Au moins son ombre - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Au moins son ombre

Copier le lien

Jean pensait: Nous sommes des hommes nouveaux.

Il vit le changement en Simon, que le Seigneur appelait Pierre, et il vit le changement en lui-même.

Pierre, rempli de l’Esprit parce qu’il avait été juste libéré de prison par les anges, retourna hardiment dans la cour du Temple, à l’endroit exact où lui, Jean et les autres avaient été arrêtés précédemment pour sédition. Certains de ces autres disciples jugèrent alors préférable de ne pas se joindre à eux, lors d’une véhémente proclamation du Royaume. Pourquoi risquer encore si vite le courroux du Sanhédrin?

Cependant le long du chemin les pauvres – en esprit, en richesse, en santé – avaient surmonté leur peur, leur espoir étant aussi grand que leurs besoins, et ont amené les malades et les souffrants et les ont allongés dans les rues sur des brancards et des matelas, berçant certains dans leurs bras, pour que, lorsque Pierre passait, son ombre au moins puisse couvrir l’un ou l’autre. Et ils furent tous guéris.

Ainsi Pierre et Jean, à l’abri du brillant ciel indigo, plongèrent dans l’ombre du portique qui entourait la cour du Temple, et commencèrent à accueillir les passants, attirant leur attention sur les miracles.

Cet endroit, le Temple d’Herod, avait une fois produit une effrayante fascination sur Simon (ainsi qu’il se considérait encore), et quand il avait été dans cette cour avec Jesus, il avait imaginé la plateforme élevée dans le Saint des Saints, la demeure de Dieu sur terre, un souvenir de l’endroit où, dans le temple de Salomon, l’Arche d’Alliance de Dieu a jadis reposé.

Maintenant Simon Pierre dit au peuple que l’arche de Dieu s’était tenue juste là, à coté de lui. Le Dieu d’esprit et de chair, vivant et respirant, s’était tenu là, et un jour Il reviendrait.

Une foule se rassembla pour écouter, pas très nombreuse, mais suffisamment importante pour attirer l’attention des prêtres du Temple.

Simon Pierre savait, comme le Seigneur l’avait dit, qu’avant que le premier Temple ne soit incendié par Nabuchodonosor, Zacharias avait été sacrifié ici sur l’autel du parvis des prêtres (durant Yom Kippour) et c’est de cet endroit que Jérémie avait été saisi et jeté en prison après avoir prédit la chute de la ville – lui que le roi de Babylone avait fini par libérer. Et c’était là que Jésus avait prophétisé la destruction du Temple de Son Corps et le miracle de Sa Résurrection, ce que Pierre continua à prêcher, même quand il vit les gardiens du Temple qui s’approcher de lui.

Pierre parlait l’araméen, et non pas une langue étrangère, et cette fois ses auditeurs ne pensaient qu’il était ivre à midi, ainsi que d’autres l’avaient pensé le jour de la Pentecôte, et au lieu de parler de rêves ou de fumées ou de feu ou de sang sur la lune, il expliqua soigneusement – à partir d’Adam jusqu’à David- comment les prophètes d’Israel avaient annoncé Jésus.

Pour les Sadducéens, naturellement, la vérité sur Dieu était un blasphème.

Les auditeurs de Pierre entendent le bruit des pas des gardes avant qu’ils aperçoivent les hommes armés, et ils avaient déjà mis quelques distances entre eux et Pierre, écoutant encore, car Pierre n’avait pas encore cessé de prêcher, mais se conduisant comme des passants, aimant la discussion, bien que leurs yeux n’étaient guère pleins d’amour comme ils jetaient un regard sur le capitaine et les officiers de justice, qui eux même avaient un air sombre à l’idée d’arrêter encore ces fauteurs de troubles galiléens.

En dépit de son courage retrouvé et de cette intervention de l’ange, Pierre est effrayé. Au sujet du jeune Jean, se dit-il.

Pierre et Jean sont arrêtés, mais pas brutalement, car les officiers ont peur d’être pris à partie par la foule – plus encore que Pierre a peur de suivre le Seigneur sur la croix. Les gardes les mènent à travers la partie à ciel ouvert de la salle de la pierre polie, et dans le sanctuaire intérieur du Sanhedrin où les soixante dix juges et le Grand Prêtre attendaient.

L’opinion est nettement en faveur d’une justice rapide et mortelle. Ces partisans du soit-disant Messie méritent de suivre leur meneur directement sur le lieu du crâne. Et c’est certainement ce qui serait arrivé si Dieu n’avait pas pénétré l’âme du grand Gamaliel, un chef des Pharisiens, qui se leva rapidement pour conseiller vivement de la retenue. Cependant, il demande d’abord que les Chrétiens soient renvoyés de la salle de la pierre polie. Il n’y avait aucune raison de laisser les autres apercevoir un échange de regards inconsidéré entre lui et Simon, le pêcheur, car le rabbin Gamaliel s’est converti en secret, cachant son christianisme de façon à protéger ses nouveaux frères dans le Christ.

Gamaliel rassemble ses idées.

« Ecoutez » dit-il aux juges « il y a déjà eu des soit-disant prophètes, et une fois qu’on s’en était débarrassé, leurs adeptes ont rapidement disparu ». Il nomma Theudas et Judas le galiléen, dont les disciples se débandèrent et n’étaient plus rien.

Signes de tête affirmatifs. vous devez l’admettre, Gamaliel a un bon argument.

Et comme ii est dit dans le chant de Pâques, « Dayenu » : Cela en serait assez. assez de sang. N’en dite pas plus. mais vous devez admettre que Gamaliel est sage hardi.

« Considérez, mes frères » dit-il « si l’inspiration de ces hommes est d’origine humaine, elle va surement s’autodétruire. Par contre…. si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les détruire; vous pourrez même vous trouver en train d’attaquer Dieu Lui-même.

Et ainsi Pierre et Jean sont libérés, fouettés, flagellés mais pas crucifiés, et ils sont reconnaissants pour leurs souffrances.

Plus tard dans l’après-midi, le soleil étant bas dans le ciel, un des gardes du Temple qui les avait arrêtés doit cligner des yeux deux fois quand il voit Pierre et Jean de retour dans le Temple proclamant le Messie, Jésus. Un pharisien est proche et le garde, bouche béante, pointe les chrétiens. Le prêtre hausse les épaules, mais il s’approche du garde et murmure : « Ne vous inquiétez pas. Il seront oubliés dans deux semaines ».


Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/04/18/at-least-his-shadow/

Tableau : Reconstitution du Temple de Jerusalem par J.J. Tissot, c. 1890 [Brooklyn Museum].


Brad Miner est le rédacteur en chef de The Catholic Thing, collaborateur principal de la « Faith & Reason Institute », et membre du Conseil de « Aid to the Church in Need USA ». Il est un ancien Editeur Littéraire de National Review. Son livre, The Compleat Gentleman, est disponible en audio et comme application pour Iphone.