Les consultations en vue d’instaurer un statut de beau-parent au sein des familles recomposées font craindre une construction juridique dénaturant le concept de famille aux dépens des enfants.
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Sur 60 personnes interrogées, 15 beaux-parents et beaux-enfants avouent qu’ils préféreraient se voir moins, 24 que l’autre ne fait pas partie de la famille et 20 qu’ils ne garderaient pas contact en cas de séparation du couple recomposé. L’enquête de la sociologue Sylvie Cadolle est évoquée dans Libération du 25 décembre, au moment où on tente d’inventer un « statut parental » pour les adultes des familles « monoparentales » ou « homoparentales ».
Retour sur terre pour ceux qui rêvent d’harmoniser les familles « recomposées » (car c’est à elles que l’expression beaux-parents s’applique ici et non pas aux personnes qui se substituent au parent décédé ou aux parents d’un conjoint).
En dix ans, le droit s’est calqué sur l’errance affective des adultes en instaurant des contrats précaires : pacs unilatéralement rompu puis divorce express – sans juge ni avocat – décrété indolore. Le statut de « beaux-parents » – engagement de campagne du président de la République – entre dans cette logique. Et il apaiserait les revendications du lobby homosexuel, Nicolas Sarkozy l’a encore précisé implicitement dans sa lettre de mission à Xavier Bertrand, ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité : il s’agit d’« aider toutes les familles sans exclusion, pourvu qu’elles soient des lieux de repères affectifs et moraux. »
Mais quels repères ? Et peut-il y avoir des repères sans un minimum de stabilité, sans parler de morale ? Il est vrai qu’est entrée à l’Élysée une famille recomposée qui s’est à nouveau fracturée. Ce genre de situation complexifie inévitablement l’éducation des enfants. Selon l’Insee, 1,6 million vivraient dans une famille recomposée dont 30 000 dans des « familles homoparentales ». Autant d’enfants forcés d’entrer dans ces atermoiements, de s’attacher et se détacher au gré des unions et désunions qui les transportent de couple en couple et de domicile en domicile.
En matière de filiation, il est cependant difficile de chasser le naturel. Lorsqu’on lui raconte « Je vous préviens, il n’y a pas de père », la pédiatre Edwige Antier explique rétorquer « Ce n’est pas possible », et elle tente de réhabiliter ce père occulté et de « l’inscrire dans l’histoire du bébé ». Bien des pères divorcés craignent un statut de beaux-parents. Leur association SOS Papa les estime déjà écartés à 90 % de la garde de leurs enfants en cas de divorce et que « dans 30 % des cas [le père] perd tout contact avec son enfant au bout de trois ans en moyenne ». Le beau-père serait un usurpateur.
Du côté féministe, on reproche aux pères de manquer à leurs obligations légales mais aussi de mieux « se recaser ». « C’est surtout vrai pour les femmes qui ont passé 40 ans et qui ont des enfants. Sur le marché matrimonial, elles ne sont plus concurrentielles. Les ressources des femmes, ce sont leur beauté et leur jeunesse. Tandis que les hommes jouent sur leur situation professionnelle », explique Sylvie Cadolle (Ouest-France du 04/04/2004). Guerre des sexes, donc, pour commencer, entre ces parents biologiques avec pour enjeu l’enfant. Et désormais conflits de paternité en perspective entre pères et beaux-pères. En embuscade, le lobby homosexuel salue tout ce qui peut dévaloriser la filiation biologique.
Et l’enfant ? Certes, le divorce est si banalisé qu’il n’est plus stigmatisant pour lui. Il demeure toutefois douloureux et même discriminant (six mois de retard scolaire en moyenne pour les enfants du divorce). Dans son rapport rendu à l’automne, le défenseur des enfants, Dominique Versini, s’est pourtant rallié au statut de beau-parent. Considérant sans doute le taux de divorce comme une fatalité, elle ouvre aussi la porte aux revendications homosexuelles avec des formules à la carte comme le « mandat ponctuel d’éducation » ou la « convention de partage de l’exercice de l’autorité parentale » qui seraient souples et réversibles.
Présidente de l’Alliance pour un nouveau féminisme européen, Elizabeth Montfort estime quant à elle, dans une étude publiée par Liberté Politique (
www.libertepolitique.com ), que ce projet est « juridiquement inutile et socialement dangereux ». Imposer à l’enfant une autorité « parentale » qui n’est pas celle de ses parents biologiques ou adoptifs, est-ce respecter ses droits ? Des enfants risquent bien de se retrouver affublés de faux-parents : occasionnels, successifs, et en nombre indéterminé.
T.D.
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