Babysitting, dans le flou - France Catholique

Babysitting, dans le flou

Babysitting, dans le flou

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Les ménages avec de jeunes enfants connaissent tous un des aspects pénibles de la vie en couple. Il est pratiquement impossible de sortir à deux. Une « soirée en amoureux » est plus qu’un rêve délirant, qui s’estompe dans les temps anciens.

Si vous avez de la famille à proximité, tant mieux. Il est notoirement difficile de trouver un(e) babysitter rémunéré(e). Et si vous en trouvez un(e) bon(ne), vous l’accrochez, mais les autres en font autant — et il est de plus en plus difficile de les retenir. De plus, leur période de disponibilité s’abrège alors que leurs occupations deviennent plus prenantes, ou qu’ils partent pour la fac. Les tarifs eux aussi sont dissuasifs. Une séance de cinéma à 18 € coûte vite 50 €, le temps de boire une gorgée ou grignoter quelque chose au bar. Ce qui devient difficile à inclure dans un budget familial déjà chargé.

Passer du temps à deux est essentiel pour une saine vie de couple. Cette idée est, je crois, soutenue par les sociologues. Rester tout le temps à la maison, passer tout le temps avec les enfants peut vous faire oublier comment vivre en couple, et vous entraîner sur une pente fatale. Les femmes ont besoin de romanesque, et ont besoin des attentions que peuvent leur porter leurs époux. Les hommes doivent se rappeler comment être aux petits soins sans interférence des enfants. Sinon, les couples tombent dans un train-train de vie en commun, risquant de causer la mort du ménage.

Les mamans de tout-petits — surtout les mères au foyer — ont pour le moins besoin de temps sans leurs petits, hors des murs de la maison, d’avoir l’occasion de s’habiller, de sortir, d’avoir des conversations de grande personne. Ne serait-ce qu’une soirée par mois serait pain béni. Il ne s’agit pas seulement de distraction. Il s’agit d’aider le couple, la famille, à demeurer unis.

Il y a une foule d’individus susceptibles d’aider à résoudre ce problème. Ils sont, en fait, en situation exceptionnelle pour aider. Ils ont le temps, pas davantage d’heures par jour que quiconque, mais du temps disposnible. Je veux parler des célibataires.

Il y a en Amérique une épidémie de célibat, peut-être parce que les gens ont tendance à retarder l’âge du mariage, ou bien que trouver le partenaire idéal semble plus difficile de nos jours. Mais ne serait-ce pas une bonne chose que certains d’entre eux, beaucoup d’entre eux, décident de passer au moins un peu de leur temps à aider leurs amis, mariés et parents, à préserver leurs ménages?

Ma femme et moi avons beaucoup d’amis célibataires. Une de nos lubies consiste à imaginer que l’un d’entre eux nous appelle pour dire: « Sortez donc mardi prochain, je m’occuperai de vos poussins.»

Hélas, un rêve jamais exaucé. Et même, quand nous lançons un appel, ils sont trop pris. Après un certain nombre d’échecs, nous avons simplement renoncé.

La question du temps libre n’a pas de sens pour les célibataires, ce temps leur appartient entièrement. Marié, avec des petits enfants, vous n’avez plus l’occasion de disposer librement de votre temps. Ces petites créatures que vous aimez tant sont des dictateurs impitoyables en ce qui concerne le temps. Dieu merci, c’est parfois un tyran qui nous enseigne à faire le don total de soi.

Célibataire, vous pouvez aller n’importe où, faire pratiquement tout ce que vous voulez. Je me souviens de ces longs week-ends s’offrant totalement à New York. Ces longues fins de semaine à vélo dans les parcs, ou passées à bouquiner, à regarder les nuages glisser dans le ciel, à déjeuner dans de bons restaurants. Je sentais ce temps libre comme un don du ciel, mais avais-je envie de partager avec ceux qui manquaient de temps? Ben, non!

Même les couples mariés sans enfants disposent d’une bonne part de temps libre. Ma femme et moi plaisantons encore en évoquant cette époque de notre vie de jeune ménage où nous étions « célibataires », c’est ainsi que nous appelons notre existence d’avant la venue des enfants.

Le premier parmi ceux que je montre du doigt, c’est moi-même. De toutes mes années de célibat — un bon total de 47 ans — j’ai été babysitter exactement une fois. Et j’étais fier de moi. Croyez-le ç’a été une rude nuit.

Je ne savais que faire de ces trois petites créatures, dont l’une était aussi malheureuse de ma compagnie que moi de la sienne, et pleurait tout le temps. Ma femme reconnaît que ses premières expériences de babysitter lors de son long célibat ont été un martyre.

Naturellement, il se peut que les célibataires considèrent les gens mariés comme comblés: amour, mariage et enfants. Comment ces gens comblés peuvent-ils envier quelquechose de ceux qui ne le sont pas? Durant mon célibat, je n’ai jamais pensé qu’ils avaient besoin de moi.
Je profite de ces lignes pour lancer cet appel aux célibataires: on a grand besoin de vous.

La tendance chez les ménages ayant de jeunes enfants consiste à se grouper et à pratiquer le troc. Vous gardez les nôtres quand nous sortons, puis réciproquement nous gardons les vôtres. C’est notre pratique avec d’autres ménages voisins. Pas de rémunération, juste des sourires de profonde gratitude.

Il reste un flou à propos de la demande. Que diriez-vous d’un apostolat de célibataires consacrant un petit peu de leur temps à aider des ménages avec enfants? On pourrait l’assimiler à un acompte sur le futur qu’ils peuvent espérer. Un (une) célibataire lisant ces lignes entendra-il(elle) l’ange gardien suggérant de devenir partisan du mariage de cette façon: faire du babysitting de temps en temps.

Faites-moi savoir ce que vous en pensez.


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/haloes-just-for-the-asking.html


NdT : ennemi farouche du franglais, j’ai succombé à la tentation d’écrire « babysitter » – « babysitting », dont je n’ai jamais trouvé aucune traduction assez mignonne, que ce soit pour mes enfants ou mes petits-enfants.