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En Grande-Bretagne, une nouvelle étape vient d’être franchie vers l’autorisation de créer des embryons humains à l’aide d’ovules d’animaux.

L’insistance avec laquelle les promoteurs des embryons-chimères brandissent la lutte contre la maladie d’Al-zheimer comme justification cacherait-t-elle un malaise ? L’autorité britannique pour la fertilité humaine vient de leur donner un accord «de principe» pour créer des embryons hybrides mêlant des composantes humaines et animales. La décision permettra à une commission spécialisée d’étudier prochainement les de-mandes de chercheurs de Londres et Newcastle. L’utili-tarisme britannique a montré sa propension aux transgressions éthiques et c’est logiquement que survient là cette première européenne à connotation fantasmatique.

En mai dernier, le gouvernement anglais a déjà présenté un projet de loi permettant «par transfert nucléaire» cette création d’embryons hybrides, mi-homme, mi-animal, qui attend le vote du Parlement. Craignant les monstres qui s’éveillent dans l’imagination des per-sonnes extérieures au monde de la re–cherche, les scientifiques qui promeuvent cette méthode tentent de rassurer l’opinion : il s’agirait de palier la difficulté d’obtention d’ovocytes féminins en les remplaçant par des ovocytes d’origine animale lors du clonage. Le noyau d’origine humaine inséré dans l’ovocyte énucléé d’origine animale n’aboutirait, du fait de l’ADN mitochondrial présent dans le cytoplasme de toute cellule, qu’à 1% d’ADN d’origine animale dans l’embryon. Mais quel sera le statut de ces hybrides ?

Cette question est oc-cultée : on s’interdit toute implantation dans l’utérus et promet la destruction des hybrides avant le quatorzième jour. Des précédents méconnus sont invoqués : pour vérifier la fertilité masculine, n’est-il pas déjà permis outre-Manche de féconder un ovule de hamster par du sperme humain ? La loi impose qu’on détruise l’entité éventuellement obtenue, dès sa première duplication cellulaire. En France, précise à l’AFP le professeur Frydman, ce sont des ovules de vipères qu’on utilise !

Cependant, même si, lors des toutes premières lois bio-éthiques, un amendement visionnaire de Christine Boutin avait tenté, en vain, d’interdire par avance toute création de chimères homme-animal (c’était au début des années 90, avant la brebis Dolly), le dispositif légal semble la proscrire implicitement, car il est interdit de créer in-vitro des embryons à des seules fins scientifiques.

Retour en Grande-Bretagne : le docteur Lyle Armstrong, de l’Université de Newcastle, s’y réjouit d’une étude montrant que la population britannique serait «à l’aise» avec la possibilité de fabriquer des embryons inter-espèces. Minimisant le côté «à première vue répugnant» de l’hybridation homme-animal, le médecin insiste sur la faible part d’ADN de vache qu’il entend utiliser et, surtout, sur la finalité de la manipulation : «mieux comprendre les cellules souches».

Du côté des défenseurs de la vie humaine, c’est donc un nouveau front, complexe, qui s’ouvre. Suspectant la tentation de décréter «sous-hommes» ou «humanoïdes» les êtres ainsi bricolés, les militants s’engagent déjà dans la défense du respect de la vie des hybrides, ne serait-ce que par précaution. Tout porte d’ailleurs à croire que le résultat des hybridations dé-séquilibrées qui s’annoncent sera humain.

Au début de l’été, le quotidien londonien Daily Télégraph évoquait une intervention des évêques catholiques d’Angleterre demandant qu’une femme puisse éventuellement porter un hybride jusqu’à son terme, et qu’il ne soit pas traité différemment d’un être humain, à partir du moment où ses gènes seraient majoritairement d’origine humaine.

Au Vatican, Mgr Sgreccia, président de l’Académie pontificale pour la vie, a condamné l’hybridation homme-animal au nom de la dignité humaine, estimant que l’homme peut faire face autrement aux exigences de la recherche sur les plus graves maladies.

Certaines espèces sont capables de s’interféconder à l’état naturel (le mulet est un hybride âne-jument). Pour combien de temps les chi-mères homme-animal relèveront-elles de la mythologie ? L’effacement de la frontière homme-animal dans l’embryologie entretiendrait l’illusion que la dignité humaine n’est pas supérieure à celle des «autres espèces». Chimère !

Tugdual DERVILLE

Retrouvez la chronique de Tugdual Derville, chaque semaine sur Radio Espérance

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