politique et de lois cherchant à dominer la définition même de la vie, du mariage, de la santé des femmes, et, désormais, de la charité.

Et encore un autre hypocrite « aménagement » de l’administration Obama est attendu (date d’application, évidemment, « après les élections »), mais ne camouflerait pas le fait que la conception même de la loi de 2010 sur la réforme du système de santé est une offense à la fois au Premier Amendement [de la Constitution des États-Unis] et à la base des principes sociaux du catholicisme.

Le Ministère de la Santé prétend que les organismes catholiques ne sont pas vraiment concernés par le financement de pratiques immorales car, après tout, la contraception fait faire des économies aux assureurs comme aux assurés. Ce ministère voudrait nous faire croire qu’il ne s’agit que d’un problème économique, et non pas de liberté constitutionnelle. Ce calcul brut est en soi une offense envers les sentiments religieux, mais imaginez la suite, un prochain décret promulguant l’avortement des fœtus handicapés et libéralisant les médicaments pour l’euthanasie des malades, ou le suicide assisté.

Dans ces derniers cas, après tout, il s’agit de véritables maladies. La présente administration ou une prochaine ne forcerait-elle pas les Universités, les hôpitaux, les soupes populaires catholiques, à assurer à leur personnel la gratuité des pilules d’avortement ou d’euthanasie? Si celà paraît incroyable, est-il incroyable que l’Église soit actuellement harcelée par une politique de l’administration empêchant les catholiques de gérer leurs institutions conformément à leur adhésion à la loi morale ?

La règle édictée par le ministère de la Santé, comme le cardinal Timothy Dolan le souligne dans sa lettre du 2 mars, « tente de définir ce qu’est le ministère de l’église et comment il peut s’exercer. » Celui qui définit et finance détient le pouvoir.

Voici pourquoi la définition doit être aussi bien maîtrisée dans les paroisses. Nous devons faire front pour une liberté religieuse continue tant pour les institutions catholiques que pour chaque fidèle, quel que soit son lieu de travail. Nous devons aussi soutenir la protection constitutionnelle de la liberté religieuse en tous domaines concernant la santé, de la conception à la mort naturelle. Nous devons insister pour renverser toutes les politiques qui entravent la capacité de l’Église à exercer les métiers de santé selon la doctrine sociale de l’Église catholique.

L’accomplissement de ces buts est une tâche bien plus vaste que l’annulation du décret relatif aux « services préventifs », mais cette annulation doit survenir. Nous devons aussi porter notre attention sur la promotion de futurs changements dans la politique de santé afin de préserver et développer l’accès aux soins et aux aides sociales tout en protégeant la liberté de religion et de conscience.

Photo : le cardinal Dolan: à qui revient de définir la foi ?

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/standing-fast-on-conscience-this-lent.html